Au Kazakhstan, fini le système en play off/play down, le tournoi 2017 prend une forme régulière, chaque équipe affrontant ses rivales trois fois. Et ce format a plutôt bien marché, le suspens étant resté jusqu’au bout du championnat tant pour le titre que pour le maintien. Et finalement, le championnat s’est révélé assez homogène (mis à part le top 3). La preuve, Karaganda était dernier en milieu de saison, mais pouvait postuler à une place européenne à deux matchs de la fin. Immersion dans le football kazakh 2017, avec des clubs historiques en faillite, d’autres qui marquent l’histoire et toujours aussi peu de garanties financières.

1er – Astana : 79 points

Le club de football va bientôt être autant connu que l’équipe de cyclisme. 4ème titre de suite pour le club de la capitale et une qualification en 16èmes de finale de la Ligue Europa pour la première fois de l’histoire du football kazakh. L’histoire est bien en marche. Et il faut garder à l’esprit que le fair-play financier a considérablement réduit la marge de manœuvre d’Astana sur le marché des transferts en raison des restrictions imposées. Pour autant, le club continue de bien travailler et son recrutement n’est jamais raté.

Nemanja Maksimovic et Roger Cañas partis, peu de monde pensait qu’Astana serait capable de continuer sur la même lancée. Et pourtant, Ivan Maewski arrivé de l’Anzhi a tenu la baraque au milieu. Moins talentueux, il a pourtant constitué l’épine dorsale de l’équipe. Srdjan Grahovac arrivé du Rapid Vienne est aussi à créditer d’une bonne saison, bien qu’il n’ait pas encore montré tout son potentiel. On a moins vu la combativité de Laszlo Kleinheisler (Werder Brême), malheureusement rapidement mis sur la touche en raison d’une blessure mais très actif lors des qualifications en Coupe d’Europe. Le seul qui a déçu a été Azdren Llullaku, envoyé se relancer à Tobol l’été venu. On aurait aussi pu citer Marin Tomasov dans une moindre mesure, malgré quelques gestes exceptionnels.

Mais l’homme fort d’Astana reste le même, année après années. Il s’agit bien sûr de l’entraîneur Stanimir Stoilov qui a toujours su trouver des solutions, mettre les joueurs à l’aise dans un système adapté et une cohésion d’équipe jamais démentie. Les spécialistes ont beau essayer de trouver, il est difficile de critiquer les choix de Stoilov depuis qu’il a été embauché, il y a trois ans et demi de cela, tellement ses erreurs sont rares. Le seul hic de la saison est à chercher du côté d’Almaty quand le Kairat a battu 3-0 un Astana sans âme, sans que cela ait une grande conséquence. Pour le reste, tout a été géré à merveille, à l’image d’un turnover qui a parfaitement fonctionné pour jouer sur les deux tableaux.

La tâche en championnat étant vite acquittée, il restait la Coupe d’Europe. Dans un groupe homogène, Astana semblait avoir perdu toute chance après avoir récolté un point en deux matchs, dont le nul à domicile contre le Slavia. Mais les deux victoires contre le Maccabi et la dernière à Prague ont validé une qualification surprise et surtout historique. Ce qui pourrait pousser Kabananga et les joueurs majeurs à rester un peu plus sur les rives de l’Ichim. Pas Stanimir Soilov, dont le contrat qui arrivait à expiration n’a pas été renouvelé, à la surprise générale. Les raisons ne sont pas sorties, bien que Stoilov ait dit dans la presse bulgare : « Même quand les gens crachent sur moi, je fais comme s’il ne pleuvait pas. » On ne sait pas exactement à qui cela était destiné, mais la phrase semble alarmante. Il est encore trop tôt pour tirer des conclusions (et il peut encore il y avoir un retournement de situation). Alors, comme tous les fans de football au Kazakhstan, on va suivre assidûment le feuilleton de l’hiver, en espérant qu’une solution soit trouvée pour représenter le pays dignement en 16èmes de finale d’Europa League.

