Les kazakhs avaient déjà de nombreuses raisons d’être fiers de leur beau pays paisible, situé au carrefour des nations et des civilisations. Canyons, forêts, glaciers, lacs idylliques mais aussi désert de sable et sommets enneigés offrent une palette de paysages uniques conférant au Kazakhstan le statut de « plus beau pays du monde ». Avec les jolis parcours européens du Kairat Almaty et surtout du FC Astana, le football devient une autre fierté d’un pays grand comme l’Europe Occidentale. Entre énormes moyens financiers, infrastructures ultramodernes, mais aussi dettes, impayés et gouverneurs régionaux qui font la pluie et le beau temps, tour d’horizon de cette saison riche en succès d’un football émergeant mais fragile.

La sensation Astana

Le FK Astana a réalisé une percée incroyable cette année. Tout juste auréolé de son premier titre de champion, le club de la capitale aura réussi à marquer les esprits pour sa première campagne de Ligue des Champions en décrochant 4 matchs nuls mérités. Et on peut dire que cela n’a pas affecté le championnat disputé sur l’année civile puisqu’Astana a conquis son deuxième titre au finish, devançant le Kairat d’un petit point.


Voir aussi : Astana, le football pour promouvoir la marque


En Ligue des Champions, personne n’attendait Astana plus loin que le deuxième tour de qualifications des barrages. Il faut dire que le tirage avait été rude avec les Kazakhs qui ont du affronter Maribor, bonne surprise de la dernière campagne de Ligue des Champions. La qualification contre une équipe slovène, qui n’avait perdu aucun joueur majeur, fut déjà une sensation. La qualification contre Helsinki à la dernière minute (4-3 au match retour) était une consécration puisqu’une seule équipe kazakhe avait déjà atteint les barrages de cette compétition : le Shakhter Karagandy. Contre APOEL et son expérience de l’Europe, la sentence semblait déjà écrite. Pas de quoi dégonfler les joueurs d’Astana qui s’offrirent l’exploit. Après trois sensations, Gianni Infantino et son célèbre crâne chauve pouvaient avoir le privilège de tirer la boule avec le nom du club kazakh. Le groupe, homogène, était composé de l’Atlético, Benfica et Galatasaray. Tout le monde pensait pouvoir s’offrir 6 points faciles contre le petit poucet, mais la réalité a été toute autre. Si le long vol impensable en direction du gazon artificiel de l’Astana Arena a probablement joué en faveur des locaux (3 matchs nuls à domicile), le dévouement des joueurs très disciplinés tactiquement et la qualité du coaching du bulgare Stoilov ont permis d’espérer jusqu’au bout une qualification, et surtout de gagner le respect de la planète foot. Des regrets peuvent même être nourris au vu du dernier match en Turquie, qui aurait pu se concrétiser par une victoire d’Astana. L’impensable sera peut-être possible la saison prochaine, malgré la dissipation de l’effet de surprise.

En championnat, le succès a été total malgré la forte dépense d’énergie en Coupe d’Europe (12 matchs joués). De plus, les affluences et l’ambiance n’ont absolument rien à voir avec les matchs continentaux qui attirent 30.000 personnes.

Kairat, saison ambiguë

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La saison du Kairat produit une impression assez étrange. En regardant les résultats, on se dit que les joueurs d’Almaty ont rempli leur rôle : une deuxième place en championnat, une victoire en coupe et la participation aux barrages d’Europa League après avoir passé de sérieux obstacles comme l’Etoile Rouge de Belgrade et Aberdeen. Cependant, le sentiment de gâchis en évoquant la saison 2015 du Kairat Almaty a été ressenti.

Sans aucun doute, le Kairat cuvée 2015 était capable de plus. Des blessures de joueurs clés à des moments charnières de la saison ont handicapé le club. De plus, Kairat était à quelques minutes d’accomplir une sensation en menant 2-0 contre un Bordeaux apathique avant que le remplaçant Crivelli ne sorte un geste venu de nulle part pour qualifier son club. Un Bordeaux chanceux ce soir-là, qui détruisit tous les espoirs kazakhs de pouvoir participer aux phases de poule de la Ligue Europa. En championnat, malgré une avance tout au long de la saison, Kairat a craqué. Un remake de 2014 où le club avait bêtement gaspillé une avance considérable sur ses concurrents. Le facteur psychologique a très certainement joué, ce qui pose peut-être les limites du coach slovaque, le très chaleureux Vladimir Vladimirovich Weiss. Au moins, en coupe, la question ne se pose pas. Devant leurs fans, qui avaient effectué un trajet de 24 heures en bus pour atteindre l’Astana Arena, Kairat a gagné sa septième coupe du Kazakhstan en battant le rival de la capitale 2 buts à 1.


