Pour ce début de saison, Footballski vous propose de découvrir une nouvelle rubrique avec « Ma vie à l’Est. » Le principe est simple : rentrer dans la vie d’un joueur de football tout le long de sa saison et lui laisser carte blanche afin qu’il puisse s’expliquer sur tous les sujets qui peuvent l’intéresser ; du football en passant par la musique, la nourriture, vous saurez tout d’eux. Pour lancer la rubrique, nous avons décidé de choisir Mathias Coureur, actuellement joueur du Dinamo Tbilissi et légende du Cherno More Varna, son ancien club. Ainsi, tous les mois, vous aurez l’occasion de suivre les aventures du Martiniquais en Géorgie à travers ses écrits.


Il y a un an, je vous avais quitté après une interview pour Footballski en tant que joueur du Cherno More Varna et des victoires en Coupe et Super Coupe de Bulgarie. Depuis, un long chemin a été parcouru et ma route m’a emmené à quitter Varna et son magnifique club pour rejoindre la Géorgie.

© Mathias Coureur / Footballski
© Mathias Coureur / Footballski

À vrai dire, ce ne fut pas une décision facile pour moi. Bien que je sois supporter du PSG depuis mon enfance, mon aventure à Varna a fait du Cherno More mon autre club de cœur. J’ai connu énormément d’émotions sur les bords de la mer Noire. C’est ici où ma carrière a véritable décollée ; ici où des supporters ont commencé à scander mon nom. C’est aussi ici que j’ai su me faire une certaine place dans l’histoire d’un club en devenant l’un des acteurs importants dans une course unique pour des trophées qui l’étaient tout autant. Au final, quitter ce club n’a pas été facile avec, pour couronner cette histoire, un dernier match au-delà de mes attentes avec un but et, surtout, des centaines de supporters scandant mon nom et ne voulant pas quitter le stade afin de nous saluer mutuellement. Une communion avec des supporters qui m’ont tant donnée et que je ne pourrai oublier.

Pour être totalement franc, rester dix ans dans ce club ne m’aurait pas dérangé. Loin de là. Mais comme de nombreux footballeurs, j’avais le rêve de pouvoir goûter à la Ligue des Champions. Un rêve malheureusement inaccessible pour le Cherno More Varna. J’aurai pu l’atteindre en restant en Bulgarie et en signant avec un gros club du pays, mais par respect pour le Cherno More et ses supporters, mon seul club bulgare reste et restera celui-là. Du coup, direction la Géorgie et le Dinamo Tbilissi. Le plus gros club du pays.

© Mathias Coureur / Footballski
© Mathias Coureur / Footballski

Pour beaucoup de Français, le Dinamo ne fait pas franchement rêver, mais à l’Est, et encore plus en Géorgie, ce dernier reste l’un des grands du football européen. J’aurai pu signer en Pologne également, mais la Ligue des Champions était mon grand rêve et seul le Dinamo pouvait me l’offrir. De plus, le club n’a pas hésité à me faire comprendre son envie de me voir porter son maillot en m’invitant rapidement visiter ses installations grandioses. Ils m’ont aussi fait rêver avec ce stade immense qui, de leurs mots, « accueille soixante mille personnes en Coupe d’Europe », avec vidéo du match contre Tottenham à l’appui. Bon, dans la réalité, ce n’est pas tout à fait le cas … Qu’importe.

© Mathias Coureur / Footballski
© Mathias Coureur / Footballski

Mes premiers pas en Géorgie ont été quelque peu folkloriques et j’ai très rapidement été bizuté par les habitants de la ville. Dès ma première sortie de l’aéroport, j’ai réussi l’exploit de me faire carotter par un « taxi ». En fait, si vous allez en Géorgie, préparez-vous à subir un code de la route parallèle. Ici, tu peux devenir taxi en une semaine, il te suffit de payer 80 Lari et de suivre un petit stage extrêmement court te donnant le droit d’être officiellement taxi. Des taxis qui n’ont aucun compteur de kilomètres et qui, du coup, te font payer « un prix à la louche. » Au lieu de payer les 3 Lari habituels, mon chauffeur du jour a réussi l’exploit de me faire lâcher 15 euros. Un bizutage dans les règles de l’art.

© Mathias Coureur / Footballski
© Mathias Coureur / Footballski

Plus généralement, les conducteurs en Géorgie sont relativement tarés. Depuis ma venue au pays, j’ai eu le droit à une voiture sans aucun capot, une autre sans pare-brise ou encore un autre ayant un bout de bois en guise de boite de vitesse. Pas franchement le truc le plus rassurant. Heureusement, en dehors de ça, Tbilissi est une belle ville. On se sent véritablement dans une capitale et, si ce n’est pas la plus vendeuse, car elle ne porte pas le nom de Paris, elle reste malgré tout très agréable à vivre et est très animée. Il y a bien évidemment quelques quartiers craignos, mais les vieux quartiers historiques et les hauteurs de Tbilissi sont uniques et très agréables à vivre.

Au niveau du football, je suis en phase de découverte. J’apprends à créer du lien avec mes coéquipiers et je dois encore travailler physiquement pour être au niveau. J’ai hâte d’être à 100% et montrer ce que je sais faire. Avant d’entamer notre parcours européen, on a eu l’occasion de s’en aller en Autriche pendant quelques semaines afin de réaliser notre préparation physique – pour le moins très physique. Pour faire simple, mes journées étaient rythmées par trois entraînements intensifs par jour et entrecoupées par de la sieste. Beaucoup de siestes. Si ma première prépa physique en Bulgarie était déjà intensive physiquement, celle avec le Dinamo m’a littéralement vidé. Jusqu’à ne plus pouvoir marcher et avoir comme seule envie de dormir toute la journée afin de retrouver quelques forces.

© Mathias Coureur / Footballski
© Mathias Coureur / Footballski

Sur les terrains, notre parcours européen a débuté avec une qualification face aux Arméniens d’Alashkert où l’on pouvait sentir une certaine haine entre les deux camps. Après ça, on a eu l’occasion de se frotter à un adversaire plus réputé et redouté : le Dinamo Zageb. Une double conformation qui se solda par un échec avec une défaite logique dès le match aller qui a malheureusement tué tous nos espoirs. Si le staff nous disait de suivre attentivement Marko Rog, mention spéciale pour Ante Ćorić qui m’a fait très forte impression et est destiné à être un futur grand. Dès les premières minutes du match, j’ai eu l’occasion de le voir analyser nos failles pour, par la suite, les exploiter de la meilleure des façons. Et ça n’a pas loupé avec une passe décisive et un but à son actif.

En attendant le PAOK, direction Sachkhere afin d’y affronter Chikhura. Autant vous dire que je ne sais pas franchement où je vais (rires) !

Mathias Coureur / Tous propos recueillis et retranscris par Pierre Vuillemot pour Footballski


Image à la une : © Mathias Coureur / Footballski

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