Le 16 juillet 2016, soit moins d’une semaine après la fin de l’Euro, l’OTP Bank Liga reprenait ses droits en Hongrie. Les performances réalisées par la sélection nationale en France n’ont, malheureusement, pas insufflé un réel élan populaire autour du football, comme en témoignent des tribunes encore trop dégarnies. Mais le suspens, réduit à néant par un Ferencváros ultra dominateur la saison dernière, est quant à lui bel et bien de retour. Trois leaders avec le même nombre de points, un tenant du titre qui peine à assumer son statut, des monuments en péril… On fait le bilan de ces six premiers mois de compétition.

Le groupe de tête

  1. Videoton – 34 pts
  2. Budapest Honvéd – 34 pts
  3. Vasas – 34 pts
  4. Ferencváros – 30 pts

Difficile de faire plus serré en haut de tableau, puisque Videoton, le Budapest Honvéd et Vasas affichent tous trois 34 points au compteur ! La défaite de Vasas à Paks (1-0), combinée au nul de Videoton à Haladás (1-1) et à la courte victoire du Honvéd contre Mezőkövesd-Zsóry (1-0) lors de l’ultime journée précédant la trêve a causé cet improbable tir groupé.

Videoton prend les devants

Grâce à une meilleure différence de buts, (+20, contre +15 et +12), ce sont donc les Vidi qui passeront l’hiver confortablement installés sur le fauteuil de leader. Une réalité qui était assez peu envisageable au sortir de l’été, tant le début de saison du club de Székesfehérvár avait été poussif (un point après trois journées). Il a fallu quelques semaines au nouvel entraîneur, Henning Berg, pour prendre ses marques. Ensuite, la machine s’est lancée.

Et force est de constater qu’elle est bien huilée. Meilleure attaque de NB I (39 buts), le Videoton FC propose un football de qualité, en grande partie sous l’impulsion de son duo Lazović – Šcepović. Auteurs de sept buts chacun, les deux Serbes se trouvent les yeux fermés. Ils forment, avec Róbert Feczesin (huit buts), un redoutable trident offensif. Derrière, l’inoxydable capitaine Roland Juhász (33 ans) mène d’une main de fer une solide base défensive, aux côtés notamment du Brésilien Paulo Vinícius. Dans son couloir droit, Loïc Nego fait très régulièrement valoir sa pointe de vitesse, mais l’ancien canari manque parfois de justesse dans ses transmissions.

© Czeglédi Zsolt

Au sein de la Pancho Aréna, qu’ils occupent le temps que le Sóstói Stadion soit rénové, les Rouge et Bleu se sont permis d’infliger quelques déculottées, par exemple à Debrecen (5-1), Paks (5-1) et Gyirmót (4-0). Tous les voyants sont au vert pour les champions de Hongrie 2015, bien décidés à récupérer leur couronne dès le mois de mai prochain.

Leur dauphin actuel n’est autre que le Honvéd. Sans faire de bruit, le club budapestois est longtemps resté à distance respectable du podium, avant de décider d’y monter juste avant la trêve, au bénéfice d’une très bonne série de six matchs sans défaite (cinq victoires, un nul). La meilleure défense de l’élite (dix-sept buts encaissés) est guidée par le Croate Ivan Lovrić, tandis que les clés de l’animation offensive ont été confiées au fougueux Davide Lanzafame. Arrivé cet été en provenance du Novare Calcio (Serie B), l’attaquant italien, qui décroche souvent pour récupérer des ballons, est devenu le maître à jouer de cette équipe. Il a déjà marqué à sept reprises, tout comme Marton Eppel. Pour résumer, le coach Marco Rossi a bâti une équipe solide et bien équilibrée, qu’il sera difficile de déloger du podium.

La surprise Vasas, la déception Ferencváros

Un podium sur lequel est également installé Vasas. La grande surprise de ce début de saison a même été en tête du championnat pendant près de quatre mois. Jusqu’à cette ultime journée avant la trêve. Après avoir miraculeusement sauvé le VSC lors de l’exercice précédent, l’entraîneur Michael Oenning a surfé sur cette belle dynamique pour conduire ses hommes tout en haut du classement. Avec beaucoup de sérénité et, il faut le reconnaître, un poil de réussite, Mohamed Remili et ses coéquipiers sont donc les grands trouble-fêtes du championnat hongrois.

