Nouvelle rubrique et nouveau venu sur Footballski. Après quelques articles parus, l’Allemagne de l’Est fait officiellement son entrée sur le site. Ainsi, un lundi par semaine, durant le mois d’Octobre, un article d’une série intitulée Octobre Rouge sera publié sur le site avec, pour but, de revenir sur le football est-allemand, son histoire, son évolution, sa représentation, son lien avec l’Europe de l’Est ou encore avec ses tribunes, ses supporters et ses ultras.

Avant-propos :  l’article qui suit est une contribution au site 120Minuten.net, spécialisé dans les longs formats sur le football et ses aspects sociétaux. La version définitive, consacrée à la question de la tradition chez les supporters de l’est de l’Allemagne, y sera publiée prochainement (en allemand).

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Lire aussi : #1 Octobre Rouge – Le paradoxe de la représentation de l’Est dans l’équipe nationale allemande


J’ai plusieurs fois entendu cette phrase : « quand on n’a pas d’avenir, on se tourne vers le passé ». Je trouve qu’elle résume toujours assez bien la situation du football en ex-RDA. En tant qu’étranger, j’ai été surpris par le nombre de personnes et de médias locaux qui, lors de la saison 2015-2016, employaient l’expression « DDR Oberliga 2.0 », pour désigner la 3. Liga, le plus petit échelon national et professionnel du football allemand, où s’affrontaient la saison dernière huit clubs de l’ancienne Oberliga (la Bundesliga de l’Est, pour faire court), un record. Si l’on considère que la RDA était une dictature, il semble normal qu’après la Réunification on ait cherché à en effacer toute trace dans le but de se tourner vers l’avenir que représentait l’Allemagne réunifiée. Mais ce serait faire fi de la normalité apparente du quotidien de la société allemande de l’Est.

En quarante ans d’existence, soient deux générations, il s’est développé une mentalité autre. Une mentalité « de l’Est », pas forcément acquise au Socialisme, mais pourtant différente de celle qui s’est construite dans la RFA libérale au cours de la Guerre froide. Lorsque j’évoque l’ostalgie avec des individus issus de différentes générations, cette sympathie pour la RDA se traduit, qui par son côté social, qui par les relations humaines plus chaleureuses, qui  par le coût de la vie moins élevé, qui par l’ordre plus apparent, qui par l’absence d’immigrés visibles… L’ostalgie existe, mais elle n’est pas un phénomène de masse, elle est basée sur le vécu et le ressenti personnel de chacun. Car la conclusion est souvent la même : nul ne souhaite que le Mur soit rebâti, que la RDA se reforme ; particulièrement la jeune génération, trop contente de pouvoir profiter de certains avantages pratiques de l’intégration européenne, tels l’abolition des frontières ou l’Euro comme monnaie unique. Un retour en arrière trancherait radicalement avec ce cadre de vie dans lequel ils se complaisent.

Il était donc impossible que la Réunification efface totalement cet héritage, tout comme il était difficile d’empêcher les parents et grands-parents ayant vécu pleinement cette époque d’éduquer leurs enfants selon des principes qui les avaient eux-mêmes, pleinement ou partiellement, formés. Voilà pourquoi la génération actuelle des fans actifs et des ultras utilise de nombreux codes qui rappellent la RDA, bien qu’ils ne souhaitent pas s’y identifier, au vu de l’image négative qu’elle connote.

La tradition, ce combat identitaire permanent

La notion de « tradition » dénote un sens tout particulier en Allemagne, où l’on opère en permanence une dichotomie entre Traditionsvereine (équipes de tradition) et Kommerzvereine (équipes commerciales). Compliquée à définir, elle ne peut pas être seulement liée à la longévité du club, ni à son éventuel statut commercial, sans quoi une équipe d’entreprise comme le Bayer Leverkusen, fondé en 1904, pourrait revendiquer plus de tradition que le Dynamo Dresde, fondé en 1953. La tradition est liée aux valeurs d’une équipe, à la fidélité de son public (27,000 spectateurs de moyenne à Dresde alors que le club évoluait en troisième division) et à tout un ensemble de symboles, tels que le nom, l’ancrage local, le stade (à Magdebourg, les fans continuent d’appeler Heinz Krügel Stadion la MDCC Arena), le palmarès (les dix titres d’affilée du BFC Dynamo entre 1979 et 1988), des matchs marquants (le fameux « penalty de la honte » entre le Lokomotiv Leipzig et le BFC Dynamo en mars 1986), un éventuel parcours européen (la victoire en C2 du FC Magdebourg contre le Milan AC en 1974), ou des joueurs devenus mythiques (Torsten Mattuschka à l’Union Berlin).