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2e – Kairat Almaty : 78 points

La saison 2017 du Kairat Almaty ne peut pas être considérée comme réussie. Oui, l’équipe de la capitale du sud a pris la deuxième place du championnat et a gagné 2 trophées (Coupe, Supercoupe). Mais ce qui comblerait tout club de football kazakh ne comble pas le Kairat, qui a encore échoué dans sa quête du championnat. Le problème est à chercher au début de saison : sur les 12 premiers matchs, le Kairat n’a remporté que 4 victoires, le plaçant en quasi crise. Les 21 autres matchs ont beau être concluants avec 19 victoires et 2 nuls, Astana avait engrangé en début de saison et a pu gérer son avance. Le coach Tskhadadze, comme Vladimir Weiss avant lui, a perdu face au stratège d’Astana, Stoilov, en raison du mauvais début de saison. Cela lui a même été fatal puisque Carlos Alos l’a (brillamment) remplacé.  Les blessures sont une raison importante de la méforme du début de saison mais elle peut aussi être imputée à la préparation d’avant saison menée par le coach géorgien et son staff.

Pourtant, l’équipe a réussi de temps en temps à jouer de brillants matchs, comme lors de la victoire contre Astana (3-0), montrant toute l’étendue de son talent. Gerard Gohou a marqué ses buts (24), Isael a délivré ses caviars (15 passes décisives) et Islamkhan a excellé (11 buts, 10 passes décisives). Mais malgré les individualités, ce n’était pas suffisant. La Coupe d’Europe n’a pas été brillante non plus puisque le Kairat a été sorti par Skënderbeu dès le deuxième tour, un club qui a pourtant un budget très largement inférieur à celui des Kazakhs… Une année de plus, on reste donc sur notre faim avec l’équipe d’Almaty. Les temps pourraient-ils changer avec le technicien espagnol Alos ? En tout cas, il a fait un quasi sans-faute depuis qu’il a repris les rênes de l’équipe. On attend la suite qui sera sans le super buteur Gohou.

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3e – Ordabasy Shymkent : 58 points

Ordabasy vient de finir la meilleure saison de son histoire ! Pour la première fois sous ce nom (SKIF, Arsenal et Zhiger – tous de Shymkent – avaient déjà atteint cet objectif, mais il s’agit de clubs différents), les Sudistes ont terminé sur le podium du championnat. 20 points derrière le Kairat et 10 points devant l’Irtysh, Ordabasy a vécu une saison un peu seul au monde mais pas moins exceptionnelle.

Cependant, tout le positif a été troublé par deux grosses tuiles. La première est l’élimination prématurée en Europa League par un club (Siroki Brijeg, Bosnie) au budget (très) largement inférieur. Le deuxième est la nouvelle tombée au sujet des dettes du club contraignant à ne plus verser les salaires sur la fin du championnat. Assez étrange quand on sait qu’Ordabasy est l’un des clubs les plus stables du pays au niveau financier. Les patrons du club sont allés voir la mairie une fois la troisième place assurée, demandant plus de fonds au vu des succès sportifs. La démarche a visiblement été bien reçue puisque les joueurs ont annoncé avoir reçu les retards de paiement mais on est toujours en droit de se poser quelques questions sur la suite.

Quoi qu’il en soit, Ordabasy a bien obtenu la dernière place du podium en conservant pratiquement toute l’ossature de l’année dernière, agrémentée de quelques subtiles retouches. Cependant, il y a fort à parier que l’équipe ne soit plus du tout la même à la reprise 2018. Dans les rangs de l’équipe, nombreux sont les joueurs âgés qui pourraient prendre leur retraite ou baisser de niveau. Un rajeunissement de l’effectif semble primordial pour Shymkent mais il ne fait aucun doute que l’année prochaine Ordabasy sera à nouveau l’un des principaux prétendants pour le podium. Et espérons surtout que 2018 soit enfin l’année d’un parcours européen honorable après avoir accumulé les revers lors des précédentes saisons… Shymkent est la troisième ville du Kazakhstan, une ville de football et doit devenir un moteur du football kazakh.

