Temps de lecture 15 minutes2016 – Six mois de football en Grèce

Difficile de ne pas commencer cette rétrospective grecque avec un scandale – encore un, on finit par s’y habituer -. Ou plutôt une situation inextricable qui a entraîné le report des deux premières journées de cette saison de football en Grèce. La raison ? Un désaccord sur le règlement des droits télés par Novasports, le principal diffuseur, mais aussi des méfiances sur l’arbitrage de la part des principaux clubs hors Olympiakos, c’est-à-dire le PAOK, le Pana et l’AEK, qui réclamaient des arbitres étrangers et une meilleure organisation au sein des principales instances du football grec. Bref, tout ce beau monde ayant du mal à s’entendre, il a fallu attendre la première quinzaine de septembre pour pouvoir goûter à nouveau aux joies de la Superleague. Une éternité, sachant que la saison précédente s’était achevée au début du mois d’avril. Une trêve aussi longue, on trouve ça dans peu d’endroits en Europe…

L’Olympiakos en tête ? Quelle surprise…

Pour ceux qui suivent le football en Grèce de loin, voir l’Olympiakos basculer en tête à la trêve n’a rien de surprenant, tant le club du Pirée domine son sujet depuis de nombreuses années, et devrait, sauf retournement de situation incroyable, encore être sacré cette année. D’ailleurs, si on s’en tient au bilan chiffré, la domination est presque sans relâche : 10 victoires, 1 nul et 1 défaite en 12 journées, avec 5 petits buts encaissés pour 28 marqués et 9 points d’avance sur le deuxième. Difficile de faire mieux, il est vrai. Et pourtant. À y regarder de plus près, il y a beaucoup de points qui restent encore à améliorer. Sans parler de la Ligue Europa, où l’Olympiakos s’est qualifié après 6 matchs très poussifs et en terminant 2e derrière l’APOEL, le champion en titre n’a pas semblé aussi fort que les années précédentes. Moins « ultra-dominateur » dans le jeu, en tout cas.

La défense, centrale notamment, n’est toujours pas rassurante. Si Alberto Botia est présent offensivement (comme l’atteste son but de la tête lors du derby contre le Pana), il n’en reste pas moins irrégulier sur le plan défensif. Idem pour Manuel Da Costa, souvent pris à défaut en championnat (et en Ligue Europa, aussi), qui manquera plusieurs semaines pour cause de CAN. Bruno Viana, débauché cet été au club de Cruzeiro, est encore beaucoup trop tendre. Du coup, c’est cet éternel problème qui refait surface à l’Olympiakos : celui de ne pas avoir de vrai défenseur central de très haut niveau depuis le départ de Manolas à la Roma, jamais vraiment remplacé. Diogo Figueiras et Alberto De La Bella, arrivés respectivement de Séville et de la Real Sociedad, alternent le bon et le moins bon sur les côtés, et Omar Elabdellaoui peine à revenir à son niveau suite à sa grave blessure de la fin de saison dernière (fracture de la cheville). La seule satisfaction vient de Panagiotis Retsos, gamin de 18 ans formé au club, qui se fait une vraie place dans le XI titulaire, majoritairement comme latéral gauche.

Plus globalement, on sent que l’Olympiakos de Paulo Bento, arrivé en remplacement de Victor Sanchez viré après l’élimination contre Be’er Sheva en Ligue des Champions, et qui était lui-même arrivé pour suppléer Marco Silva démissionnaire au début de l’été, peine à trouver un fond de jeu. Kostas Fortounis, si brillant l’an dernier, est en deçà sur cette première moitié de saison 2016-2017. Les recrues, notamment Marko Marin, Oscar Cardozo ou encore Tarik Elyounoussi, n’apportent pas ce qu’elles devraient, et observent souvent les matchs depuis le banc de touche. Si Luka Milivojevic, le capitaine, Brown Ideye ou Seba, sur son aile, ont tous livré une belle copie jusqu’à présent, le reste peut largement mieux faire. Et doit mieux faire, aussi. Mais pour certains, de Chori à Esteban Cambiasso, en passant par Alaixys Romao, il faudra batailler ferme pour glaner du temps de jeu sous la direction d’un Paulo Bento peu adepte du turn-over et des changements d’avis concernant des joueurs sur lesquels il ne compte plus. Un effectif toujours pléthorique, qui devrait bouger (comme souvent) au mercato d’hiver, histoire de corriger le tir d’un été chaotique et pas forcément réussi sur le plan des transferts.