La tradition n’est d’ailleurs pas liée à la réussite : les fans d’équipes comme le Lokomotiv Leipzig (qui a été promu en quatrième division cette année) ou le FC Carl Zeiss Iéna (évoluant également en quatrième division) revendiquent plus de tradition que des équipes comme le VfL Wolfsburg (pourtant en Bundesliga depuis dix-neuf saisons d’affilée) ou le TSG Hoffenheim (financé par un investisseur local). On pourrait ainsi affirmer qu’à défaut de réussite sportive, la tradition est la seule réussite dont les équipes de l’Est peuvent se vanter. CQFD.

À l'occasion de la Coupe du monde 2014, un drapeau de la RDA avait été brandi lors d'un rassemblement public. " De mauvais goût ", pour les associations de défense des victimes du régime communiste | © BZ, David Heerde
À l’occasion de la Coupe du monde 2014, un drapeau de la RDA avait été brandi lors d’un rassemblement public.  » De mauvais goût « , pour les associations de défense des victimes du régime communiste | © BZ, David Heerde

Une réunification sportive empreinte d’échec

Les équipes de l’Est, à l’instar d’autres pans de la société allemande de l’Est, ont profondément souffert de la Réunification. En effet, la RFA a été contrainte de les intégrer dans son championnat. Pourtant la Bundesliga avait un niveau suffisamment élevé pour se passer des services de son ancienne consœur de l’Est. C’est ainsi qu’a été décidée la règle dite du « 2+6 », qui intégrerait à l’issue de la saison 1990-1991, deux équipes de l’Est en Bundesliga et 6 en 2. Bundesliga. Ce sont donc au total 6 équipes de première division (sans compter celles de deuxième division) qui ont été laissées sur le carreau et ont dû redémarrer de zéro au plus bas des échelons régionaux et locaux. De plus, le départ des meilleurs talents de l’Est vers des équipes de l’Ouest, où les salaires étaient plus attractifs, a contribué à affaiblir le niveau de jeu des clubs de l’Est et les a empêché de s’intégrer correctement dans le championnat réunifié. Enfin, le passage d’un système soviétique de gestion des clubs à un système libéral a porté le coup de grâce à ces équipes de tradition qui n’ont pas su s’adapter à la réalité du football des « gagnants » de la Guerre Froide, basé sur le capitalisme et le professionnalisme. Le démantèlement des Betriebssportgemeinschaften (communautés sportives d’entreprises), non-remplacées par de riches investisseurs privés ont fini d’achever le soutien financier des équipes de l’Est, pourtant indispensable dans le football de la fin du XXe siècle et qui perdure encore de nos jours.

Un ancrage local hors du commun

Pourtant la mauvaise situation des clubs de l’Est ne les empêchent pas de continuer à rameuter un public, souvent local certes, toutes les deux semaines. L’exemple du Dynamo Dresde est le plus flagrant. Avec 27,000 spectateurs de moyenne, le club de la capitale saxonne, qui vient de remonter en 2. Bundesliga, est l’illustration de la formule « Liebe kennt keine Liga » (l’amour ne fait pas la différence entre les divisions), si chère aux équipes de tradition. Dans le K-Block, le kop local, ce sont en moyenne 9000 spectateurs qui encouragent leur Dynamo avec rage et passion lors de chaque rencontre à domicile. L’un des chants les plus marquants fait écho au passé européen de la Florence de l’Elbe :

Ich hatte nen Traum und dieser Traum war wundervoll
Europacup – ein Auswärtsspiel, in Amsterdam
Alle Dresdner im Block, sangen nur ein Lied für Dich
O Elbflorenz – Ihr kämpft für uns, wir für Dich!

(J’avais un rêve et ce rêve était merveilleux
Coupe d’Europe – un match à l’extérieur à Amsterdam
Tous les Dresdois dans le bloc chantaient un chant pour toi
Ô Florence de l’Elbe – vous combattez pour nous, nous combattons pour toi !)