4e – Irtysh Pavlodar : 48 points

L’Irtysh Pavlodar sort d’une saison étrange. Et si le club a reculé d’une place au classement par rapport à l’an dernier, il gagne à nouveau un ticket pour la Coupe d’Europe, où il a fait très bonne figure en 2017, ne perdant qu’au match retour contre l’Etoile Rouge, malheureusement synonyme d’élimination. Autre motif de satisfaction, le club semble avoir enfin réglé ses problèmes financiers. Mais il a perdu son entraîneur fétiche, Dimitar Dimitrov… Depuis son arrivée au club en 2015, Dimitrov a connu une véritable success story, jusqu’à être nommé citoyen d’honneur de Pavlodar. Mais à l’été, il a préféré rejoindre les sirènes de Ludogorets, laissant l’Irtysh dans une bien meilleure posture qu’il ne l’avait prise en 2015. Avec un classement intéressant bien sûr, mais surtout un style de jeu chatoyant qui a su ramener le public de Pavlodar au stade.


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Après la démission de Dimitrov, c’est Vyacheslav Grozny qui reprend l’équipe. Le style change un peu avec quasiment les mêmes joueurs sur le terrain, sauf les deux Serbes Stefan Zivkovic et Mario Maslac. Deux victoires dans les deux dernières journées offrent une place européenne à l’Irtysh, un point devant Tobol. Malgré cela, le contrat de Vyacheslav Grozny n’est pas prolongé. Rentré en Ukraine pour les vacances (novembre et décembre ne sont pas payés), celui-ci apprend cette information via les médias et considère toujours à l’heure actuelle être le coach et revenir au printemps. Le président, lui, affirme avoir contacté Mourinho et Capello pour prendre le poste. Et pendant ce temps, l’ex-coach du Spartak Moscou, Valeri Karpin, est à Pavlodar pour négocier avec le gouverneur… Une nouvelle ère attend le club de Pavlodar. Reste à savoir de quelle nature elle sera.

5e – Tobol Kostanay : 47 points

Après quatre septième place consécutives (2013, 2014, 2015, 2016), Tobol a gagné deux rangs cette saison ! Mais vu les ambitions de la région, ce n’est toujours pas assez. La septième place de 2016 avait été vécue comme un véritable camouflet. Et la non-qualification pour la Ligue Europa 2017-2018 l’est tout autant. Une grosse déception pour un club connu pour offrir de gros contrats.

Tobol a vite vu qu’il n’allait pas arriver à atteindre les sommets demandés, une fois de plus. Après avoir accumulé des matchs nuls insipides, l’entraîneur a été renvoyé. Le président est lui aussi parti en démissionnant. Mais les changements n’ont pas eu les effets escomptés. Le mercato d’été a été effectué sans le nouvel entraîneur et n’a clairement pas été réalisé de la meilleure des façons. Trois joueurs sont notamment arrivés en prêt d’Astana où ils étaient en échec et n’ont pas pu emmener Tobol à la place désirée. C’est finalement l’Irtysh qui jouera l’Europe. Tobol risque de finir par voir ses grandes ambitions freinées à force de décevoir…

6e – Kaisar Kyzylorda : 42 points

Descendre pour revenir plus fort : pari réussi pour le Kaisar ! Tout juste promu, le club s’avançait plutôt confiant pour cette saison sous la direction du coach bulgare Stoycho Mladenov. Les Loups ont passé toute la saison au chaud dans le milieu de tableau, sans jamais se faire vraiment peur. Pour atteindre leur but, les dirigeants avaient du pain sur la planche pendant le mercato hivernal. Leur tâche de créer une équipe compétitive et prête dès la reprise a permis à Mladenov de rapidement faire passer ses idées. Ce que le Bulgare a plutôt bien fait, maintenant la hype des coachs bulgares dans le championnat kazakh (Dimitrov, Stoilov). Avec énormément de nouveaux joueurs, le Kaisar débutait sa saison en trombe, ne perdant qu’à la 6ème journée contre Shymkent. Avec ces succès, les supporters de Kyzylorda ont demandé à l’équipe de se battre pour le titre, sans comparer la différence de budget qu’il y avait avec Kairat et Astana.

Absolument certains de pouvoir rivaliser avec les meilleurs, les fans ont commencé à râler avec le début des défaites. Très vite, il a fallu comprendre que pour un promu, se stabiliser en milieu de tableau est déjà une belle affaire. Un petit passage à vide a fait passer le Kaisar à la 7ème place mais une fin de saison aussi canon que le début (4 victoires et 1 nul lors des 6 derniers matchs) est venu remettre Kyzylorda à sa place. En position d’outsider, place qu’il avait perdu depuis quelques années. Qui plus est, l’épine dorsale a été conservée, via la prolongation de certains éléments dont le contrat arrivait à expiration.