Mais pour ne pas être totalement négatif, notons un vrai changement de politique à l’Olympiakos : l’intégration de plus en plus systématique des jeunes talents dans le onze titulaire. Si Kapino a profité du départ de Roberto dans les cages pour récupérer le poste, Panagiotis Retsos, Giorgios Manthahis ou Thanasis Androutsos bénéficient d’une vraie confiance de la part du coach portugais, et pas seulement en Coupe de Grèce : à eux trois, ils cumulent 30 apparitions toutes compétitions confondues. Ce qui est rare, et plutôt appréciable, dans un club où il est si difficile de percer quand on est Grec.

Le Pana vers la voie de la rédemption ?

Le titre de cette deuxième partie peut sembler un poil excessif, mais il vient traduire un mois de décembre sûrement crucial dans l’avenir du Panathinaïkos. Avant ça, le club athénien au trèfle avait tout raté, ou presque. Son derby contre l’Olympiakos ? Perdu 3-0. La phase de poule de Ligue Europa ? Une 4e place, avec un seul point. Son recrutement ? Une accumulation de vieilles gloires cramées (Ibarbo, Samba, Ledesma), de joueurs irréguliers (Mpoku) ou pas au niveau, tout simplement (Rinaldi, Ivanov). Et on n’oubliera pas non plus cette phase de poule en Coupe de Grèce, où il a fallu attendre les vingt dernières minutes du troisième match pour arracher un ticket pour les 16es de finale. Bref, un sans-faute dans le mauvais, qui a logiquement conduit au départ de Stramaccioni, qui n’a pas réellement fait progresser le club durant son année passée en Grèce. Quelques signatures, tout de même, comme celle d’Ousmane Coulibaly ou de Hult, l’ancien niçois, sont de belles pioches.

Alors, à ce moment, on s’est demandé ce qu’allait faire le Pana. Faire venir un énième coach étranger pour le virer dans 5 mois ? La réponse fut bien plus réjouissante, avec la nomination de Marinos Ouzounidis, l’ancien Havrais. Un choix intelligent, lorsqu’on voit ce qu’il a pu réaliser avec Xanthi ou le Panionios l’an dernier, qu’il a mené en playoffs. Un coach « local », probablement le meilleur coach grec à l’heure actuelle, et qui connaît très bien la Grèce, son football si particulier, et les talents qui le peuple. Une aubaine pour relancer certains joueurs, comme les frères Vlachodimos, ou Boumale, qu’il a coaché l’an dernier au Panionios. S’il est encore trop tôt pour le juger, les premiers effets semblent déjà se faire ressentir, avec une équipe plus soudée et moins individualiste que celle des derniers mois.

Mais ça ne s’arrête pas là. Arrivé cet été au poste de directeur sportif, Gilberto Silva, l’ancien d’Arsenal, est déjà parti, à l’approche des fêtes de fin d’année. Une démission en forme d’échec, tant les attentes étaient grandes, eu égard à l’aura qu’il peut avoir au Brésil et au rayonnement que ça pouvait donner au Pana. Le remplaçant, nommé il y a quelques jours, n’est autre que Nikos Liberopoulos, l’ancien attaquant de l’AEK et du Pana qui a connu aussi de belles heures en sélection. Même Takis Fyssas est revenu, pour s’occuper de l’académie et des jeunes. Une « hellénisation » qui ne fera pas de mal à un club qui a encore trop tendance à miser sur des joueurs étrangers essoufflés et en fin de parcours. Ce qui se paie dans les finances, aussi : le club est loin d’être au mieux de ce côté-là, et une qualif’ en LDC viendrait largement sauver une situation bien mal embarquée. Le recrutement de Kourbelis fin décembre, prometteur milieu défensif de l’Asteras, va également dans ce sens : place aux talents locaux, et moins de choix irréfléchis. Suffisant pour redresser la barre et aller chercher cette 2e place ? Ce sera peut-être la chose à suivre sur cette deuxième partie de saison de football en Grèce.