Voir aussi : Le gratin Kairat Almaty


Un sentiment mitigé qui convient également à l’évocation du futur du club. Après avoir construit des infrastructures exceptionnelles pour le centre d’entraînement et investit dans la jeunesse et le futur avec une académie de très haut niveau, personne ne peut se porter garant pour l’avenir proche du club. Pourtant, il y a trois ans, l’actionnaire majoritaire à 70%, KazRosGaz, a surpris la communauté footballistique du pays en entreprenant la construction de complexes pour le club suivant le modèle des géants du football européen. Au fil des années, KazRosGaz et les dirigeants du Kairat ont accompli un travail exceptionnel pour reconstruire les infrastructures du FK Kairat qui sont devenues les meilleures du pays et parmi les meilleures du football européen. Après cela, le temps de récolter les fruits du travail accompli semblait arrivé.

Cependant, de nombreux changements sont arrivés à la tête de KazRosGaz. Les nouveaux directeurs envisagent de suivre les conseils du gouvernement de faire des économies dans tous les domaines. Et selon eux, ce qui ne pourrait pas leur rapporter assez vite de l’argent : le football. Trois solutions existent alors : soit KazRosGaz continue le financement du club (ce qui serait le plus simple), soit le club est transféré à la ville d’Almaty, et soit le richissime président du conseil de surveillance du club rachète les parts du club à KazRosGaz. Mais l’homme ne serait pas prêt à dépenser une grosse quantité de ses deniers personnels et certaines personnes haut placées ne seraient pas pour la totale privatisation du club.

Alors que Kairat était promis à un avenir glorieux, l’instabilité s’est désormais installée. Souhaitons que pour le FC Kairat et le football national le bon sens puisse finalement l’emporter.

Présentation vidéo du nouveau centre d’entraînement

Les outsiders

Aktobe

Le célèbre club, cinq fois champion du Kazakhstan, a réalisé une saison nationale conforme à ses attentes, se plaçant derrière les deux géants. En Europa League, toutefois, la déception fut immense puisque Aktobe s’est fait sortir par le modeste Nomme Kalju. Après avoir décroché le match nul à l’extérieur, les Kazakhs ont perdu à domicile dans un stade plein, alors même que les fans avaient entrepris une marche festive en ville avant d’aller au stade. À l’image de ce match, leur début de championnat a été piteux, avant qu’un nouveau coach ne redresse la barre. Avec le changement d’Akim (gouverneur régional), la situation ne risque pas de s’améliorer puisque cela a conduit a une réduction significative du budget du club. L’entraîneur roumain Ioan Andone est en tout cas déjà parti, faute de garanties financières.

Ordabasy

Le podium était l’objectif principal du club de Chymkent (850.000 habitants). S’ils n’ont pas réussi en terminant quatrième, ils pourront se consoler en jouant l’Europa League la saison prochaine. De quoi se rattraper de la décevante élimination cette année au premier tour contre le Beitar Jerusalem. Lors de la mi-saison, le fameux coach qui avait mené Karaganda en barrages de Ligue des Champions, Viktor Kumykov, s’en est allé sans que les raisons soient connues, remplacé par Bakhtiyar Baiseitov. La philosophie de jeu a changé, devenant beaucoup plus orienté vers l’attaque pour le plus grand plaisir des spectateurs. En plus de jouer un football agréable, l’équipe a gardé son efficacité sur coup de pieds arrêtés, ce qui faisait sa force sous Kumykov. La saison prochaine se prépare déjà en Turquie en Décembre, démontrant le sérieux de leurs intentions pour la saison à venir. L’équipe sera probablement renforcée et les éléments forts resteront. Les conditions préalables au podium sont désormais remplies pour un club qui monte en puissance d’année en année.

