Fin décembre, nous vous avions déjà livré un retour sur la première partie de cette saison 2015/2016 en Roumanie. Cette dernière a touché à sa fin et de nombreux rebondissements ont, comme souvent malheureusement pris le pas sur le sportif concernant les décisions pour la saison suivante. Entre révélations balle au pied et scandales financiers, retour sur une année de football en Roumanie.

Lutte pour le maintien : le couperet tombe pour le Petrolul

Après la saison dernière très difficile ayant menée à quatre descentes en championnat roumain, pour la première fois un système de play-offs et play-downs fut mis en place en Roumanie. Ainsi, les huit derniers ont essayé de se sauver, alors que les six premiers restaient en course pour le titre.

Le Petrolul Ploiești a tout tenté : la trêve les a vu investir dans neuf nouveaux joueurs (dont beaucoup de Français), et si les résultats ont semblé un temps engageants, le retard pris ainsi que les points de pénalité du début de saison n’ont pas permis pas au club de se sauver sur le plan sportif. La mort dans l’âme,  le Petrolul quitte la Liga I.

Mais il y a plus grave. Si descente a déjà été synonyme de mort pour les clubs roumains, la situation du Petrolul semblait prendre cette voie. Nombreux licenciements dans les postes liés au stade (notamment la fermeture de son bar), exode des joueurs, impossibilité de les payer,  dettes… Le Petrolul était menacé de disparaître. Toutefois, le soutien inébranlable du groupe Alexandrion (sponsor maillot du club) semble avoir permis au club de sortir la tête de l’eau. En effet, on tente de tout reprendre à zéro du côté de Ploiești afin de proposer « un nouveau projet pour ce club ambitieux, qui répondra aux objectifs » selon Valentin Popescu, directeur du marketing sportif du groupe Alexandrion. Hélas, de nombreux joueurs ont déjà fait leurs valises, notamment Zoubir qui a signé du côté du Racing Club de Lens.

 

Le stade ultra moderne du Petrolul, aujourd'hui bien trop cher pour son équipe | © stadiumguide.com
Le stade ultra moderne du Petrolul, aujourd’hui bien trop cher pour son équipe | © stadiumguide.com

Une saison en Liga II à venir pour le Petrolul donc, mais il sera très difficile pour eux de retrouver rapidement l’élite.

ACS Poli Timisoara ou Rapid Bucarest?

Qui dit descente(s) dit forcément montée(s). Ainsi, les nouveaux arrivants en Liga I se sont annoncés et comme toujours cela ne s’est pas fait sans rebondissement. Si tout semblait nous annoncer l’incroyable derby entre l’ACS Poli Timișoara et le Politehnica Timișoara, à la reprise du championnat, la réalité semble toute autre. Le Politehnica Timisoara est relégué, le Gaz Metan Mediaș monte. Mais la grande inconnue reste la seconde équipe à rejoindre l’élite. Le Rapid gagne sa montée sur le terrain, mais se heurte à des difficultés financières sans précédent. Deux jours avant la reprise officielle de la Liga I le Rapid n’a ni joueurs, ni staff, ni terrain d’entraînement. Une situation financière très précaire qui a vu se lever une vague de supporters rapidistes sous le slogan Rapid nu moare invitant chaque supporter à virer de l’argent sur le compte en banque du Rapid pour tenter de sauver leur club. La veille de la reprise, la décision semblait actée : l’ACS Poli Timișoara jouerait en Liga I avec 14 points de pénalité (dus au fait de n’avoir pas gagné le minimum requis de 15 points lors des playdowns). Mais au jour de la reprise du championnat jeudi dernier, aucune des deux équipes n’est fixée sur son sort, et les premiers matchs de ces équipes sont reportés, en L1 comme en L2. Une situation rocambolesque ayant eu pour issue la montée de l’ACS Poli Timisoara après trois reports de séance. Ainsi, le Rapid se retrouve dans une situation critique et son avenir en tant que club reste incertain.

Souvent dans la tourmente financière, le club a toujours pu compter sur ses fans. |© okazii.ro
Souvent dans la tourmente financière, le club a toujours pu compter sur ses fans. |© okazii.ro

 

 

Une situation financière globale fragile

En dehors du Viitorul Constanta de Hagi qui semble réussir à conserver une relativement bonne santé financière, peu nombreux sont les clubs de cette Liga I qui n’ont pas vu leurs finances leur jouer des tours au niveau sportif. L’exemple le plus dramatique cette saison semble être celui de Botoșani. Dans le ventre mou du championnat, le club a eu bien du mal à boucler la saison et s’est retrouvé dans la situation suivante : seule la vente de leurs joueurs lui a permis de survivre une saison de plus au sein de la Liga I. Ainsi, c’est une équipe amputée de ses meilleurs éléments qui va se présenter pour cette nouvelle saison, et le spectre de le relégation semble d’ores et déjà planer sur le club. Pour ne rien arranger, Botoșani pâtit de l’incertitude entre le Rapid et l’ACS Poli en voyant son premier match annulé. Une situation financière malheureusement trop fréquente, qui touche aussi le haut du tableau. Alors que le Dinamo Bucarest s’était qualifié en Europa League, celui-ci n’a pas été autorisé à disputer la compétition à cause d’une santé financière trop fragile. Cela aura permis au CSMS Iași de jouer les premiers matchs européens de son histoire avant d’être éliminé au premier tour par les Croates du Hajduk Split. Saison difficile pour le Dinamo avec la perte tragique de Patrick Ekeng et cette décision européenne, club qui a pourtant offert un bon visage sportif, étant la meilleure équipe de Roumanie a domicile.