L’AEK et le PAOK sur courant alternatif

L’Olympiakos en tête, et le trio des trois gros derrière qui n’arrive pas à être régulier : le schéma de cette demi-saison est déjà vu, revu, et encore re-revu. Si le Pana a réussi à basculer à la 3e place, à égalité de point avec le second, Xanthi (voir plus bas), l’AEK et le PAOK ne peuvent pas en dire autant. Commençons donc par l’AEK, puisque c’est l’équipe la mieux classée des deux, avec cette 5e place, à deux petites unités de la deuxième marche du podium. 5 victoires, 5 nuls, 2 défaites : un bilan mitigé, qui vient sanctionner une première partie de saison en dents de scie.

Là encore, le mercato est à remettre en cause : quel intérêt de faire venir un Joleon Lescott plus que cramé, pour le voir partir 3 mois plus tard avec 4 matchs au compteur ? Idem pour Hugo Almeida, qui semble bien loin de son niveau d’antan et surtout très fragile physiquement (288 minutes jouées en championnat à peine, pour 2 buts). Le Portugais traduit d’ailleurs les difficultés offensives rencontrées par le club Jaune et Noir, très peu prolifique (19 buts, loin de l’Olympiakos et ses 28 buts), comme on a pu l’apercevoir lors de cette double confrontation contre SaintÉtienne lors des éliminatoires de la Ligue Europa. Même Bakasetas, si bon l’an dernier avec le Panionios, peine à retrouver un niveau satisfaisant. Et si l’on pouvait avoir peur du rendu, les six premiers mois de Dmytro Chygrynskiy en défense centrale ont été plus que corrects. À noter également les belles performances de Patito Rodriguez sur son aile droite, lui qui a déjà délivré 4 passes décisives en championnat.

Conséquence logique : José Morais a pris la suite d’un Temur Ketsbaia qui n’aura tenu que 6 petits mois avant de démissionner, en désaccord avec sa direction. Un choix qui traduit aussi l’instabilité qui peut exister dans ce club, lui qui avait pourtant retrouvé l’Europe dès son retour parmi l’élite. Et si quelques joueurs, comme Johansson ou Mantalos affichent un niveau plus que satisfaisant, il faudra faire mieux sur cette deuxième partie pour espérer bien figurer en playoffs. Mais pour cela, il faudra corriger le tir en attaque, et peut-être faire venir un attaquant au mercato. Et éviter les anciennes gloires en quête d’un dernier gros contrat sous le soleil athénien…

Même son de cloche côté PAOK. Mais le tableau est paradoxal : moins bien en championnat, avec une 8e place à 7 points du Pana, le PAOK semble présenter plus de garanties que l’AEK pour redresser la barre. Déjà, parce que la campagne d’Europa League s’est révélée positive, avec une qualification arrachée sur les deux dernières journées (en s’imposant à Florence, excusez du peu), avec une certaine qualité de jeu et quelques belles promesses affichées, ce qui n’est pas forcément le cas de l’AEK cette année. L’effectif semble d’ailleurs bien plus fourni et qualitatif que celui du club athénien.

Ensuite, parce que sans ce retrait de 3 points en début de saison faisant suite aux incidents de l’an dernier en demi-finale de Coupe, le PAOK serait 5e, à égalité de point avec l’AEK, et à 2 points de la deuxième place. Pas forcément satisfaisant, mais loin d’être alarmant. Cette équipe en a sous le capot, c’est évident, et elle est d’ailleurs montée en régime sur la fin de cette première phase, après avoir chuté 3 fois de suite en championnat entre le mois de novembre et le début de décembre. Il s’agira maintenant de ne pas retomber dans les travers aperçus, et surtout, de gagner les confrontations directes (défaites contre le Pana et l’Olympiakos, notamment), pour espérer grignoter du terrain et revenir dans la course à la qualif’ pour la Ligue des Champions. Mais pour ces deux clubs là, le mercato hivernal sera primordial, car ils souffrent un peu du même mal : le manque d’un vrai 9 capable de franchir la barre des 10 buts en championnat.

L’incroyable parcours de Xanthi

Ce qui retient l’attention de cette première moitié de saison, c’est cette 2e place qu’occupe le modeste club de Xanthi. Modeste, parce qu’il n’était pas forcément destiné à se mêler aussi longtemps à la lutte pour les playoffs, et qu’on lui prédisait plutôt une place dans le ventre mou, bien au chaud. L’effectif en témoigne d’ailleurs : pas de noms, une ossature assez expérimentée et pas mal de profils de bourlingueurs, comme Pablo De Lucas (30 ans), Adrian Lucero (31 ans) ou encore Wallace (30 ans), de bons manieurs de ballon. Mais le plus remarquable reste sans aucun doute les 6 premiers mois que vient de boucler Hamza Younes, l’attaquant tunisien de 30 ans. Passé par la Bulgarie, l’Iran, la Moldavie et la Roumanie, celui qui compte 9 sélections avec les Aigles de Carthage a simplement cassé la baraque : 8 buts et 2 passes décisives en 11 apparitions en Superleague, dont un triplé juste avant la trêve.