Même son de cloche à Magdebourg :

Von Hamburg bis nach Liverpool
Von Glasgow bis Athen
Der 1.FC Magdeburg
Wird niemals untergehen.

(De Hambourg jusqu’à Liverpool
De Glasgow à Athènes
Le 1. FC Magdebourg
Ne disparaîtra jamais.)

A Aue, bien que le club ait été rebaptisé FC Erzgebirge Aue en 1993, les ultras, mais également le speaker en début de match, continuent d’appeler leur équipe par son nom allemand de l’Est : BSG Wismut Aue. Plus étonnant encore au fanshop officiel, des écharpes mentionnant cette appellation sont proposées à la vente. A Magdebourg, il est également possible de se procurer des écharpes marquées du drapeau de la RDA. À Berlin, rares sont les fans du BFC Dynamo qui continuent de s’affichent avec des produits floqués du nouveau logo, un ours berlinois sur fond de bandes bordeaux et blanches, moins connoté politiquement. Ceux-ci lui préfèrent des produits non-officiels, mais reprenant le logo datant des années communistes.

Au Friedrich-Ludwig-Jahn-Sportpark, antre du BFC Dynamo, en 2015 | © turus.net, Marco Bertram
Au Friedrich-Ludwig-Jahn-Sportpark, antre du BFC Dynamo, en 2015 | © turus.net, Marco Bertram

On constate donc que le public se complaît dans le maintien d’éléments provenant d’un pays disparu, mais qui évoquent des heures plus glorieuses dans l’histoire de leur club, sans pour autant nier la situation difficile dans laquelle il est plongé à l’heure actuelle. Il est naturel de souhaiter la réussite sportive de son club, puisqu’il s’agit là du principe élémentaire de la compétition sportive. Le fait de refuser de renoncer à ses valeurs ou à des éléments identitaires forts n’est pas propre à l’est de l’Allemagne. La notion de tradition est présente dans toute la République fédérale. Personne ne refuserait une aide financière extérieure, si cela pouvait aider le club à améliorer sa situation. Mais à la seule condition que l’investisseur respecte l’identité et la tradition – ce qui signifie in extenso le public – de l’équipe dans laquelle il place ses billes. C’est cette raison qui a poussé les fans de la BSG Chemie Leipzig (à l’époque rebaptisé FC Sachsen Leipzig) à refuser le sponsoring de Red Bull qui souhaitait changer le logo et les couleurs du club, avant de se tourner vers le SSV Markranstädt, moins exigeant en la matière (mais également moins porteur de tradition) en 2009.

Divisés jusqu’à quel point ?

Peut-on parler de deux footballs en Allemagne, comme l’on peut parler de deux pays, un quart de siècle après la Réunification ? L’expression « zweitklassige Bürger » (citoyens de seconde classe) est parfois utilisée par les déçus de l’Allemagne réunifiée, mais plutôt que de parler de deux mondes distincts, on peut plutôt évoquer des régions économiquement défavorisées, notamment par un manque d’investissements tant publics que privés, ce qui se traduit directement par un niveau footballistique plus faible qu’à l’Ouest. Pourtant, depuis l’explosion du mouvement ultra dans toute l’Europe après la Guerre froide, la scène allemande apparaît comme relativement unifiée en matière d’identité et de moyens d’actions (tifos, drapeaux, chants, déplacements). Des campagnes telles que « 12 : 12 » (insistant sur l’importance des ultras pour assurer l’ambiance en tribune) ou « Nein zu RB » (contre l’existence du RB Leipzig) sont représentatives de la possibilité d’une unité nationale de la scène ultra lorsque la défense de valeurs primant sur les particularismes devient nécessaire. En consultant les sites de ces campagnes, on remarque des groupes ultras les soutenant à l’Ouest comme à l’Est.

