Temps de lecture 5 minutes#3 La préparation de la Sbornaïa : Russie vs. Iran

Footballski vous propose de suivre à travers de nouvelles chroniques « La Russie prépare son Mondial », la série préparatif de la Sbornaya ! Troisième épisode qui préface le match contre l’Iran, les liens entre les deux pays et l’historique de leurs confrontations.


Le suivi de la préparation russe se poursuit sur Football avec cet épisode #3 qui va traiter de l’avant-match de Russie – Iran. Cette rencontre sera disputée à Kazan ce mardi 10 octobre. Après la victoire contre la Corée du Sud où la Russie avait bénéficié des errements défensifs de l’adversaire tout en voyant son secteur défensif mis à l’épreuve, la Sbornaïa va pouvoir enchaîner avec une équipe de profil plus solide et défensif tout en gardant de bons atouts offensifs.

Historique des rencontres

La grande majorité des rencontres entre la Russie et l’Iran ont eu lieu durant la période soviétique quand la Russie n’était pas la Russie, mais faisait partie de l’Union soviétique. Un total de douze rencontres ont été jouées entre les deux nations entre 1969 et 1985, soit un intervalle qui correspond à l’avènement de la sélection iranienne sur la scène continentale (trois titres de champions d’Asie obtenus en 1968, 1972 et 1976) puis mondiale (une qualification en 1978). Pendant ce temps-là, l’URSS connaissait son apogée dans les années 60 avec un titre de champion d’Europe en 1960, deux finales en 1964 et 1972, ainsi qu’une demie en 1968, et une demi-finale de Coupe du Monde atteinte en 1966. Huit de ces rencontres ont été remportées par l’URSS contre deux gagnées par l’Iran. Deux autres ont accouché d’un match nul.

Après la chute de l’Union soviétique, il a fallu attendre 2011 pour revoir une rencontre entre la Russie (officiellement considérée comme la descendante légitime des performances soviétiques par la FIFA) et l’Iran. C’était l’époque de la Russie de Dick Advocaat, celle qui avait préservé le jeu offensif flamboyant de Guus Hiddink et la plupart des individualités de l’Euro 2008, mais qui devait se remettre de l’échec marquant des barrages du Mondial 2010. De l’autre côté, l’Iran était dirigé par Ali Reza Mansourian qui assurait l’intérim après l’élimination de l’Iran par la Corée du Sud dès les quarts de finale de la Coupe d’Asie 2011 à la suite de laquelle l’entraîneur Afshin Ghotbi s’en était allé. Le 9 février 2011, la Russie s’est inclinée face à l’Iran à Abou Dhabi sur un but en seconde mi-temps de Mohammad Reza Khalatbari (0-1). Après ce revers, la Russie va rester invaincue seize matchs, se qualifier pour l’Euro 2012, écraser l’Italie en préparation (3-0) puis la République tchèque en ouverture (4-1) avec une équipe rappelant l’Euro 2008. Elle cédera prématurément dès le troisième match contre la Grèce ce qui ne manquera pas de faire réagir (0-1).

Parcours qualificatif

Au contraire de beaucoup de ses concurrents asiatiques, l’Iran est resté très stable par rapport à la sélection qui avait brillé (au moins sur le terrain) lors de la Coupe du Monde 2014. Malgré une élimination accidentelle en quart de finale de la Coupe d’Asie 2015, la Tim Melli sera bien à Russie 2018, confirmant sa régularité exemplaire. Elle sera le meilleur espoir asiatique en Coupe du Monde devant le Japon et la Corée du Sud, deux équipes en manque cruel de stabilité.

Comme la Corée du Sud, l’Iran a commencé son parcours qualificatif en juin 2015 avec l’entraîneur portugais Carlos Queiros. Après un départ annoncé pour un désaccord avec la fédération, il a finalement poursuivi son contrat avec la Tim Melli. Tenu en échec par le Turkménistan au premier match et plus tard par Oman, ces deux faux-pas n’empêchèrent pas l’Iran de franchir aisément le deuxième tour qualificatif, à défaut d’avoir brillé, mais en étant resté solide.

Au troisième tour préliminaire, l’Iran a été versé dans un groupe très semblable à celui des préliminaires au Mondial 2014 avec la Corée du Sud et l’Ouzbékistan. Profitant des nombreux problèmes de toutes les sélections de son groupe, l’Iran, malgré quelques résultats vierges, parvient à garder ses cages inviolées et à devenir la deuxième équipe qualifiée pour la Coupe du Monde en battant l’Ouzbékistan (2-0) et en prenant de vitesse une Corée du Sud en difficulté. Elle encaisse deux buts lors du match final sans enjeu (pour lui) face à la Syrie (2-2).

L’Iran a remporté face au Togo sans trembler son premier match de préparation (2-0).

Transferts et joueurs iraniens en Russie

En 2017, tous les observateurs du championnat russe connaissent un voire plusieurs Iraniens évoluant en Russie.