Tout ce beau monde ne fonctionnerait pas aussi bien sans un très bon coach à la tête, à savoir le Roumain Răzvan Lucescu, en poste depuis septembre 2014, presque une éternité en Grèce, et qui a su imposer sa patte, son style, et une vraie identité à ce club. Une vraie trouvaille pour un club qui recrute plutôt intelligemment, avec un effectif bâti avec des joueurs en fin de contrat. Un entraîneur qui avait d’ailleurs côtoyé Younes à Ploiesti en 2014, et qui a tenu à le ramener cet été, pour la suite que l’on connaît. La question est de savoir si tout ça peut durer jusqu’à la fin de saison. Quand on voit l’irrégularité chronique des « gros », surtout cette année, et la course très serrée (voir ci-dessous) qui s’annonce pour ces quatre places qualificatives pour l’Europe, on se dit que c’est l’année où jamais pour voir une surprise devenir une confirmation. Et peut-être que Lucescu pourrait rester s’il amène Xanthi jusqu’au bout de cette aventure incroyable. Mais quoi qu’il arrive, le club est presque déjà assuré du maintien. Ce qui est déjà pas mal.

Des playoffs plus serrés que jamais

On a souvent reproché, et on le reproche encore, d’ailleurs, au championnat grec de n’avoir aucun suspens pour le titre. Cette année encore, on risque de connaître le champion – l’Olympiakos – très tôt. Mais l’intérêt est ailleurs : celui de savoir qui se classera de la 2e à la 5e place, pour disputer ces fameux playoffs. De Xanthi, 2e avec 22 points, à Larissa, 14e et premier non relégable, il n’y a « que » 14 points d’écart. Surtout, le 9e, Panetolikos, n’est qu’à 7 points de la deuxième place. Autrement dit, n’importe quelle série de 3 ou 4 victoires vous propulse vite en haut, et inversement. Seuls les plus réguliers pourront arriver à ce Graal, et avoir la chance de jouer une compétition européenne au cœur de l’été.

Dans cette course-là, on citera d’abord le Panionios, actuellement 4e. Un club qui, déjà l’an dernier, s’était hissé en playoffs mais qui n’avait pas pu jouer l’Europe, faute d’avoir les finances pour le faire. Une injustice, tant l’équipe alors coachée par Marinos Ouzounidis aurait mérité de jouer cette Ligue Europa, après une saison remarquable, tant sur le plan individuel que collectif. L’été fut un peu agité, avec le départ chaotique d’Ouzounidis, remplacé par le Serbe Vladan Milojevic. Mais si les hommes ont changé, le « style Panionios » est resté. Une équipe difficile à bouger, capable d’aller chercher sur le marché des joueurs libres quelques trouvailles, comme Guihoata en défense centrale, et qui possède, avec Karim Ansarifard, l’atout idéal en pointe pour aller jouer les trublions jusqu’à avril prochain.

Il y a, tout de même, quelques petites déceptions. L’élimination en coupe dès la phase de poules, déjà, malgré des adversaires abordables (Levadiakos, Kissamikos, Panserraikos) et l’intégration difficile de David Ngog, arrivé cet été de Reims. L’ancien parisien, soumis à la concurrence de son camarade iranien, peine à se faire sa place, et son maigre temps de jeu ne lui laisse que très peu de temps pour se montrer vraiment à son avantage. Mais on se rappelle de la situation d’Anthony Le Tallec l’an passé, qui avait mis plusieurs mois avant de trouver un rythme de croisière et d’enchaîner les buts. Le Panionios en aura bien besoin pour aller décrocher un ticket européen. Pour de bon, cette fois.