Atyrau

La ville d’Atyrau est le débouché pour le pétrole du gisement de Tenguiz, le sixième du monde avec des réserves estimées à 9 milliards de barils. La mise en valeur de ce gisement a complètement transformé la ville, devenue un nouvel eldorado pétrolier qui vit au rythme des milliers d’expatriés. Le contexte est posé. Le club, lui, a considérablement progressé passant de la 9ème à la 5ème place. Les pétroliers ont même lutté quasiment jusqu’à la dernière journée pour la quatrième place qualificative en Europe. La tournée européenne attendra. Il y a trois ans, le club avait été victime d’une grave crise financière, faisant chuter l’élan sportif. Depuis, la direction rattrape le travail et le coach, Vladimir Nikitenko, qui a remporté tous les titres au pays ainsi qu’une coupe de Russie, a réussi à créer une équipe soudée. Sans joueurs particulièrement brillants, le collectif a tenu la route, du jeune Kalmuratov, 19 ans, à l’expérimenté Tleshev, 35 ans. Il se pourrait bien que la saison prochaine, l’équipe soit plus puissante, que l’équipe de direction travaille bien et que la catastrophe financière soit définitivement derrière Atyrau.

Irtysh

Irtysh est à créditer d’une saison correcte, pourtant bien loin de ses standards d’antan qui faisaient de lui un moteur de la première ligue kazakhe. Des joueurs comme Fernander Kassai et Carlos Fonseca ont toutefois explosé. En les gardant, tout en incorporant quelques bons joueurs de clubs en difficultés financières, Irtysh pourrait bien titiller le podium la saison prochaine. C’est en tout cas le projet du président qui a des moyens financiers intéressants à sa disposition.

Tobol

Le club de Kostanay a déçu en jouant les play-down au lieu des play-off. Des problèmes financiers avec des retards de salaire de quatre mois ont émaillé la saison de Tobol. Le changement d’Akim a toutefois déjà produit des modifications significatives. De nombreux joueurs d’Aktobe, en difficulté financière, ont été transférés à Tobol. Les objectifs seront ainsi relevés pour la saison prochaine. Pour cela, le coach fortement critiqué, Sergeï Maslenov, est parti. Le maire en personne choisit son remplaçant et Ioan Andone est sur la tête de liste.

Le bas de tableau

Okzhetpes Kokshetau

Le fameux, l’idole, la star Dmitry Sytchev, s’est perdu dans le Nord du Kazakhstan. Il a marqué la bagatelle de 3 buts en 19 matchs pour le club dont le nom signifie « une flèche ne nous atteindra pas ». Pour l’anecdote, au 18ème siècle, le roi Ablai Khan n’arrivait pas à décider quel guerrier allait épouser une fille capturée, demandant à la jeune fille de choisir elle-même. Cette dernière a alors décidé de grimper au sommet de la plus haute falaise du coin en annonçant qu’elle épouserait celui qui atteindrait son crâne avec une flèche. Or, aucun brave guerrier ne réussit. Voilà.

Taraz

Après une bonne première moitié de saison, l’ancien club de Kurban Berdyev s’est écroulé, miné par les problèmes financiers. Les salaires n’étant plus payés, les joueurs menaçaient de boycotter les entraînements, déplacements et même la réception à domicile de Tobol. Toutefois, après moult discussions entre l’Akim, le staff et les joueurs, tous ont joué avec dignité. À noter qu’une polémique a duré toute l’année entre le Claude Puel local, Eugene Yarovenko, et les fans qui reprochaient au coach d’avoir placé son frère au poste d’adjoint et de faire jouer son fils alors qu’il n’a pas le niveau.

Zetysu

Une des rares satisfactions de la saison est l’avènement de Dusan Savic, quatrième meilleur buteur de la compétition. Des clubs du pays le suivent, mais le joueur préférerait rester au club. Beaucoup de questions demeurent sur le club, qui avait accumulé les dettes lors des deux précédentes saisons et qui ne réussit pas à payer toutes les factures. Malgré les grèves des joueurs, les play down ont été accrochés et remportés contre Ust-Kamenogorsk.

Kaisar Kyzylorda

Rien de bon ne peut être dit à propos de Kaisar. La saison des «Loups» a été mauvaise du début à la fin.

La désillusion

Nous avions consacré un article à la situation du Shakhter Karagandy. Une politique à court terme et irresponsable de la région ont conduit à la ruine du club double champion du pays en 2011 et 2012. Au moins, le Shakhter aura réussi à éviter le pire en faisant jouer les joueurs de son académie, faute de mieux. Longtemps dans la zone rouge, le club de Karaganda s’est sauvé lors du tournoi final en play down. Avec toutes les dettes accumulées les dernières années, la situation n’est pas sur le point de s’éclaircir. Le club doit de nombreux arriérés envers les anciens joueurs et membres du staff et on ne voit pas très bien comment il pourrait se sortir de cette ornière.