© Kaisar Kyzylorda

Pourquoi pas viser plus haut l’année prochaine ? Le potentiel est certain. Maksat Baizhanov agit en leader et semble pouvoir tout faire. Mais dans chaque ligne, on retrouve de très bons joueurs. Du gardien kirghiz Islamkulov au Sierra-Léonais John Kamara excellent en sentinelle en passant par le très solide Croate Ivan Graf en défense centrale, le melting-pot est réussi dans cette ville pourtant peu aguicheuse du fin fond des steppes. Et si la région continue à financer le club, il est tout à fait possible que Kyzylorda connaisse un nouvel âge d’or, 20 ans après la glorieuse année 1998 (Coupe du Kazakhstan et 4ème place en championnat).


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7e – Shakhter Karaganda : 40 points

L’illustre club de Karaganda, premier club kazakh à atteindre les phases de poule de la Coupe d’Europe il n’y a pas si longtemps, a connu une saison que l’on peut découper en plusieurs parties. La première est constituée de piètres résultats et d’une position dans le fin fond du classement, dans la lignée des calamiteuses années précédentes. On se rappelle que le club était au bord de la faillite en 2014 et que depuis, il a dû grandement réduire son train de vie selon les miettes que voulait bien lui donner la région.

Mais au printemps, un événement important s’est produit pour toute la région de Karaganda : une nouvelle personne a été nommée au poste d’Akim (gouverneur régional). Et le changement au sommet du gouvernement local a immédiatement eu un effet sur le Shakhter, principal club de foot de la région. Le nouvel Akim annonçait dès sa prise de fonction être catégoriquement opposé à l’idée qu’un club avec une si riche histoire puisse continuer à traîner son spleen et sa misère.

C’est ici que la deuxième partie commence. Direction, staff, entraîneur… tout le monde prend la porte pour commencer. Le mercato estival a vu débarquer de nouveaux éléments. Les joueurs n’ont pourtant pas paru déstabilisés et n’ont pas engagé de sabordage. Ainsi, les Mineurs se sont retrouvés 7ème à la fin de saison, ce qui semblait pourtant inatteignable en mai. Tout semble donc s’être terminé sur une note positive pour le Shakhter Karaganda. Les objectifs pour la saison prochaine se dirigeraient plutôt vers une place qualificative en Europe si l’on en croit les dernières déclarations et l’activité sur le marché des transferts. Ce sera aussi l’année des 60 ans du club. Un beau programme à venir…

8e – Atyrau : 35 points

Une saison synonyme de sanction pour Atyrau. Des dettes anciennes non réglées ont coûté 9 points dès le début de saison, avant que les instances ne reviennent sur leur décision et ne leur redonne 6 points. La trouille au ventre en démarrant la saison dans le négatif, les joueurs d’Atyrau n’arrivent pas à jouer libérés et ne prennent que peu de points. Après les six premiers matchs, les Verts n’avaient toujours pas gagné…

Le coach décide de partir. Un Russe, Pavlov, arrive. Le fameux choc psychologique est déclenché et Atyrau, qui n’avait pas gagné un match, en remporte trois de suite, dont un contre le Kairat. Mais en juin/juillet, le club perd 5 matchs sur 6. Après une victoire surprise contre Tobol, Atyrau retombe dans ses travers et perd 4 matchs sur 5. Tout proche d’une descente, le technicien russe part à son tour et laisse sa place au local Kuanysh Kabdulov. Sur les cinq matchs restants, Atyrau en remporte trois et se sauve. Mais en raison des problèmes extra sportifs rencontrés par le club, on ne peut pas vraiment qualifier cette 8ème place de mauvaise. La saison a en plus été enjolivée par la finale de Coupe, perdue contre le Kairat, mais extrêmement disputée.


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9e – Aktobe : 33 points

Pour célébrer ses 50 ans, Aktobe n’a pas trouvé mieux que de se classer 9ème, son pire classement depuis 1997, il y a 20 ans de cela… Il semble que la direction a passé plus de temps dans la préparation et la tenue d’événements solennels plutôt que de se concentrer sur le sportif. En fait, pour être franc, on n’a pas compris grand-chose au projet d’Aktobe. Pour ne pas dire rien.