L’autre candidat crédible, autre que les clubs précédemment cités, serait le PAS Giannina. La même équipe qui avait profité l’an dernier des soucis financiers du Panionios pour aller tenter sa chance en Ligue Europa, pour la première fois de son histoire, et échouer face à l’AZ lors du dernier tour préliminaire. Déjà, on avait vu que l’équipe de Giannis Petrakis avait de vraies qualités, et qu’elle pourrait faire de belles choses en championnat cette année. Ce fut effectivement le cas : dans ce système en 3-5-2 si particulier, et bien rôdé, le PAS a longtemps été ce poil à gratter, sur une pelouse très délicate où beaucoup d’équipes sont venues se casser les dents. Symbole de cette première moitié réussie : les belles performances de Christopher Maboulou, arrivé de Bastia cet été et qui s’est révélé être un renfort majeur, tout comme l’Espagnol Pedro Conde, arrivé de D3 espagnole et qui a déjà marqué à six reprises en Superleague. Mais en terminant sur deux défaites et un nul, Giannina a pris un peu de retard, et a surtout dilapidé le petit matelas acquis jusque-là. À voir s’ils retrouvent un peu de couleurs sur cette deuxième partie de saison, mais la qualité est là.

Pour l’Atromitos d’Anthony Le Tallec, la régularité sera la clé ou non de la qualification. Encore dans la course (trois points d’écart avec la 5e place), le club athénien a souvent alterné entre le bon et le moins bon, ratant souvent les chances de basculer durablement dans la partie haute du classement, comme en témoignent ces deux défaites sur les deux dernières journées avant la trêve. Mais, en allant arracher le nul contre l’AEK ou en allant battre le PAOK sur le fil, les coéquipiers de l’ancien joueur de Liverpool ont montré qu’ils étaient capables de belles choses, à l’image, par exemple, du très prometteur Dimitrios Limnios.

Qui dans la charrette ?

Dans la course au maintien, même si rien n’est encore définitivement acté, on commence à avoir une petite idée de qui sera amené à retrouver les fantastiques pelouses champêtres de Football League l’an prochain. D’un côté, on a l’Iraklis, en grande détresse financière, et donc sportive, qui clôture le classement avec une seule victoire en 12 journées. Qu’elle semble loin la saison passée où, sous l’influence d’Apostolos Vellios, parti depuis à Nottingham, le club de Thessalonique se voyait bien accrocher les playoffs en fin de saison. Là, dans un effectif très moyen, difficile de voir comment la relégation peut être évitée. À moins de faire une série de victoires dès le retour des fêtes, et de hausser sensiblement le niveau de jeu, la tâche s’annonce très délicate.

De l’autre côté, on a Veria, le deuxième relégable. Si les deux équipes citées dans cette partie ne sont qu’à trois et deux points du premier non relégable, elles ne laissent que peu d’espoir quant à leur capacité à combler cet écart. Pour Veria, plus mauvaise attaque de Superleague (5 buts), on a dû mal à voir ce qui pourrait changer, tant l’équipe a semblé en difficulté sur cette première moitié de saison. Le recrutement n’a rien apporté de sensationnel, le collectif n’ayant jamais trouvé sa vitesse de croisière. Depuis le 24 septembre, et la seule victoire en championnat, Veria n’a plus gagné. Forcément, cela n’incite pas à l’optimisme.

Pour Kerkyra et Larissa, qui restent à portée de fusil de Veria et l’Iraklis, il faudra surveiller attentivement cette zone de relégation pas si lointaine. Mais le promu crétois, notamment avec son très intéressant attaquant brésilien Thuram (oui oui, vous ne rêvez pas), a montré certaines qualités, en accrochant un beau 0-0 sur la pelouse de l’Olympiakos, notamment. Pour l’AEL, c’est plutôt à domicile que la différence se fait, sur une pelouse qui a vu l’Olympiakos et l’AEK perdre, et le Pana faire match nul 0-0. Le mercato hivernal, sous la houlette du fantasque Alexis Kougias, le propriétaire, devrait permettre d’apporter quelques retouches non négligeables. Enfin, il ne faut pas oublier Levadiakos et son fort accent francophone (Belghazouani, Jackson Mendy, Gary Coulibaly, Lossémy Karaboué, Edwin Ouon), qui s’est montré plutôt fragile et qui n’est pas à l’abri d’une fin de saison délicate et stressante. À voir comment les dynamiques de ces clubs-là évoluent, et s’ils parviennent à recruter un peu cet hiver.

