Temps de lecture 3 minutesAndrej Kramaric comme symbole des Bad Blue Boys

Aujourd’hui, Andrej Kramaric est le meilleur joueur évoluant dans le championnat croate que l’on ait pu voir depuis Eduardo et Luka Modric. Il a déjà marqué 24 bus cette saison alors que la moitié de celle-ci n’est même pas écoulée. L’attaquant de 23 ans est en grande forme avec son club de Rijeka. Pourtant, il s’est douloureusement fait jeter de son club de toujours, le Dinamo Zagreb, il y a 2 ans de cela. Une victime de plus de la gestion désastreuse du Dinamo.

Il y a 1 mois, la page facebook « Zajedno za Dinamo » (Ensemble pour le Dinamo, fondé par les Bad Blue Boys, groupe de supporters) a suscité un vif intêret dans la soirée du jeudi, soir de match d’Europa League contre Salzbourg. Cependant, pas un mot au sujet de celui-ci comme on aurait pu l’envisager en temps normal sur une communauté de club de football. Les seuls mots prononcés l’ont été à propos du match de futsal entre le club créé par les supporters du Dinamo et le MNK Petrinjčice, remporté 3 – 1 par les bleus. Mais à vrai dire, c’est surtout l’autre publication qui a alimenté la publication sur le site.

On voyait une vieille photo d’Andrej Kramaric vêtu d’un maillot bleu accompagnée du titre de l’article de Jutarnji List « Avenir des bleus : Kramaric a déjà inscrit plus de 450 buts pour le Dinamo ! ». L’administrateur de la page facebook a rajouté : « Il était censé être notre avenir mais on l’a prié de plier bagages et maintenant Krama marque ailleurs ! Bravo Krama ! ». Les « like », « share » et autres « comment » se sont alors empilés en dessous de la publication.

L’illustration et le titre ont été empruntés à Jutarnji qui les avait publiés fin Juin 2009, à l’heure de la reprise de la pré-saison. L’adolescent de 18 ans imberbe et boutonneux arrive tout juste à l’âge adulte dans le groupe du Dinamo et se retrouve déjà célébré par les journalistes, les coéquipiers et le staff. Dans un court article, il est indiqué que Kramaric a marqué un nombre de buts record dans les équipes de jeunes du Dinamo qu’il fréquente depuis l’âge de 6 ans, avant même de débuter l’école. Il faut dire que le garçon habitait à quelques stations de l’arrêt de tramway du stade…

Il était censé être l’avenir du Dinamo. Pourtant, Kramaric, n’a jamais eu une réelle chance de s’imposer à Maksimir. Après une bonne première saison (11 buts en 29 matchs), son prêt au Lokomotiva (club filiale du Dinamo) fut ponctué de 15 buts en championnat et 9 passes décisives. A son retour dans la maison bleue, il fut prié de naviguer entre la réserve et le banc des remplaçants. Beaucoup de joueurs bien moins talentueux ont eu plus d’occasions de prouver leur valeur que lui (Duje Cop, Ante Rukavina et Fatos Beqiraj récemment, comme Sivonjic, Dodo ou Papadopoulos lors des débuts de Kramaric en 2009). Quand il s’est plaint de son statut en revenant de son prêt fructueux, il fut directement placé sur la liste des transferts. A ce moment là, Rijeka l’a récupéré et Matjaz Kek, l’entraîneur, a su mettre en exergue son énorme talent qui lui a fait marquer de nombreux buts tout en jouant merveilleusement bien sur tout le front de l’attaque, ce qui fait de lui un attaquant complet.


Lire aussi : La renaissance spectaculaire du HNK Rijeka


Alors, ces visiteurs de la page « Zajedno za Dinamo », principalement fans du Dinamo, likent-il simplement le fait que Kramaric ait pu développer ses qualités à Rijeka ?

Bien sur que non. Dans des circonstances normales, les fans iraient dans le sens contraire de leurs rivaux (bien que Rijeka ne soit pas vraiment un rival du Dinamo, et ne le sera probablement jamais) et montreraient de l’animosité. Mais personne ne critique le passage d’Andrej à Rijeka, car ils savent qu’il a été expulsé du club. De plus, les fans du Dinamo s’identifient à lui. Il est un héros, simplement parce qu’il a fui la mafia qui enserre son club. Dès l’âge de la maternelle,  son père l’a emmené au stade et il s’est mis naturellement à encourager ses couleurs. Maintenant, il se retrouve rejeté de son foyer comme de nombreuses légendes avant lui (Zlatko ‘Cico’ Kranjcar, Ciro Blazevic ou Velimir ‘Zeko’ Zajec qui s’est fait virer comme un malpropre en 2010, ce qui a décidé les BBB à entamer un boycott complet du club).

Le Dinamo a aussi chassé au fil des ans des milliers de fans ordinaires n’ayant rien à voir avec les Bad Blue Boys – des personnes qui ne pouvaient plus supporter les violences des fouilles à l’entrée du stade et les autres abus. Le régime mis en place est digne d’un camp de concentration dans les tribunes, avec une atmosphère sombre et négative, les incessantes déceptions et humiliations sur le terrain, les sorties publiques vulgaires de l’équipe dirigeante, une galerie d’entraîneurs incompétents et des renforts nébuleux qui arrivent au club…

Dans le même temps, le Dinamo crie à travers toute la ville qu’il a besoin du soutien des fans pour le « match de la saison » contre Salzbourg. La présidence du Dinamo aimerait probablement de meilleurs fans, différents de ceux qui les insultent et font signer 50.000 personnes pour une pétition contre eux. Nous pouvons supposer que le club vise la classe moyenne, les familles avec enfants, les touristes… Mais Zagreb n’est pas Londres, le Dinamo n’est pas Arsenal et Maksimir n’est pas l’Emirates. Le Dinamo n’a pas de « meilleurs » fans comme il n’y a pas de meilleurs joueurs que Kramaric dans le championnat croate.

Damien Goulagovitch

1 Comment

  1. Pingback: Chez les Mamic, un charlatan peut en cacher un autre - Footballski - Le football de l'est

Leave A Comment

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.