Après la cataclysmique saison 2016 que nous vous avions racontée en long, en large et en travers, l’idée était de reconstruire. Il n’est pas absolument certain que le bon chemin ait été pris. Le recrutement d’avant saison a semblé complètement incohérent. Quatre Brésiliens sont arrivés du championnat de leur pays, annoncés en grande pompe comme des rock stars. Mais quand les dirigeants ont commencé à voir que la saison tournait au vinaigre, ils ont tenté de les refourguer et ont arrêté de les payer… tout comme les autres étrangers recrutés d’un peu partout (Papa Gueye, 32 ans, de Rostov, Juan Manuel Torres, 31 ans, d’Argentine, Joseph Nane, 29 ans…). Certains joueurs se plaignent de salaires non versés et d’un président qui n’aurait jamais répondu à leurs appels…

Au final, plein de joueurs se sont succédés et l’équipe n’a jamais pu se stabiliser. Imaginez des joueurs arrivant des quatre coins du monde, avec des styles de jeu complètement différents et des langues différentes avec un projet peu stable et vous aurez le cocktail « Aktobe 2017 ». La relégation a même semblé très proche à un moment, faisant monter la tension entre des dirigeants du club et de la région, chacun se renvoyant la balle et prenant des décisions à la va-vite, toutes plus incohérentes les unes que les autres. Aktobe est un club très important au Kazakhstan et très supporté, et le voir en 2ème division aurait fait tâche. Heureusement, la fin de saison a été nettement meilleure et le club a pu se sortir des eaux troubles. Ce n’est pas pour autant qu’on a décelé à Aktobe une quelconque stratégie intéressante pour la suite. 16 joueurs étrangers (!) auront joué pour les Rouges cette saison, la plupart d’entre eux allant et venant comme au marché à bestiaux. En 2017 comme en 2016, Aktobe a fait absolument n’importe quoi dans sa stratégie sportive et commerciale. Il y a de quoi être inquiet pour ce club mythique…

© facebook.com/ofcaktobe

10e – Akzhayik Uralsk : 30 points

Pour la deuxième année de suite, le plus petit budget de la ligue réussit à se sauver. N’ayant pas de grandes possibilités financières, le club de l’Oural doit bricoler. Et le coach Vahid Masudov le fait plutôt bien. Alors bien sûr, le jeu déployé n’a rien pour plaire aux puristes mais on ne peut pas nier les qualités de combat de l’équipe, sa principale marque de fabrique. C’est pour cela que des joueurs de devoir, ayant le combat dans le sang, comme Predrag Govedarica sont venus au club. Un peu de chance a aussi été nécessaire à ce maintien car Akzhayik a longtemps été dernier. Mais Taraz et Okzhetpes ont rivalisé de malchance (voir ci-dessous).

Deux hommes ont été les grands artisans du maintien : le premier est le jeune milieu Yuri Pertsukh (21 ans), qui a donné une touche technique à une équipe qui en avait bien besoin, tout en faisant preuve d’une belle maturité dans son jeu. Ce n’est pas pour rien que toutes les meilleures équipes de KPL l’ont approché, et que ce soit Astana qui ait empoché le gros lot. Les 5 buts marqués par le Nigérian Izu Azuka, arrivé en été en provenance de Chypre du Nord, ont aussi fait beaucoup de bien.

Reste à savoir à quoi ressemblera l’équipe la saison prochaine, et si son objectif sera toujours le maintien. Pour viser un peu plus haut, il faudrait que les autorités régionales accordent plus d’attention au club. Car jouer à Akzhayik, plus qu’ailleurs, est très compliqué au vu des maigres aides accordées par la région.

11e – Taraz : 26 points

Taraz réussit un bel exploit : celui d’être relégué pour la deuxième année consécutive. Lors de la dernière saison, les Sudistes ont perdu dans le play-off de maintien, ils devaient donc descendre en deuxième division. Cependant, tout n’est pas si simple que cela puisse paraître à première vue… Repêchés après qu’un des promus a été exclu par la fédération, Taraz a pu conserver sa place dans l’élite et a même bien débuté la saison, en disputant la 8e place durant tout l’été. Mais le 11 octobre est arrivé, journée noire de la saison 2017 de Taraz.