N’importe quel suiveur du championnat russe connaît au minimum le nom de Sardar Azmoun, arrivé au Rubin Kazan en 2013 où il s’est imposé et a acquis une belle réputation. Déjà très important au Rubin lors des saisons 2013-2014 (qui voit l’ère Berdyev prendre fin) et 2014-2015 (qui voit une remontée éclair éphémère du Rubin), il s’épanouit complètement au FK Rostov où il retrouve son ancien mentor turkmène qu’il rejoint au milieu de la saison 2014-2015 et avec lequel il brille lors des saisons 2015-2016 et 2016-2017. Il fait alors partie de l’équipe qui atomise l’Ajax Amsterdam et bat le Bayern Munich. Toutefois, depuis son retour au Rubin Kazan cette année (où Kurban Berdyev est aussi revenu), il peine à retrouver les filets.

Marchant sur les traces d’Azmoun, deux autres Iraniens se sont expatriés en Russie en 2015 et 2016. En 2015, Saeid Ezatolahi arrive au FK Rostov où il marque un but en onze apparitions. Il est ensuite prêté successivement à l’Anji Makhatchkala en deuxième moitié 2016-2017 avant de rejoindre l’Amkar Perm où il est actuellement en contrat. L’autre joueur arrivé est Milad Mohammadi qui a signé au Terek Grozny début 2016. Il dispute trois rencontres de RPL en fin de saison 2015-2016 avant de devenir un titulaire essentiel du Terek en 2016-2017 avec 25 matchs disputés, deux buts marqués et quatre passes décisives. Depuis que le Terek est devenu l’Akhmat Grozny, Mohammadi poursuit sur sa lancée et totalise neuf titularisations pour un but.

De façon beaucoup plus discrète, le gardien international Alireza Haghighi a fait un passage très rapide au Rubin Kazan. Il est le premier Iranien à avoir débarqué en 2012, mais il ne joue aucun match. Prêté successivement à Persépolis, au Sporting Covilha et à Penafiel, il ne revient à Kazan en 2015-2016 où il ne joue qu’une seul malheureux petit match de Coupe. Son passage en Russie sera passé inaperçu.

À l’inverse, un Russe a évolué dans le championnat iranien. C’était de 1994 à 1995 quand Sergey Ponomarev était passé au Zob Ahan.

Les forces en présence

Pour la sélection russe, la liste reste identique à celle contre la Corée du Sud.

Pour l’Iran, les joueurs qui ont participé à la qualification iranienne ont été appelés (à l’exception de Pejman Montazeri, blessé, de Masoud Shojaei du Panionos sur le déclin, et de quelques autres moins importants). Pas de grand joueur laissé volontairement à la maison, pas d’autres blessés de marque, cette équipe d’Iran a emmené avec elle ses meilleurs éléments. Les trois internationaux évoluant en RPL sont présents : Azmoun (mais sa baisse de forme pourrait potentiellement être prise en compte), Ezatolahi et Mohammadi. Mais l’atout premier de l’Iran repose en l’entraîneur expérimenté qu’est Carlos Queiros. Les participations iraniennes à la Coupe du Monde 2014 puis à celle qui va venir en 2018 lui sont attribuées, ainsi que le bon niveau général de la sélection actuelle bien que le championnat local ne soit pas d’un aussi bon niveau que ceux de l’Est de l’Asie.

Prédiction des XI :

XI Russie : Akinfeev – Samedov, Dzhikiya, Vasin, Granat, Kudryashov – Erokhin, Kuzyaev, Zhirkov – Smolov, Kokorin
XI Iran : Beiranvand – Hosseini, Pouraliganji, Razaeian, Mohammadi – Amiri, Dejagah, Ezatohali – Jahanbakhsh, Ghoochannejhad, Hajsafi

(NB : Difficile d’estimer ce que va choisir Cherchersov après une rencontre comme celle contre la Corée du Sud. Considérez ces prédictions avec précaution.)

Ce que l’on peut espérer

Le secteur offensif de la Russie sera plus sérieusement mis à l’épreuve que contre la Corée du Sud, l’Iran ayant démontré une réelle solidité défensive que quasiment aucune équipe n’a réussi à percer en Asie. Les choix de Cherchesov auront plus d’impact sur le match et sur sa physionomie.

Pour autant, cela ne signifie pas que l’Iran doit être considéré comme l’« équipe posant le bus ». Au contraire, lors des éliminatoires, l’Iran a bénéficié d’une cohésion solide entre ses joueurs les plus connus et ceux moins connus qui a fait toute la différence par rapport à ses concurrents. La Tim Melli sait ainsi exploiter son ballon sans rester bloqué ou amorphe..

Contrairement au match précédent, les joueurs intégrant la défense centrale iranienne sont relativement grands. Ils ont ainsi un bon impact physique et une certaine maîtrise aérienne, mais ils sont un peu moins à l’aise face à des joueurs vifs. Des équipes comme la Corée du Sud ont pêché par manque de vitesse d’exécution lors des éliminatoires. Passer par l’axe, utiliser un jeu de passes simples et être rapide dans les actions semble être la meilleure méthode. Les coups de pied arrêtés auront aussi leur importance.

Philippe Ray


Image à la une : © Ramil Sitdikov/Sputnik via AFP Photos

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