La trêve, c’est avant tout du repos pour les joueurs. Des vacances en famille, pour certains loin de la Grèce. Des écarts aussi, pour d’autres. Et pour les observateurs, l’occasion de faire un premier bilan à mi-championnat. Si la course au titre semble déjà pliée, celle pour les autres places européennes risque d’être disputée jusqu’au bout. Alors, plutôt que de revenir sur le bilan de chaque équipe de manière linéaire, nous avons sondé Sotiris Milios, journaliste grec spécialisé dans le football. Il nous livre ses tops et ses flops, équipes, aujourd’hui, comme joueurs, demain, complétés par nos observations personnelles.


Voir aussi : 2015 – Six mois en Grèce – Partie 1


Les joueurs

  • Les tops

1. Kostas Fortounis (Olympiakos)

Si vous nous lisez régulièrement, vous connaissez déjà le nom. Et pour cause, on vous en avez déjà parlé. 14 matchs, 12 buts et six passes décisives. Tel est le bilan de l’ancien joueur de Kaiserslautern, revenu au bercail à l’été 2014 pour 400k€. Propulsé au coeur du jeu par Marco Silva, il ne cesse de régaler par ses dribbles, contrôles et appels de balle, obligeant souvent ses adversaires à la faute. Il a même pu voir ses premières compilations YouTube apparaitre. Également brillant en Ligue des Champions (3 passes décisives), son nom commence à figurer en bonne position sur les tablettes de quelques grosses écuries. Son envol vers les sommets ne devrait plus trop tarder.

L’avis de Sotiris Milios : « C’est le joueur grec le plus prometteur. Parfois, il ressemble vraiment à Kaka ».

2. Apostolos Vellios (Iraklis)

Son parcours résume les difficultés des footballeurs grecs à s’exporter. Parti à Everton en 2011, le natif de Thessalonique ne s’est jamais réellement imposé Outre-Manche. Passé par la Belgique et le Danemark par la suite, il a décidé de revenir dans son club formateur cet été, libre. Une aubaine pour ce club de retour dans l’élite, puisque celui qui compte plus d’une quarantaine de sélections dans les équipes de jeunes grecques boucle la première moitié de saison avec 6 buts au compteur. De quoi permettre d’envisager un maintien serein, et, pour le joueur, un deuxième départ dans sa carrière.

L’avis de Sotiris Milios : « C’est la recrue de l’année. Pour moi, c’est un peu une copie d’Andriy Shevchenko ! »

3. Jakob Johansson (AEK)

En janvier dernier, le Suédois est arrivé libre de Göteborg sans faire de bruit. Cette année, il est le véritable taulier de l’équipe coaché par Gus Poyet. Gratteur de ballons doté d’une belle technique, il s’est rendu indispensable à l’équipe athénienne. Ses 3 buts et ses 2 passes décisives montrent qu’il peut aussi peser sur les actions offensives. Bref, un véritable homme à tout faire, qu’on devrait revoir cet été à l’Euro, avec la Suède.

L’avis de Sotiris Milios : « C’est le joueur le plus intelligent de Super League. Un vrai milieu de terrain. Pour moi, il devrait être titulaire avec la Suède à l’Euro. »

4. Luka Milunovic (Platanias)

Ancien talent de l’Étoile Rouge passé par Lierse, Luka Milunovic se refait une santé en Grèce sous les couleurs de Platanias. Milieu offensif gauche, cet ancien international U21 serbe fait parler les statistiques, avec 5 buts et 2 passes décisives. Dans une équipe où l’on trouve l’ancien bordelais Kévin Olimpa, il est l’un des atouts offensifs majeurs.

L’avis de Sotiris Milios : « C’est un ancien grand talent de l’Étoile Rouge. Un ailier intelligent avec une grosse technique. Déjà 5 buts pour lui, et il ne cesse de progresser. »

5. Olivier Boumale (Panionios)

La grosse côte de Super League, c’est lui. Libre en juin, le Camerounais passé par Saint-Étienne fait tourner la tête des gros clubs grecs, le Pana en tête. La faute (ou la chance) à une moitié de saison fracassante, faite de dribbles, de buts plutôt sympas (4) et de passes décisives (7), dans une équipe plaisante à voir jouer. Un joueur que l’on devrait vite retrouver dans une équipe jouant la Coupe d’Europe. Et auquel les clubs français aurait dû penser plus tôt.

L’avis de Sotiris Milios : « Il était l’un des gros talents de l’ASSE. Parfois, il me rappelle Hatem Ben Arfa ».

6. Amr Warda (Panetolikos)

Floqué du numéro 74 en hommage des victimes de Port-Saïd, Amr Warda a débarqué de son Égypte natale cet été dans ce club modeste de Super League. Depuis, sa côte n’a cessé de grimper. 14e et à 5 points de la zone rouge, son équipe aura bien besoin de son talent, de sa vivacité et de sa technique lors de la phase retour. Avant d’aller, dans un futur plus ou moins proche, d’aller voir plus haut.