Ce jour-là, le club apprend que la ligue exigeait un retrait de 6 points au club FC Tarazsur sur base de la Commission de Discipline de la FIFA. L’équipe, qui était sur une bonne série, se voit chuter de la 9ème à la 11ème et avant-dernière place. Au-delà des points, la décision a surtout miné psychologiquement le moral des joueurs. Pourtant, avec des étrangers comme Jean-Eudes Maurice, Mohammed Diarra ou Nemanja Miyushkovic, et des Russes expérimentés (Andrei Gorbants et Yevgeny Shipitsin), Taraz semblait pouvoir être tranquille dans ce championnat. A côté d’eux, les jeunes du cru continuaient leur progression… En 2018, le club ne recevra pas une faveur imméritée pour rester en KPL alors il faudra repartir d’en bas. Et il faudra aussi s’occuper de ceux qui ont mis le feu aux poudres.

12e – Okzhetpes Kokshetau : 24 points

Le 5ème de la saison 2016, très ambitieux pour 2017, finit donc dernier du championnat. En fait, les problèmes de l’Okzhetpes Kokshetau ont commencé avant le début du tournoi 2017. En raison de graves problèmes familiaux, le club a dû laisser partir Oleksandr Chyzhov, le défenseur mais surtout taulier de l’équipe, grand professionnel et qui tenait la baraque défensivement. L’homme de Poltava a ainsi été forcé de rentrer dans sa ville de naissance jouer pour le Vorskla. Le club n’a pas eu le temps de se retourner et a commencé sa saison avec un gros trou au cœur de la défense. Un malheur n’arrivant jamais seul, en mai, c’est l’autre défenseur central Daniil Chertov qui se blesse gravement. Il s’est avéré que la blessure de Chertov est devenue involontairement le catalyseur de changements sérieux dans la direction du club et de l’équipe. La relation entre le président et l’entraîneur, déjà compliquée, s’est complètement détériorée à cause des résultats. Et bien que l’équipe ne soit pas à ce moment dans la zone de relégation, la situation a explosé au sein du club. Le coach est parti à Aktobe, prenant le très bon milieu défensif Joseph Nane dans ses valises. Pour se renforcer, le club a pris plusieurs joueurs d’Ordabasy, mais pas forcément les meilleurs…

Le résultat est cataclysmique. Okzhetpes perd 17 matchs sur 22 et se retrouve logiquement au fond du classement. L’arrivée de jeunes entraîneurs en fin de championnat n’a rien changé. L’équipe s’enfonçait inéluctablement vers le bas sans aucune chance de salut. Peut-être que, d’une certaine façon, ces résultats pouvaient être prévus à l’avance puisque le club a joué beaucoup de matchs à domicile loin de sa ville Kokshetau, perdant la connexion avec ses propres fans.

Après des années de progression et d’ambition, Okzhetpes doit tout reconstruire, du sportif à la relation avec ses supporters. Un nouveau et jeune directeur sportif est arrivé et l’équipe devrait aussi s’en trouver rajeunie. Il va falloir écrire une nouvelle histoire, elle passera par la deuxième division.

Meilleur joueur de la KPL 2017

La lutte pour le titre de meilleur joueur de KPL a été plus qu’acharnée. C’est finalement Gérard Gohou (29 ans) qui l’a remporté devant Junior Kabananga (28 ans).  Gohou, le meilleur buteur des trois derniers championnats du Kazakhstan (80 buts en 102 matchs au total !), est plus productif que Kabananga, ce qui a pesé dans la balance dans le choix final. Les deux styles de jeu sont pourtant différents, Kabananga étant beaucoup plus impliqué (et important) dans le jeu d’Astana que l’Ivoirien du Kairat, qui agit plutôt en renard des surfaces ou en étant lancé en profondeur. Dans tous les cas, ces deux joueurs sont de grande classe et ont largement surpassé tous les autres joueurs de KPL. Comme les présidents, entraîneurs et capitaines des clubs de KPL qui ont participé au vote, donnons un léger avantage à Gohou pour son efficacité diabolique. Il va d’ailleurs logiquement quitter le Kazakhstan pour signer à l’étranger et prouver ses grandes qualités de buteur à un plus haut niveau. Trois ans et demi d’amour se terminent donc. Almaty le regrette déjà.