Le logo du Hansa Rostock revisité lors d'un match contre le Dynamo Dresde en 2014 | © Joachim Kloock, rostock-heute.de
Le logo du Hansa Rostock revisité lors d’un match contre le Dynamo Dresde en 2014 | © Joachim Kloock, rostock-heute.de

Néanmoins, on considérera que le but final des groupes ultras dépasse le cadre de l’arène et de la mission d’animation qui s’y déroule lors de chaque rencontre, pour se concentrer sur une compétition inter-groupes informelle, dont le vainqueur serait le groupe renvoyant l’image la plus violente, la plus virile, la plus dominatrice. Dans ce domaine, les groupes issus de l’ancienne RDA apparaissent comme particulièrement défiants vis-à-vis de leurs adversaires, tant régionaux que nationaux. Ils affirment souvent ne pas avoir d’amitié officielle avec d’autres groupes, mais comptent cependant de nombreux ennemis revendiqués, qu’ils n’hésitent pas à provoquer dans l’arène, dans des médias spécifiques tels que les fanzines, mais également en ligne, l’avènement des réseaux sociaux ayant grandement contribué au développement de cette tendance, où revendication et provocation sont devenus permanentes et non plus ponctuelles. « Wilde Osten » (l’Est sauvage), « Härter als der Rest » (plus dur que le reste) sont des expressions récurrentes pour désigner la scène issue des nouveaux Länder, qui dans ce jeu d’ « image » revendiquent volontiers leur appartenance à la grande région de l’Est qui reprend les frontières de l’ex-RDA, contrairement à leurs homologues de l’Ouest qui restent cantonnés à l’échelon local voire régional, mais ne se définissent jamais comme Wessis. Ce vocable reste l’apanage des supporters issus des territoires orientaux.

Le futur de l’Est donne-t-il des ailes ?

Depuis la relégation de l’Energie Cottbus en 2009, plus aucune équipe de l’Est n’est présente en Bundesliga. Une disparité entre Ouest et Est à l’image des difficultés que rencontrent les nouveaux Länder dans de nombreux domaines. Pourtant, à l’issue de la saison 2015-2016, une équipe saxonne a rejoint l’élite pour la première fois de son histoire : le RB Leipzig. Mais rares sont les fans actifs qui considèrent ce club fondé en 2009 par le consortium Red Bull comme une « équipe de l’Est ». Le terme original, Ostverein, est plus lourd de sens que la simple provenance géographique du club : il fait référence à son passé en RDA et à la tradition qu’il véhicule. C’est pourquoi on ne parle pas de Westvereine (équipes de l’Ouest) pour désigner les équipes des anciens Länder de RFA, et c’est également pourquoi le RB Leipzig est devenu la première équipe de l’Est qui ne soit pas une Ostverein.

En cause, son absence de tradition (l’équipe a été créée en 2009), son caractère commercial et le fait que son actionnaire majoritaire ne soit pas issu de la région. Pourtant, un autre son de cloche résonne dans la Messestadt, où de nombreux fans considèrent le RB Leipzig comme l’équipe locale la plus populaire. Ces fans sont tout à fait satisfaits du statut de leur club et font fi de sa vision commerciale du football, trop contents de pouvoir supporter une équipe talentueuse, enchaînant les bons résultats dans une arène moderne. La rivalité régionale les empêchait de supporter une équipe comme le Dynamo Dresde et pour beaucoup de parents, il était inconcevable d’accompagner leurs enfants dans des stades en proie à la violence, comme ceux du Chemie et du Lok Leipzig. Le projet RB Leipzig ne trouve ses détracteurs qu’au sein des groupes ultras et de certains fans de Traditionsvereine, et il a l’avantage de poser la question « à qui appartient le football ? », mais ceci est un autre débat. Vouloir imposer le rejet massif du projet RB Leipzig reviendrait d’une certaine manière à ne pas respecter le public « neutre » de la ville de Leipzig et l’aspiration naturelle de ces fans à supporter une équipe locale pleine de réussite sur le plan sportif, au sein d’une région en crise, qui aspire désespérément à améliorer sa situation. D’ailleurs, nombreux sont ceux qui ne rêvent pas encore de la Ligue des Champions. Pour d’aucuns, la convocation en équipe nationale de l’un ou l’autre joueur de l’effectif serait déjà une victoire en soi et une preuve de l’implantation réussie du RB Leipzig dans le paysage footballistique allemand.