Le joueur de l’année

gérard gohou, kairat
© sports.kz

La prestigieuse récompense a été attribuées sans surprise à Gerard Gohou du Kairat. La goal machine a réalisé une saison aboutie, terminant meilleur buteur du championnat avec 22 buts en 28 matchs. En Ligue Europa, les compteurs sont également bons puisqu’il a réussi à marquer 4 buts dont un magnifique retourné acrobatique contre l’Etoile Rouge.

En seconde position, trône le milieu du Kairat et du Kazakhstan, Baurzhan Islamkhan. Fin techniquement et dans un rôle de créateur, le capitaine a marqué 7 buts et délivrés 5 passes décisives. Roger Cañas, leader technique d’Astana, figure à la troisième place.

L’espoir de l’année

Né au Kazakhstan en 1994, Georgy Zhukov est parti très tôt vivre en Belgique, dès l’âge de cinq ans. Joueur du Standard Liège depuis 2013, son manque de temps de jeu l’a poussé à accepter la proposition d’Astana qu’il a rejoint en prêt pour un an. Choix payant, puisqu’il a réalisé une saison pleine en jouant tous les matchs de Ligue des Champions (qualifications et poule).

Le coach de l’année

Quand, il y a un peu plus de trois ans, le Kairat Almaty a divulgué le nom de son nouvel entraîneur Vladimir Weiss, qui a dirigé Artmedia, le Slovan Bratislava ou encore l’équipe nationale de la Slovaquie, la nouvelle a fait l’effet d’une bombe au Kazakhstan. Il est tout d’un coup redevenu évident que la capitale du sud allait à nouveau retrouver son statut de géant du football kazakh. Tout au long de son parcours, le Slovaque l’a très clairement démontré. En plus du retour au premier plan, Almaty a développé un jeu tout à fait attrayant. Weiss n’a pas eu peur de faire confiance à de jeunes joueurs, en essayant d’inculquer les principes du beau jeu qui a ravit les fans.

Cependant, le le gagnant du principal duel de coaching au Kazakhstan est Stanimir Stoilov. Ces deux experts d’Europe de l’Est, malgré des similitudes, sont à bien des égards très différents. Le Slovaque préfère un football plus romantique, alors que le Bulgare est beaucoup plus axé sur la rigueur tactique. L’équipe de Weiss possédait de fortes individualités, mais le jeu dépendait trop de la santé et la condition physique des leaders de l’équipe. À Astana, chaque élément semblait interchangeable même si certains sortaient du lot. Avec, à sa disposition, des joueurs moins forts individuellement qu’à Almaty, Stoilov a apporté une cohésion extraordinaire à l’équipe. Chaque joueur possédait une bonne rigueur tactique et fournissait les efforts pour ses coéquipiers. La coordination générale s’en ressentait, comme le grand public a pu le remarquer en Ligue des Champions. Le Bulgare a également permis à certains, comme Bauyrzhan Dzholchiyev, de progresser individuellement de manière spectaculaire.

De son côté, l’équipe d’Almaty avait toutes les cartes en main pour devenir championne du Kazakhstan, et à nouveau, comme il y a un an, elle a perdu son avance. Le sentiment de déjà-vu semble d’ailleurs être la raison principale de la non-prolongation du contrat de Vladimir Weiss.

Le top 10 des buts de la KPL 2015

https://www.youtube.com/watch?v=YogfLTwWLls

Admirez le but number ONE d’Alan Gatagov. Un délice.

L’image et la polémique de l’année

markovic, kairat, almaty
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Le défenseur serbe du Kairat Almaty, Zarko Markovic, n’a pas pu retenir ses larmes après le dernier match de l’année, qui sacrait Astana champion, un point devant son rival. Si Astana n’avait pas battu Aktobe (1-0), Almaty aurait été champion. En apprenant le résultat d’Astana, Markovic a fondu en larmes. Le coach Vladimir Weiss a ajouté en conférence de presse que « certains joueurs pleuraient dans le vestiaire », critiquant au passage le système de la KPL, qui divise par 2 les points après la phase régulière. Sauf pour ceux qui ont un nombre impair, un point est ajouté. Ainsi, Kairat avait 44 points après la phase régulière et Astana 43. A l’entrée des play-off, les deux équipes avaient 22 points. En sachant qu’Astana a gagné le championnat d’un point et que le Kairat avait une meilleure différence de but…