La polémique des terrains

Dès la reprise du championnat, on a eu le loisir de constater des terrains indignes aux quatre coins du pays. De véritables champs de patate, sur lesquels il est très compliqué de jouer au football. Ce qui n’a pas beaucoup plu à la fédération qui a interdit aux équipes de jouer des matchs sur des pelouses non conformes. La prise en compte de cette situation et le fait d’essayer de trouver des solutions est tout à fait louable de la part de la fédération mais cela n’a pas suffi et a entraîné des clubs à jouer sur plusieurs pelouses et donc stades différents au cours de l’année. Par exemple, après à peine 10 matchs de championnat, Kyzylorda avait déjà joué dans trois stades différents. Enfin, « stades »… Lors de notre visite, le Kaisar accueillait le Kairat Almaty dans un mini-stade avec une mini-tribune. Résultat : certains fans cherchant partout un moyen de voir le match se sont placés sur le toit du grand bâtiment jouxtant le stade. Un exemple parmi tant d’autres…

Nous pouvons nous plaindre tant que nous le voulons, mais tout dépend des dirigeants et de ceux qui peuvent résoudre ce problème et assumer leurs responsabilités. Parce que cela fait mal non seulement aux joueurs, aux fans qui ne savent pas la veille du match où va se dérouler le match, mais aussi aux équipes de jeunes contraints de s’entraîner dans des conditions pas du tout propices au développement… Tout le monde connaît cette problématique, mais trop peu prennent des mesures concrètes jusqu’à présent.

shakhter karaganda terrain
Capture d’écran lors de Shakhter Karaganda – Irtysh Pavlodar

Le Top 10 des buts

Tous nos joueurs préférés nous régalant à longueur de week-end sont dans le top 10 des plus beaux buts de la KPL 2017. Kabananga, Kuat, Islamkhan, Arshavin, retrouvez les dans ce clip vidéo, ce n’est que du bonheur !

Division 2 : Zhetysu et le reste

Zhetysu ne comptait pas rester trop longtemps au deuxième échelon. Son recrutement l’hiver dernier annonçait la couleur, tout comme l’arrivée du très respecté coach Dmitri Ogai. Ainsi, le club basé à Taldykorgan a survolé la deuxième division (18 points d’avance sur son dauphin) et retrouvera donc la première division un an après l’avoir quittée. L’autre favori, Kyzyl-Zhar, a fini deuxième tandis que l’outsider Maqtaaral a fini 4ème et a disputé (et perdu) un play-off contre Akzhayik pour monter dans l’élite.

Il est peu facile de parler de cette compétition tant elle est décousue et les clubs manquent de moyens ainsi que d’infrastructures. L’an dernier, on avait vu Altai, né de la fusion controversée entre Semei et Ust-Kamenogorsk, être promu en KPL et tout simplement disparaître avant le début de saison (exclu par la fédération le 3 février pour un sombre motif de certificat suivi d’une dissolution), repêchant Taraz… Aurons-nous une déconvenue similaire en 2018 ? Réponse dans les prochaines semaines…

Football féminin : le BIIK, toujours

Sans surprise, le BIIK Kazygurt a de nouveau remporté le championnat kazakh en ayant gagné tous ses matchs, ainsi que la Coupe. Et comme l’an dernier, les filles de Shymkent ont échoué en 8èmes de finale de Ligue des Champions contre un club français après un beau parcours. Sinon, rien n’a changé. Nous avons assisté à une parodie de championnat où seul Kokshetau a monté une équipe plus ou moins décente, les trois autres équipes étant composées de l’équipe bis de Shymkent (!) et d’écoles d’Almaty et Aktobe, qui n’ont même pas disputé tous les matchs… L’organisation est toujours autant chaotique, que ce soit pour l’équipe nationale, le championnat et les catégories de jeunes. Le BIIK est donc plus que jamais l’arbre qui cache la forêt du football féminin kazakh.

Damien F.


Image à la une : © facebook.com/pg/fcastana.kz

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