Tifo des fans du RB Leipzig en mai 2015, à l’occasion du millénaire de leur ville

Retour au bercail

A la différence d’un pays comme la France, où la notion de tradition n’est pas autant ancrée au sein de l’identité culturelle des supporters, les supporters allemands n’ont pas pour coutume de changer « leur » équipe au cours de leur vie. De surcroît, leur choix se porte le plus souvent sur un club local, mais les jeunes générations sont plus enclines à choisir une équipe plus forte sportivement, car leur intérêt pour la chose footballistique est davantage porté sur la culture du résultat que sur celle des valeurs et de la tradition. Néanmoins, l’exemple de la remontée du 1. FC Magdebourg en 3. Liga la saison dernière a permis de recruter un nouveau réservoir de jeunes supporters qui troquent désormais leur maillot du Bayern Munich ou du Borussia Dortmund pour celui de leur ville, ce qui apparaît comme plus logique dans la conception traditionnelle du supportérisme allemand.

La vision qu’ils ont de leur équipe reste cependant différente de celle de leurs parents ou de leurs grands-parents qui ont connu les heures de gloire de l’équipe. Pour eux, une nouvelle histoire s’écrit, celle au sein du football réunifié, dans l’Allemagne réunifiée, leur Allemagne. C’est pourquoi il apparaît paradoxal que les ultras les plus jeunes (âgés de moins de trente ans) utilisent un vocable et des codes visuels rappelant la RDA, une époque avec laquelle ils ne veulent majoritairement pas être associés au vu de son caractère dictatorial, dans la construction de leur identité en tant qu’individu. Mais que l’on le veuille ou non, la Réunification n’a eu lieu qu’il y a un quart de siècle et il est impossible de changer en un aussi court laps de temps les mentalités et la manière d’éduquer ses enfants, ce qui explique pourquoi les plus jeunes aujourd’hui encore emploient le terme « Osten » (l’Est) pour parler de leurs origines et de leur région.

Pour casser (un peu) le mythe

Les supporters des équipes de l’ex-RDA ne sont pas si différents de leurs homologues de l’Ouest, et l’utilisation en tribune d’éléments rappelant la RDA ne doit pas être comprise sous le sens de l’ostalgie, mais bien celui d’une contre-culture et d’une certaine forme de provocation à replacer dans le contexte socio-économique défavorable que connaissent les nouveaux Länder depuis 1990. Mais la situation évolue et l’exemple du RB Leipzig, bien que celui-ci n’héberge officiellement aucun groupe ultra, est symbolique de ce changement, davantage tourné vers une assimilation progressive de cette contre-culture qui fait fi d’une quelconque influence de la RDA et se concentre plutôt sur le travail de représentation régionale. Preuve en est que les fameux Ostderbys (derbys de l’Est) tant mis en scène par la chaîne régionale MDR ne sont que des arguments marketing pour gonfler les chiffres d’audience. Dans le stade, ces rencontres n’attirent pas davantage de spectateurs que lors des matchs opposant les équipes de l’Est à des équipes de l’Ouest. Leur avantage majeur est qu’elles réunissent des équipes issues de la même zone géographique du pays au sein d’une compétition nationale.

Vingt-cinq ans après la Réunification, le football allemand de l’Est semble enfin opérer sa mue au sein du football réunifié. L’échec de la règle du « 2+6 » semble appartenir au passé et les équipes des nouveaux Länder apprennent progressivement à s’intégrer dans le modèle capitaliste du football, sur des bases financières saines, parfois avec des investissements conséquents et qui viennent compléter un public à la foi et à la fidélité indéboulonnables. Si le football doit être considéré comme une affaire de valeurs, c’est sans aucun doute à l’Est de l’Allemagne que celles-ci transparaissent le mieux.

Julien Duez


Image à la une : Un drapeau du K Block | © ultras-dynamo.de

2 Comments

  1. lalagzzzzz 10 octobre 2016 at 20 h 04 min

    « Depuis la relégation de l’Energie Cottbus en 2009, plus aucune équipe de l’Est n’est présente en Bundesliga. » Quid du Hertha, fondé en 1892 et qui a lui aussi connu la réunification? L’équipe est-elle aussi considérée comme une « Traditionsvereine »?

    Reply
    1. hobe49 11 octobre 2016 at 18 h 44 min

      Le Hertha est situé du côté ouest de Berlin et a toujours évolué en Bundesliga ( 1 ou 2 ) avec des faits de gloires plutôt dans les années 70 ( vice-champion , 2 finales de coupe , 1 demie de C3 …) et en terme de tradition , il se pose là avec ses titres de champion de 1930 et 31 sans parler du stade où il évolue , cadre des JO de 1936 .

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