La règle qui n’existera plus en 2016

En matière de règles à la con, le Kazakhstan est très certainement champion. Outre ce point ajouté en cas de nombre impair après la phase régulière, une règle douteuse oblige la participation à chaque match d’un joueur local de moins de 21 ans (le nombre a été réduit, car auparavant il fallait au moins deux joueurs). Lors de chaque rencontre, pendant 90 minutes, un jeune joueur doit jouer, et si il est blessé, un autre jeune doit prendre sa place. Cette règle est critiquée au pays, car cela n’a aucun sens d’introduire artificiellement dans le jeu des joueurs n’ayant pas les qualités requises. Depuis que la règle a été instaurée, il y a sept ans maintenant, la plupart des joueurs en ayant bénéficié ne jouent pas aujourd’hui ou que très peu. Les défenseurs de ce système, eux, mettent en avant le fait que les joueurs nationaux actuels de premier plan, tels que Yuri Logvinenko, Dmitry Shomko ou Bauyrzhan Islamkhan, sont les produits de cette règle, puisque cela leur a permis de gagner de temps de jeu au plus haut niveau.

Mais plus nombreux sont des cas franchement ridicules de joueurs ayant débarqué d’autres pays, avec de faux passeports ou naturalisés précipitamment, avant de se perdre complètement. Par exemple, citons le cas de Madiyar Mouminov et Timur Khalmuratov, deux joueurs ouzbeks au parcours similaire. En 2008, ils se sont retrouvés au Kazakhstan, à Almaty Megaspor, à l’époque où il fallait que deux jeunes joueurs soient alignés. Prétendument kazakhs avec leurs faux papiers indiquant 1989 comme date de naissance, les deux hommes jouèrent pour le club. Sauf qu’en plein cours de la saison, il fut révélé que le premier était né 9 ans plus tôt qu’indiqué et avait déjà joué pour le Metallurg Bekabad. Le second, lui, était né en 1986 et jouait auparavant pour Tachkent Traktor ! Après la divulgation du scandale, les deux hommes furent autorisés à recevoir des passeports légaux et ont pu finir la saison au club…

De plus, les jeunes joueurs kazakhs n’ont pas une courbe de progression extraordinaire. Cela peut se vérifier principalement sur les performances de l’équipe nationale. Le niveau du football au Kazakhstan est élevé car les étrangers relèvent le niveau. Toutefois, au vu du financement investi dans les infrastructures de base, nul doute que la qualité des futurs jeunes s’améliorera grandement.

Le chanceux

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Quel garçon chanceux ! L’international kazakh et joueur d’Astana Bauyrzhan Dzholchiev était juge de l’élection de Miss Astana. Le genre de concours où Footballski aimerait bien être invité…

Pour information, la gagnante est la jeune fille de 21 ans Kamila Temirova. Elle succède à Asiya Abisova et a remporté le prix d’un million de tenge en plus des cadeaux de sponsors et des bijoux. Le concours vise à promouvoir les valeurs de la famille chez les jeunes et à favoriser l’engagement, la participation à la vie sociale et une vie saine dans le développement des jeunes filles.

L’ambitieux projet

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© sports.kz

Dans cet article, nous ne parlons que très peu de la sélection kazakhe, éliminée piteusement des qualifications à l’Euro 2016. Cependant, le niveau du football kazakh ne cesse de s’améliorer et ce sport attire de plus en plus les jeunes. Pour preuve, le nombre d’enfants à s’inscrire dans les écoles de football se situe maintenant à environ 400.000. Pour répondre à un nouveau besoin, la Fédération de football kazakhe a entrepris l’ouverture le 1er Décembre d’une académie de football à Shymkent qui comporte neuf terrains, en attendant les académies de football dans trois autres régions, à Ust-Kamenogorsk (Football Academy « Shygys »), Aktobe (« Batys ») et dans la capitale, à Astana. Pourquoi débuter par Shymkent? Tout simplement car les conditions météorologiques sont plus favorables dans le sud du Kazakhstan et que la région abrite un grand nombre d’apprentis footballeurs. Parmi les 600 enfants pré-sélectionnés de la région de Shymkent (nés entre 2001 et 2004), 65 ont été retenus. Pour effectuer ces sélections, quoi de mieux que des formateurs de la Masia, réputée comme la meilleure académie du monde? La fédération a donc réussi à dégoter cinq formateurs de Barcelone qui viennent au Kazakhstan pour assurer la formation de la nouvelle académie, en attendant de collaborer pour les futures.