Attention, cependant, au coup de mou. Le buteur Martin Ádám (six réalisations) est muet depuis mi-octobre, et les Rouge et Bleu tournent désormais au ralenti (un succès sur les six dernières rencontres). Un essoufflement qui a causé ce glissement de la première à la troisième place.

Derrière la belle surprise de ces six premiers mois se trouve la grosse déception : Ferencváros. Le champion en titre avait écrasé la concurrence lors du précédent exercice, avec dix-huit points d’avance à la trêve. Le départ canon des Fradi avait laissé présager un scénario semblable (trois victoires consécutives). Mais la machine s’est enrayée après le revers concédé à domicile contre Vasas (1-2), abandonnant son fauteuil de leader à cette occasion. Sans avoir réussi à le reprendre jusque-là.

L’effectif du FTC est pourtant de loin le mieux fourni du championnat. Dans les buts, Dénes Dibusz confirme tout le bien que l’on pensait déjà de lui. Au milieu, l’éternel Zoltán Gera (37 ans) est toujours aussi fringant, accompagné par Dominik Nagy, de seize ans son cadet. Devant, Böde et Djuricin ont respectivement marqué sept et huit buts. Malgré cela, les Aigles verts n’ont remporté qu’une seule rencontre depuis fin octobre, et sont même tombés du podium avant la trêve. La Groupama Aréna gronde. Le technicien allemand, Thomas Doll, ne fait plus l’unanimité. L’ambiance n’est donc pas au beau fixe. Une réaction est attendue dès la mi-février.

 Le (petit) ventre mou

  1. Mezőkövesd-Zsóry – 27 pts
  2. Újpest – 27 pts
  3. Szombathelyi Haladás – 26 pts

Championnat à seulement douze clubs oblige, le ventre mou est ici assez mince. N’ayant pour l’instant rien à espérer ni à craindre, ces trois équipes peuvent cependant se mettre à rêver d’Europe avec une bonne série. Ou à trembler pour leur maintien en cas de panne sèche.

La présence de Mezőkövesd-Zsóry à la cinquième place représente une petite sensation. Le promu a eu du retard à l’allumage mais s’est ressaisi par la suite, enchaînant sept matchs sans défaite entre mi-octobre et début décembre. Les Jaunes se sont même offert le scalp de Ferencváros (2-0) au terme d’une rencontre très animée. Au milieu de terrain, le Camerounais Patrick Mevoungou gratte un grand nombre de ballons. Avec une attaque médiocre (21 buts marqués), l’équipe de l’ancien sélectionneur magyar Attila Pintér n’est certes pas celle qui produit le plus beau football. Mais ses récentes performances permettent d’espérer une deuxième partie de saison paisible. Et pourquoi pas mieux ?

De son côté, Újpest peut avoir quelques regrets à l’issue de ces six premiers mois de championnat. Abonnés aux matchs nuls (neuf au total), les Lilák ont surtout connu une grosse période de disette entre fin août et début novembre (aucune victoire). Les protégés de Nebojša Vignjević jouent pourtant bien, avec des qualités offensives certaines. Le Macédonien Enis Bardhi, co-meilleur buteur de NB I (huit réalisations), attire l’attention, tout comme Souleymane Diarra, véritable pile électrique sur son côté gauche. Finalement, l’improbable match nul obtenu sur la pelouse de l’ennemi juré Ferencváros (3-3) symbolise assez bien le début de saison de l’UTE. Des occasions, du spectacle, un avantage de 3-1 à trente minutes du terme, mais une défense trop friable qui permet aux Fradi de revenir au score. Le retour de Kylian Hazard, absent des terrains depuis mai dernier, sera scruté avec intérêt.

Septième, Szombathelyi Haladás a traversé cette première phase dans un relatif anonymat. A proximité du podium mi-septembre, Géza Mészöly et ses joueurs sont rapidement rentrés dans le rang. Retraité international, le quadragénaire Gábor Király peut désormais se consacrer pleinement à son club formateur. A noter qu’Haladás a été bouté hors de la Magyar Kupa par Érdi VSE, pensionnaire de troisième division (2-2, 4-3 t.a.b), ce qui ternit son bilan intermédiaire.

