Footballski vous propose de découvrir une nouvelle rubrique avec « Ma vie à l’Est. » Le principe est simple : rentrer dans la vie d’un joueur de football tout le long de sa saison et lui laisser carte blanche afin qu’il puisse s’expliquer sur tous les sujets qui peuvent l’intéresser ; du football en passant par la musique, la nourriture, vous saurez tout d’eux. Pour lancer la rubrique, nous avons décidé de choisir Mathias Coureur, ancien joueur du Cherno More Varna, du Dinamo Tbilissi et désormais du Lokomotiv Gorna Oryahovitsa. En effet, ce dernier s’est engagé il y a de cela quelques jours au Kazakhstan, pour revêtir le maillot du Kaisar Kyzylorda. C’est dire si les aventures du Martiniquais à l’Est sont riches, des aventures à découvrir à travers ses écrits.


Nouvel épisode et nouveau transfert, le troisième de la saison. Autant le dire tout de suite, la vie d’un footballeur n’est pas toujours prévisible dans le temps et cette succession de mouvements entre Géorgie, Bulgarie et Kazakhstan le montre bien. Mais c’est ainsi qu’est rythmée ma vie, et cela me convient plutôt bien. Évidemment, lors de mon départ de Varna, j’avais pour but de m’installer confortablement, sur le long terme, dans un club en Europe de l’Est. Si cela ne s’est pas fait comme je le voulais, j’ai au moins eu le plaisir de découvrir de nouvelles choses, de nouvelles villes et de nouveaux pays, dont prochainement le Kazakhstan. Un départ attendu et connu des dirigeants du Lokomotiv Gorna Oryahovista, mon désormais ex-club, ces derniers m’ayant accordé une clause contractuelle pour pouvoir repartir durant ce mercato hivernal si une bonne offre se présentait à moi. Une clause qui leur permet également de pouvoir rembourser tous les salaires que j’y ai perçus, avec un petit bonus en prime. En clair, tout le monde est content, tout le monde est gagnant et tout le monde se quitte en bons termes.

De plus, avec quelques passes décisives et trois buts en dix matchs, mon bilan sur le plan personnel n’est pas si mauvais, mais je sais aussi que j’aurais peut-être pu faire un peu mieux et je m’en excuse auprès des supporters et dirigeants. Si j’avais su concrétiser bon nombre d’occasions qui s’offraient à moi, devant le but, je pense très sincèrement que le bilan comptable du club serait encore un peu plus positif.

Mais avant de revenir sur ce transfert, j’ai aussi eu le plaisir de quitter le froid de l’Est pour partir me ressourcer l’espace de quelques jours en Afrique, et plus précisément en Tanzanie. Une première pour moi en terre africaine qui m’a véritablement chamboulé. Les sourires des enfants africains, l’accueil chaleureux de tout un village et l’esprit de partage ne sont définitivement pas des mythes. Bien que la vie soit difficile pour la plupart de ces personnes, j’ai rarement eu l’occasion de voir une telle joie de vivre. Se balader en Tanzanie nous transporte loin, que ce soit à travers la nature, les plages et la chaleur, ou par la misère humaine, les difficultés que rencontrent ces gens, les maladies et tout ce qui va avec. Venir ici, c’est comprendre le privilège que nous tous, Européens, avons. Comprendre que même si, comme moi, on peut venir d’une cité, venir d’un quartier défavorisé où les enfants peuvent parfois galérer, on reste des hommes privilégiés, loin de cette misère humaine, du manque d’eau, du manque de soins ou encore du manque de considération de bon nombre de pays développés. Si vous avez l’occasion de vous rendre en Tanzanie, n’hésitez pas.

De même, cette tribune me permet également de vous parler d’un projet faisant le lien avec ce voyage dont je n’ai pas souvent l’occasion de parler dans mes différentes interviews. Depuis quelques années, je suis parrain et membre de l’association humanitaire Umma’Nité qui a pour but d’aider les personnes dans le besoin, qu’elles soient en France ou dans le monde, et notamment en Afrique. Cette association a vu le jour en 2011 avec quelques amis de mon quartier d’enfance. L’association aide ces derniers jours les personnes sans domicile fixe à travers de nombreuses maraudes ; de même, Umma’Nité s’est rendue au Mali, à la fin de l’année 2016, afin d’y construire des puits qui ont permis à des centaines de personnes, vivant en milieu aride, d’accéder à un point d’eau potable.