A noter, qu’en 2009 la fédération avait déjà entrepris des projets pour le développement du football au Kazakhstan, grâce à un partenariat avec l’académie internationale Olé Brasil Futebol Clube. L’accord signé entre Nazarbayev et Lula prévoyait que les apprentis passent neuf mois au Brésil chaque année pendant trois ans, avant de retourner au pays pour devenir footballeur professionnel. Au terme de ce processus, les jeunes ont l’opportunité de jouer pour le club du FK Bayterek (D2), créé pour l’occasion en 2012, à la fin des études footballistiques brésiliennes de la première génération à avoir eu accès au programme. Si les Pelé et Ronaldinho kazakhs n’ont pas éclos, beaucoup jouent désormais dans des clubs kazakhs de première division et sont habitués aux équipes de jeunes. Deux d’entre eux de la première génération ont même réussi à signer avec des équipes brésiliennes après leurs « études », dont Saryev avec l’Atletico Mineiro. Pour l’anecdote, le FK Bayterek, basé à Astana, a terminé 12ème du championnat de Division 2 en 2015.

La chute du pétrole décime la seconde division

En connaisseur averti de la géopolitique, vous n’êtes pas sans savoir que le pétrole a une importance majeure dans l’économie du pays. Or, il est à son niveau le plus bas depuis 11 ans. Au rang des explications, une offre surabondante par rapport à la demande dû à l’essor de la production américaine et au refus de l’Opep de réduire sa production afin de soutenir les cours à la hausse. Les perspectives pour un rééquilibrage ne sont pas meilleures puisque le marché sera saturé jusqu’à fin 2016 notamment en raison d’un ralentissement de la demande et d’une nette progression de la production de l’Opep. Sans compter que la production américaine se révèle plus résistante que prévue et le retour de l’Iran ou l’augmentation de la production en Libye. Conséquence de cette chute, le Kazakhstan a été contraint de laisser évoluer librement sa monnaie. Cette dernière, le tenge, a depuis perdu 40% de sa valeur.

Une situation qui atteint principalement la situation des petits clubs comme nous l’avons vu avec les difficultés des clubs de bas de tableau de première division. La rengaine est la même pour ceux de seconde division. Les premiers effets sont déjà tombés, avec des conséquences désastreuses. Bulat AMT, troisième de l’exercice 2015, s’est vu retirer toutes ses sources de financement par l’Akim de la région de Karaganda, qui préfère les consacrer au Shakhter. En sachant la rivalité entre les deux clubs, la situation ne manque pas d’ironie. Une nouvelle désastreuse pour la ville de Temirtau (170.000 habitants) qui se voit retirer son club professionnel existant depuis 1969, et toutes ses équipes de jeunes avec les conséquences que cela engendre.

Une autre situation ubuesque est la décision de l’Akim du Kazakhstan-Est de fusionner le FK Vostok Ust-Kamenogorsk (second du dernier exercice) et le Spartak Semey (sixième), deux clubs situés à l’extrême est du pays. Le nouveau club se nomme Altay et occasionne la fureur des supporters des deux camps, dont les deux clubs ont chacun leur riche histoire. Le Spartak a été fondé en 1964 et a été trois fois champion du Kazakhstan (1994, 1995, 1998). Après ces succès, le club est rentré dans le rang à cause de l’abolition de la région de Semey pour créer la grande région du Kazakhstan-Est. Tout le support financier de la région est alors allé au FK Vostok, club de la capitale de la région fondé en 1963, ce qui a avivé les tensions entre les deux clubs. Le derby, désormais en seconde division, a réuni en 2015 à l’aller comme au retour des stades complets avec une atmosphère électrique. Il est même considéré comme l’un des derbys les plus chauds du pays. Toute la communauté footballistique du pays se mobilise actuellement pour faire échouer ce projet.

Un autre club devrait logiquement se retirer de la deuxième division : Baykonur, club filial du Kaisar qui descend en seconde division puisque dernier de KPL. Le deuxième club de l’oblys de Kyzylorda, dont la ville est réputée mondialement pour son cosmodrome, va donc être rejeté au niveau inférieur.

Qui sera le prochain?

Damien Goulagovitch

Image à la une : © fckairat.kz

4 Comments

  1. Anonyme 27 décembre 2015 at 11 h 25 min

    Je suis coach en France et il me déplaire pas de faire une pige la bas.avis aux amateur.

    Reply
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