L’avis de Sotiris Milios : « L’une des plus grosses surprises de l’année. C’est le Mohamed Salah de Panetolikos ! »

7. Garry Rodrigues (PAOK)

Comme beaucoup de joueurs qui débarquent en Grèce, le Cap-Verdien est arrivé libre, en provenance d’Elche. Cet ailier droit de poche (1m73) passé par la Bulgarie est l’une des rares satisfactions du PAOK, et les adversaires ont souvent bien du mal à le canaliser. C’est dans son sillage que l’équipe coachée par Igor Tudor devra réhausser son niveau de jeu pour atteindre ses objectifs.

L’avis de Sotiris Milios : « On peut dire que c’est le joueur le plus rapide en Grèce. L’ailier pur par définition. Le meilleur joueur du PAOK ».

© Football.ua
Robert Mak sous le maillot slovaque | © Football.ua

8. Robert Mak (PAOK)

L’ancien joueur de Manchester City est, avec Rodrigues mentionné ci-dessus, l’un des rares joueurs du PAOK à donner satisfaction. En témoignent ses 13 buts toutes compétitions confondues en 28 matchs, dont 6 très importants lors des éliminatoires d’Europa League. Il fut aussi le buteur lors de la belle victoire sur la pelouse de Dortmund. À 24 ans, cet ailier qui peut aussi jouer en pointe a l’avenir devant lui.

L’avis de Sotiris Milios : « C’est un peu le Marco Reus du pauvre. Et déjà 13 buts cette saison pour lui. »

9. Zeca (Panathinaïkos)

Sans faire de bruit, le Portugais de 27 ans est l’un des meilleurs joueurs du Pana. Arrivé de Setubal en 2011, et loin d’être une star, ce milieu de terrain est au four et au moulin, histoire de sauver les meubles d’une saison compliquée pour les Verts. La preuve que dans une équipe, il faut aussi des joueurs de devoir. Avec 181 matchs au compteur sous les couleurs du Pana, il en fait partie.

L’avis de Sotiris Milios : « Il aurait dû être un coureur de marathon. Cette année encore, il est le meilleur joueur du Panathinaïkos ».

10. Bryan Lluy (Asteras)

Dans cette équipe de l’Asteras aux forts accents argentins, Brian Lluy fait plus que le job. Latéral droit débarqué en août 2013, il va bientôt arriver à la barre des 100 matchs sous la tunique jaune et bleue. Et si cette équipe n’a cessé de progresser, jusqu’à disputer l’Europa League cette année et devenir une valeur sûre de Super League, il n’y est pas pour rien. Les recruteurs grecs ont parfois du flair.

L’avis de Sotiris Milios : « Un arrière droit très fiable, qui, selon moi, est prêt pour la marche suivante ».

Bonus :

Apostolos Giannou (Asteras, 9 buts), Nikolaos Karelis (Pana, 8 buts) et Vangelis Mantzios (Levadiakos, 6 buts), trois attaquants grecs en belle forme. Si les deux premiers sont encore assez jeunes (25 et 23 ans), le second est un peu plus âgé (32 ans), et a déjà pas mal bourlingué. Mais ils pourraient être, tous, de belles solutions une équipe nationale qui doit se reconstruire.

  • Les flops

1. Michaël Essien (Panathinaïkos)

Il était censé être LA recrue phare de l’été en Super League, mais n’a joué que quatre petits matchs. La faute à un corps (trop) fragile pour un joueur dont les belles années sont déjà loin. Grassement payé, il sera très attendu dans une deuxième partie de saison de tous les dangers pour le Pana, et où son expérience du haut niveau doit parler. Mais, quoi qu’il arrive, il ne laissera pas une trace indélébile dans le coeur des supporters. N’est pas Djibril Cissé qui veut.

L’avis de Sotiris Milios : « Il est arrivé blessé, et a fait ses débuts au début du mois de décembre. Rien de plus à ajouter. »

2. Anthony Le Tallec (Atromitos)

Ses deux derniers matchs atténuent sa présence dans les flops (qui avait été décidée avant, pour l’anecdote). En étant impliqué directement sur les deux buts lors des deux dernières victoires sur le fil de l’Atromitos, il a un peu sauvé une moitié de saison décevante. Arrivé de Valenciennes cet été, l’adaptation à la Super League prend un peu de temps. À lui de corriger le tir lors de la phase retour.

L’avis de Sotiris Milios : « C’est la recrue la plus importante dans l’histoire de l’Atromitos, mais ses meilleurs jours semblent être derrière lui ».

Dimitar Berbatov | © Biso
Dimitar Berbatov | © Biso

3. Dimitar Berbatov (PAOK)

Après avoir longtemps espéré un transfert en Premier League, le Bulgare s’est résolu à poser ses valises en Grèce, avec un beau chèque à la clé. Mais son rendement est loin d’être celui espéré, avec trois petits buts. Au-delà des stats, son influence dans le jeu est nulle, et son aura semble un peu paralyser ses coéquipiers, peu habitués à jouer avec ce genre de joueurs. Mais, parfois, son génie ressurgit. Trop rarement.

L’avis de Sotiris Milios : « Deux blessures musculaires, beaucoup de marche sur le terrain, et seulement quelques moments de magie ».