Idem pour l’Asteras, qui se montre bien loin du niveau qui a permis à ce club de participer aux phases de poules de la Ligue Europa à plusieurs reprises ces dernières années. Mais il semble y avoir suffisamment de talent pour s’assurer une place dans le ventre mou, en compagnie de Platanias et de Panetolikos, un poil en retrait de la course aux playoffs dans ce championnat où, finalement, on passe vite du haut en bas en quelques matchs. Comme quoi, il peut y avoir un peu de suspens dans ce football en Grèce.

Le XI de la première partie de saison de football en Grèce

Gardien : Dimitrios Kyriakidis (Panetolikos).

Un choix qui peut sembler surprenant, vu que le nom est plutôt méconnu. Mais aucun gardien des « gros » (Steele, Kapino, Barkas, Anestis ou Glykos) n’a affiché de régularité suffisante pour occuper ce poste. Et l’ancien gardien du PAOK, âgé de 30 ans, s’est montré plutôt à son aise. Un choix logique, finalement.

Défenseurs : Leo Matos (PAOK) / Rodrigo Moledo (Panathinaïkos) / Spyros Risvanis (Panionios) / Panagiotis Retsos (Olympiakos).

Sur le côté droit de la défense, l’ancien Marseillais Matos pourrait prétendre au titre de MVP de la première partie de saison, tant il a enchaîné les performances de haut niveau. En témoignent ses 4 buts en championnat, déjà. Dans l’axe, on retrouve la solidité – Moledo, et la jeunesse – Spyros Risvanis -, pour une charnière complémentaire. Enfin, sur la gauche, on retrouve LA révélation de Superleague : « Takis » Retsos, minot de 18 ans qui s’est imposé sur l’aile gauche de la défense de l’Olympiakos.

Milieux : Luka Milivojevic (Olympiakos) / Gojko Cimirot (PAOK) / Seba (Olympiakos) / Garry Rodrigues (PAOK).

Devant la défense, on retrouve une paire 100% balkanique : le Serbe Milivojevic, capitaine de l’Olympiakos et auteur de six premiers mois assez impressionnants, apportant sa grinta, sa hargne (parfois à la limite du surplus d’agressivité) et son activité au milieu du terrain, et le Bosniaque Cimirot, lui auteur de six premiers mois très intéressants, notamment en Europa League. Deux hommes complémentaires, et qui ont déjà attiré l’oeil de nombreux clubs étrangers pour ce mercato hivernal.

Sur les ailes, on retrouve, d’un côté, le feu-follet cap-verdien Rodrigues, véritable poil à gratter pour n’importe quelle défense. Très rapide et technique, il crée un nombre impressionnant de différences et de décalages à chaque rencontre, comme le montrent ses 3 buts et 5 passes décisives en 12 journées. Mais il a encore une belle marge de progression, et devrait être l’un des hommes forts du PAOK pour cette deuxième moitié. De l’autre, le Brésilien Seba, devenu incontournable dans l’Olympiakos de Paulo Bento. Avec le même bilan statistique que Rodrigues, auquel il convient d’ajouter 3 buts importantissimes en Europa League, il a su faire taire les détracteurs et montrer qu’il pouvait hausser son niveau de jeu. Le pari était loin d’être gagné, vu sa saison de l’an dernier.

Attaquants : Brown Ideye (Olympiakos) / Karim Ansarifard (Panionios)

9 buts en 11 journées, soit un toutes les 85 minutes : avec ce bilan, Brown Ideye ne pouvait pas ne pas figurer dans ce XI type. Moyen l’an dernier, le Nigérian est en grande forme sur ce début de saison 2016-2017. S’il n’a pas marqué en Europa League, il a très peu raté la cible en Superleague. Une valeur sûre, et un 9 prolifique : ce qui a manqué l’an dernier à l’Olympiakos pour aller un peu plus loin sur la scène européenne. À ses côtés, on retrouve celui qui est peut-être l’attaquant le plus complet de Grèce : l’Iranien Karim Ansarifard. Arrivé d’Osasuna à l’été 2015, il avait déjà fait une très belle saison l’an dernier. Et il a encore remis ça cette année : 4 buts, 3 passes décisives, et une activité incessante, entre appels, remises, jeu dos au but et présence aérienne. S’il est déjà courtisé dans plusieurs endroits en Europe, le Panionios doit absolument le conserver s’il veut espérer quelque chose. Mais certaines offres ne se refusent pas, surtout en Grèce.

Martial Debeaux


Image à la une : © Ayhan Mehmet / ANADOLU AGENCY via AFP Photos

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