 

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Et une nouvelle fois, de façon interne au championnat les problèmes financiers vont faire partir des équipes avec des points de retard. En attendant les sanctions pouvant éventuellement toucher l’ACS Poli Timișoara, les deux clubs épinglés sont ceux du CFR Cluj et de l’ASA Târgu Mureș, tous deux sanctionnés de six points de pénalité au début de la saison. Ces clubs ne devraient pas se retrouver en position de relégables, mais semblent dans une situation déjà difficile pour disputer le titre à l’Astra.

Astra champion, FCSB aux talons

Concernant le haut du tableau, la saison 2015/2016 de la Liga I aura vu un événement historique se dérouler avec le premier titre de champion de Roumanie de l’Astra Giurgiu. Déjà bien en vue en Roumanie et en Europe après de bons résultats en C3, cette équipe de l’Astra a pu se reposer sur son attaquant de pointe Alibec. En effet, Constantin Budescu a pris la décision de quitter au cœur de l’hiver le championnat roumain afin de rejoindre la seconde division chinoise, tirant ainsi un trait sur son Euro et possiblement sur sa carrière en équipe de Roumanie. Un départ qui a apporté une somme d’argent non-négligeable au club, et a eu pour effet inattendu de libérer l’attaquant Denis Alibec. Un Alibec qui a profité d’un peu de temps de jeu durant l’Euro et qui a décidé de rester au club, dont sont en revanche partis Găman, Pedro Queiros et Seto, tous en fin de contrat. Avec le recrutement notamment de Cristian Săpunaru, l’Astra semble tout avoir pour tenter de conserver son titre l’année prochaine et tenter d’aller le plus loin possible en Europe. Toutefois, la victoire de l’Astra n’a pas créé de scènes de liesses dans les rues, le club peinant toujours à se constituer une base de supporters décente depuis sa migration de Ploiești à Giurgiu il y a quelques années.

 

Alibec soulevant la coupe de champion de Roumanie. | © Astra
Alibec soulevant la coupe de champion de Roumanie. | © Astra

Le grand perdant de cette saison dans le haut du tableau reste le FCSB. Réussir à reconstruire une équipe compétitive sur les ruines laissées par Mirel Rădoi n’était pas chose aisée pour Reghecampf. Pourtant, avec le départ de nombreux joueurs et le retour de la confiance au sein du groupe, le Steaua a vécu une nouvelle impulsion dans cette saison qui a bien profité à deux joueurs particulièrement: Chipciu et Stanciu. La saison de Chipciu est telle que son transfert vers Anderlecht pour 1,5 M d’euros est une réussite totale, alors que Stanciu, pourtant convoité par le même club ainsi que Lorient, a préféré rester au Steaua afin de s’y imposer comme capitaine. Au final, le Steaua n’arrive pas à retirer le trophée des griffes de l’Astra, mais semble pouvoir proposer une équipe très renouvelée l’année prochaine, entièrement amputée des mauvais transferts de Mirel Rădoi.

La SuperCoupe de Roumanie a vu l’Astra s’imposer face au CFR Cluj au début du mois de juillet, alors que la Coupe de la Ligue fut remportée par le Steaua le lendemain face au Concordia Chiajna. Ces deux rencontres ont permis de voir les deux équipes qui devraient être les plus compétitives pour cette saison 2016/2017. Toutefois, cela serait une erreur terrible de ne pas compter avec le FC Viitorul du Roi Hagi.

Stanciu portant la Coupe de la Ligue. | © radioiasi.ro
Stanciu portant la Coupe de la Ligue. | © radioiasi.ro

Viitorul Constanta, l’âge de raison?

Le portrait de cette saison en Roumanie ne serait pas complet sans évoquer le Viitorul Constanța. L’équipe ayant le meilleur centre de formation du pays commence petit à petit à se faire une place dans le haut du tableau roumain. La politique de Hagi de former ses joueurs convenablement et dans des infrastructures de qualité semble porter ses fruits. Ainsi, Răzvan Marin et Florin Tănase étaient convoités par le Steaua, une offre refusée. Au-delà de la volonté première de créer une académie de football de qualité en Roumanie, le Viitorul devient un véritable club et pourrait bien jouer les premiers rôles dans les années à venir. De plus, les yeux européens se tournent de plus en plus vers le centre de formation avec le transfert définitif de Ianis Hagi à la Fiorentina pour 2 millions d’euros. De nombreux jeunes joueurs roumains sont venus fleurir le centre de formation durant la trêve, qui seront encadrés par des joueurs d’expérience comme Gabi Iancu tout fraîchement revenu gratuitement au club depuis le Steaua.

Jusqu’ici, le pari de Hagi de redynamiser le football roumain à travers une vraie formation plutôt qu’une recherche de profit direct à la revente semble fonctionner, et tend à lancer une impulsion dans le pays. Becali, président du Steaua a annoncé sa volonté de développer des infrastructures de formation de qualité, ce qui pourrait vu le rayonnement actuel du club relancer un football roumain en totale perte de vitesse.

En dehors des scandales et difficultés traversées par le football roumain cette saison, l’Euro aura permis à certains joueurs de se montrer et diverses entreprises tendent à donner une lueur d’espoir sur un re-développement efficace du football en Roumanie à long terme, permettant peut-être aux clubs roumains de retrouver une place de choix dans l’élite mondiale d’ici quelques années.

Hadrian Stoian


Image à la une : © ALEXANDRU DOBRE / MEDIAFAX FOTO

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