La lutte pour le maintien

  1. Paks – 23 pts
  2. Diósgyőr – 21 pts
  3. Debrecen – 20 pts
  4. MTK Budapest – 20 pts
  5. Gyirmót – 13 pts

A l’instar de la féroce bataille pour le titre, la lutte pour le maintien s’annonce également passionnante. Elle concerne actuellement cinq équipes, parmi lesquelles le Paksi SE qui, très longtemps englué dans la zone rouge, a pris une petite bouffée d’oxygène à l’approche de la trêve. Statistique intéressante : l’Atomcsapat est la seule formation toujours invaincue à domicile. Aussi champêtre soit-il, le Féhervári úti Stadion est donc pour l’instant une forteresse imprenable (trois victoires, sept nuls). Le dernier club à s’y être cassé les dents n’est d’ailleurs autre que Vasas, alors seul leader du championnat. Paks s’était imposé grâce à un but du milieu de terrain János Hahn (1-0), sa valeur sûre. Les Vert et Blanc, qui ont également réussi l’exploit de s’imposer sur la pelouse de Ferencváros (1-2), n’ont pas une marge de manœuvre importante mais sont armés pour se maintenir.

Comme le PSE, Diósgyőr s’est extirpé de la zone de relégation juste avant les fêtes de fin d’année, au bénéfice de trois victoires sur les quatre derniers matchs. Pire arrière-garde de l’élite (36 buts encaissés), le DVTK compense ses errements défensifs par une véritable volonté d’ouvrir le jeu. L’équipe de Ferenc Horváth est valeureuse, volontaire, en particulier devant son public, dont la ferveur tranche avec l’apathie perçue dans d’autres tribunes. Un état d’esprit représenté par le Géorgien Daushvili, milieu de terrain teigneux qui ne compte pas ses efforts et à l’engagement parfois excessif. Devant, Novothny et Bognár (quatre buts chacun) répondent présent. Bête noire de Videoton, qu’il a déjà battu à deux reprises (1-2 et 2-0), Diósgyőr devra poursuivre sur sa lancée dès la reprise.

Debrecen et le MTK, monuments en péril

Que se passe-t-il à Debrecen ? Le septuple champion de Hongrie est aujourd’hui en grande difficulté, juste au-dessus de la ligne de flottaison. La faute à un gros trou d’air sur les deux derniers mois (deux points pris seulement) et à d’inquiétantes lacunes au Nagyerdei Stadion (aucun succès depuis le 10 septembre). Un classement d’autant plus incompréhensible que, sur le papier, le troisième de l’an passé est loin d’avoir un effectif ridicule. David Holman (cinq buts) a régulièrement fait étalage de toute sa classe et de son talent. Recruté durant les derniers jours du mercato, Róbert Vittek est un atout de poids en attaque. Mais l’ancien Lillois n’a trouvé le chemin des filets qu’à deux reprises. La longue trêve permettra peut-être à Leonel Pontes de remettre en cause son 4-2-3-1. La réception de Ferencváros, le 18 février prochain, risque de sentir la poudre.

© Derencsényi István

En plus de Debrecen, un autre club historique du football hongrois est au bord du précipice. Il s’agit du MTK Budapest, qui fréquente les bas-fonds du classement depuis le début de la saison, à cause d’un démarrage catastrophique. Il aura en effet fallu attendre la cinquième journée pour voir les Bleu et Blanc scorer pour la première fois. L’avant-dernière attaque de NB I (douze réalisations) est portée à bout de bras par le vétéran Sándor Torghelle, auteur de la moitié des buts de son équipe. Pas impérial à domicile, le MTK a encore plus de mal à exister loin de ses bases, où il n’a pour l’instant pas réussi à s’imposer. La situation est ainsi très préoccupante pour Vaszilisz Teodoru, qui ne s’attendait certainement pas à vivre pareille galère.

Enfin, une équipe semble déjà larguée. Avec treize petits points au compteur, Gyirmót occupe la dernière place du classement. Le promu, qui possède la pire attaque (huit buts marqués) et une défense très perméable (31 buts encaissés) est en chute libre depuis mi-octobre, avec huit défaites de rang (série en cours). Il reste quatorze matchs aux hommes d’Urbányi pour inverser radicalement la tendance. Sous peine de devoir directement retourner à l’étage inférieur.

Raphaël Brosse


Image à la une : © dvsc.hu

2 Comments

  1. Csaba 16 décembre 2016 at 21 h 42 min

    Super article! sinon c’est Mezőkövesd-Zsóry SE il n’y a pas de « z » à la fin de Mezőkövesd

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  2. Pingback: Saison 2016/2017 : Un an de football en Hongrie - Footballski - Le football de l'est

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