4. Robin Olsen (PAOK)

Arrivé de Malmö cet été pour 650k€ avec la réputation de meilleur gardien suédois, ou presque, celui qui compte 2 sélections avec les coéquipiers de Zlatan n’est pas au niveau escompté. Pire, il s’est montré plutôt fébrile, et Glykos ou Melissas pourraient bien lui piquer sa place. Si ce n’est pas déjà le cas.

L’avis de Sotiris Milios : « Il est arrivé comme le prochain grand gardien de Scandinavie, et il a réussi à devenir un héros de YouTube avec ses innombrables erreurs ».

5. Alan Pulido (Olympiakos)

Son arrivée rocambolesque en provenance du Mexique, via Levadiakos, ne l’a pas placé dans les bonnes conditions. Après plusieurs mois de batailles judiciaires, l’Olympiakos pensait avoir fait le plus dur. Mais, peu utilisé par Marco Silva, il ne s’est pas montré à son avantage. Son avenir proche devrait repasser par le Mexique, histoire de jouer.

L’avis de Sotiris Milios : « Il fut un temps où il était l’un des attaquants les plus brillants du Mexique. L’Olympiakos a réussi à le faire signer après des mois de bataille devant les tribunaux (il avait aussi signé avec le club de Tigres), mais il n’a joué que 15 minutes cette année. »

6. Djamel Abdoun (Veria)

Veria pensait faire un bon coup en faisant revenir en Grèce celui qui formait, avec Rafik Djebbour, une belle doublette à l’Olympiakos. Après quelques années difficiles à Nottingham, Abdoun avait de l’énergie à revendre. Peut-être trop. Son caractère difficile lui cause bien des soucis, autant à lui qu’à son équipe. Demandez donc à son entraîneur.

L’avis de Sotiris Milios : « Veria l’a fait signer pour être le leader de l’équipe, mais l’Algérien a seulement réussi à se battre trois fois avec son entraîneur. »

7. Jens Wemmer (Panathinaïkos)

En allant le chercher à Paderborn, le Pana pensait faire la bonne pioche. Âgé de 30 ans, Jens Wemmer avait une solide expérience dans l’un des tout meilleur football du monde. Sauf qu’en Grèce, la situation est plus compliquée. Dépassé défensivement, il n’est pas étranger à la difficile saison des coéquipiers de Marcus Berg. D’ailleurs, il n’a joué que 3 matchs en championnat. Sûrement pas une coïncidence.

L’avis de Sotiris Milios : « L’un des plus gros flops du Panathinaïkos. Je ne savais pas qu’il avait joué pendant plusieurs années au plus haut niveau en Allemagne. »

8. Alfred Finnbogason (Olympiakos)

La course en tête de l’Olympiakos n’empêche pas la présence de trois de ses joueurs dans ces dix flops de la première moitié de Super League. Très proche d’un prêt au PAOK cet été, il a finalement débarqué au Pirée, après une saison plus que moyenne avec la Real Sociedad. Mais Ideye est arrivé après lui, et les déboires ont commencé pour l’ancien goleador d’Heerenveen, très loin de son niveau. 13 petites apparitions plus tard, pour deux buts (dont un très important sur la pelouse de l’Emirates), l’Islandais est déjà sur le départ, ayant peur que son faible temps de jeu ne le prive de l’Euro, obligeant le club de Marco Silva à chercher une nouvelle pointe pour son attaque.

9. Hernâni (Olympiakos)

Débarqué de Porto en prêt, le Portugais n’est pas un mauvais joueur. Mais après quelques bons matchs, il a lentement décliné, sortant même du groupe de Marco Silva sur la fin, qui le connaissait pourtant bien après avoir coaché au Portugal. Il se murmure même que son prêt pourrait prendre fin dès cet hiver, afin de pouvoir recruter quelqu’un à sa place. Sa technique au-dessus de la moyenne ne lui a pas permis de se faire un place dans le onze très concurrentiel de l’Olympiakos, où Pardo et Sebá semblent avoir les faveurs du technicien lusitanien.

10. Diego Buonanotte (AEK)

Ce n’est pas pour son talent pur qu’il figure dans cette liste. Car là-dessus, Buonanotte est l’un des tout meilleurs en Grèce. On a pu le voir en Coupe, où il a inscrit deux buts plutôt sympathiques. Format de poche (1m61), l’Argentin au parcours difficile n’a bouclé que deux matchs en intégralité. Trop peu pour exercer une influence sur son équipe, malgré 5 buts en championnat et 4 en coupe. Une condition physique fragile, qui limite les possibilités de Gus Poyet. Mais son pied gauche magique pourrait bien régler quelques situations compliquées.

L’avis de Sotiris Milios : « Hors de forme, il n’a presque jamais réussi à jouer 90 minutes dans un match. Seulement quelques coups d’éclats … ».

Martial Debeaux


2015 – Six mois en Grèce – Partie 1

Image à la une : © fck.de

1 Comment

  1. Pingback: L'AEK, le nouvel envol de l'aigle à deux têtes - Footballski - Le football de l'est

Leave A Comment

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.