Si jamais vous le désirez, vous pouvez soutenir ces projets en faisant un don à l’association, et ce qu’importe le montant, ou encore en offrant des dons matériels ou alimentaires dans le cadre d’opérations spécifiques, ou enfin en participant à nos événements afin d’aider sur le terrain les personnes dans le besoin. Toute aide reste la bienvenue.

© Umma’Nité / @Ummanite

Après ce voyage en Tanzanie, voilà l’heure de signer mon contrat, le début d’un nouveau périple. Avant de m’envoler pour la Turquie et signer ce contrat pour le Kaisar, mon agent se voit recevoir trois propositions pouvant m’emmener un peu partout dans le monde. La première vient donc du Kazakhstan et du Kaisar, un club avec qui les négociations étaient déjà entamées avant la fin de l’année 2016 ; mais également un club turc et enfin un club sud-coréen, Gwangju où joue un certain Olivier Bonnes, qui n’est autre que mon meilleur ami dans le monde du football.

Je connais Olivier depuis Nantes, un club pour lequel il porte une affection démesurée. Un mec au parcours finalement assez similaire au mien et qui est aujourd’hui devenu l’homme fort de ce club sud-coréen.

Malgré tout, mon choix s’est porté sur le Kaisar ; plus ambitieux, mais surtout, à mon goût, bien plus motivé pour me recruter. Si je quitte la Bulgarie, cette dernière reste malgré tout toujours aussi proche de moi.

En effet, si ce transfert s’est réalisé, c’est en particulier grâce au grand Stoycho Mladenov, légende du CSKA Sofia et du football bulgare, ancien entraîneur du CSKA Sofia ou encore de la sélection bulgare et actuellement sur le banc du club kazakh. C’est lui qui m’a demandé de venir et qui a fait le forcing pour que le club puisse me recruter. Une attention particulière qui pour tout joueur de football est importante, flatteuse et nous place dans les meilleures conditions possibles.

On discute, le transfert se boucle et je décolle de Paris direction la Turquie afin de parapher mon contrat et m’entraîner avec le groupe durant ce stage de préparation hivernal. Un voyage qui va alors durer plus longtemps que prévu…

Nous sommes le week-end du 7 janvier, la capitale turque connaît de fortes perturbations liées à la neige, qui ne cesse de tomber. Premier vol annulé, rien de bien méchant. Je reporte donc ce dernier de quelques jours, prévenant le club, qui me demande d’être là avant mercredi 11, au plus tard ; sinon pas de transfert.

Mardi 10, jour de mon vol de remplacement à une petite journée de la deadline. Histoire de bien faire les choses, celui-ci est retardé de trois heures. Trois heures de retard qui me font également louper mon autre vol de cette journée, devant avoir lieu mardi soir, pour Antalya.

Malgré tout, mes pieds touchent le sol turc ce mardi, tandis qu’un nouveau vol direction Antalya est prévu dans la nuit du mardi au mercredi, à 2h40. Et vous savez quoi ? Voilà que l’on m’annonce qu’il est lui aussi annulé. Il ne me reste donc plus que quelques heures pour arriver à bon port et finaliser ce transfert qui semble alors interminable.

Mon prochain vol direction Antalya est alors prévu durant ce fameux mercredi, à 19h. Un vol que je ne verrai jamais, étant donné que, pour bien faire les choses, ce dernier se trouve une nouvelle fois annulé. Ou quand le destin veut te faire comprendre que ce transfert n’est peut-être pas le bon. Malgré tout, la délivrance arrive dans la nuit du mercredi au jeudi, avec un vol à 2h40 du matin, qui se voit être retardé d’un peu plus d’une heure (une broutille, à ce niveau-là), mais qui me permet tout de même d’arriver -enfin- à Antalya.

Après ce trajet interminable qui aura duré plusieurs jours au lieu des quelques heures habituelles, voilà que l’on me demande de m’entraîner avec le groupe tôt le matin. Si mes désormais nouveaux coéquipiers et autres spectateurs n’avaient jamais eu l’occasion de voir un zombie sur un terrain de football, cet entrainement était l’occasion pour eux de découvrir ce rôle de composition que j’ai su remplir à merveille.

Enfin, histoire de clore ce transfert en beauté, l’imprimante qui devait sortir les quelques papiers servant à parapher mon futur contrat a également décidé de faire des siennes pendant un peu plus d’une heure. Je sens que je ne suis pas au bout de mes surprises ! En espérant qu’elles soient bonnes.

Vous pouvez retrouver l’association Umma’Nité à travers son site internet et sa page Facebook.

Mathias Coureur / Tous propos recueillis et retranscrits par Pierre Vuillemot

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