Footballski a eu la chance de s’entretenir longuement avec Pape Daouda M’Bow, ancien joueur de l’Olympique de Marseille aujourd’hui à l’Atromitos, en Grèce. Un entretien plein de sincérité et de recul sur une carrière faite de haut et de bas.

Commençons par le début. Où as-tu débuté le football ?

C’est assez simple. Je viens d’un centre de formation qui est au Sénégal, à Dakar. Après, j’ai été supervisé par Christian Larièpe, qui était l’entraîneur de la réserve de l’Olympique de Marseille. J’ai signé mon premier contrat stagiaire au Sénégal, et je suis arrivé au centre de formation de l’OM à 17 ans.

L’adaptation entre le Sénégal et Marseille n’a pas été trop dure ?

Disons que ça a été dans les deux sens. J’ai trouvé là-bas pas mal de Sénégalais, et moi j’étais le dernier d’entre eux à être arrivé. En même temps, il y a avait pas mal d’Africains à l’OM. Ça a un peu facilité mon adaptation. Tout est allé un peu trop vite pour moi. Je suis arrivé à 17 ans et demi, à 19 ans je faisais mon premier match et je signais mon premier contrat professionnel. Je suis rentré à Rennes, comme arrière droit. Krupoviesa avait pris un carton rouge. Gerets m’a fait rentrer, et c’était mon premier match en pro.

Tu faisais beaucoup d’aller-retour entre la réserve et l’équipe première. C’était compliqué à gérer ?

Au contraire, j’étais surpris. Comme je vous ai dit, c’est allé vite pour moi. Je suis arrivé à 17 ans, et je commençais déjà à m’entraîner avec les pros, avec les Samir Nasri et consorts. À l’époque, c’était Albert Emon l’entraîneur. Je m’entraînais souvent avec les pros, et je jouais avec la réserve. Finalement, à 19 ans, j’ai fait mon premier match et signé mon contrat pro. J’ai connu pas mal d’entraîneurs à l’OM. Disons que ça a été un passage plus que bénéfique pour moi. Je n’ai connu que des grands entraîneurs. Éric Gerets, Albert Emon, Didier Deschamps …

On dit souvent que l’OM n’est pas vraiment un club formateur. Quel est ton ressenti par rapport à ça ?

Avant, quand j’y étais, il n’y avait vraiment pas beaucoup de jeunes qui jouaient avec l’équipe première. À l’époque, il n’y avait que Samir Nasri dont on pouvait dire qu’il était sorti du centre de formation. Flamini aussi, mais il était déjà à Arsenal. Moi je n’avais vu que Nasri qui était sorti du centre et qui était titulaire avec les pros. Ils ne donnaient pas beaucoup d’importance aux jeunes. C’était comme ça, c’était leur façon de faire. Moi j’ai eu quand même plus de chance par rapport aux autres Africains, et aux autres Sénégalais que j’ai trouvés là-bas. Je m’entraînais souvent avec les pros, j’ai eu la chance de débuter. Je voulais partir aussi à un moment donné, pour jouer. J’ai été prêté à Cannes, pendant 4 mois, où j’ai beaucoup joué avec Patrice Carteron. On a terminé quatrièmes en National. Je suis revenu à l’OM et j’ai fait la préparation, en voulant partir à Dijon pour le suivre parce qu’il me voulait. Durant ce stage, Didier Deschamps voulait me garder. Ce n’est pas une décision que j’ai regrettée, puisque j’ai été champion de France, j’ai fait quelques matchs, j’ai gagné la Coupe de la Ligue et le Trophée des Champions.

J’ai appris à leurs côtés, c’était incroyable pour moi de m’entraîner avec des joueurs comme ça, Ben Arfa et consorts.

Justement, ce titre, c’est ton meilleur souvenir ?

Je pense que c’est ma meilleure année depuis que je suis footballeur. De toute façon, je n’ai côtoyé que des grands joueurs cette année-là avec les Morientes, Heinze, Lucho, Mamadou Niang, Souleymane Diawara. J’ai appris à leurs côtés, c’était incroyable pour moi de m’entraîner avec des joueurs comme ça, Ben Arfa et consorts. J’ai réussi à faire quelques matches, j’ai été presque tout le temps sur le banc. Comme je l’ai dit, ce n’est pas une année que j’ai regrettée, loin de là. C’est ma meilleure de toute façon. C’est là que j’ai compris ce qu’était gagner un titre. C’est là que j’ai appris aussi à être un gagneur.

Quel est l’entraîneur qui t’a le plus appris à l’OM ?

Ils m’ont tous apporté quelque chose de différent. Mais le meilleur que j’ai connu, c’est Didier Deschamps. C’est lui qui m’a le plus aidé, qui m’a fait le plus confiance. Il m’a pris à ses côtés, il m’a beaucoup parlé, et ça je ne l’oublierais jamais. Il y a José Anigo aussi, qui m’a toujours conseillé et que j’ai eu au téléphone il n’y a pas longtemps. Il m’a vu venir de Dakar, il m’a pris sous son aile. Mais le meilleur, c’est Deschamps, parce qu’il était tout le temps là. Pour lui, ce n’est que la gagne qui compte.

Tu n’es pas surpris de le voir à la tête de l’équipe de France, j’imagine.

Je ne suis pas du tout surpris. De toute façon, son palmarès parle pour lui, que ce soit comme joueur ou entraîneur. Partout où il est passé, il a gagné des titres. Il n’a entraîné que des grands joueurs. Moi, je n’ai jamais connu un entraîneur comme ça. Sur tous les plans, que ce soit tactiquement, techniquement. Avec lui, j’ai beaucoup progressé.

J’ai été prêté à Ajaccio. Je suis arrivé là-bas, et dès la première semaine j’ai compris que ça n’allait pas marcher, pour des raisons qui n’ont rien à voir avec le football.

Tu as souvent été prêté lors de ton époque marseillaise. Tu voulais engranger de l’expérience ?

Les prêts, c’est moi qui les avais voulus. Disons que je suis quelqu’un qui aime jouer, je ne supporte pas trop être sur le banc et regarder les autres jouer. Malgré mon jeune âge à l’époque,  je voulais tout le temps jouer et j’ai demandé à être prêté. Quand je suis allé à Cannes, ça a été vraiment bénéfique, j’ai fait beaucoup de matches. Je suis revenu, et c’est ce qui m’a permis d’être dans le groupe pro avec Didier Deschamps. Il a vu que j’avais certaines qualités, et il m’a gardé. L’année d’après, pareil. Ça ne me suffisait pas de faire 10 matches, je voulais partir. J’ai été prêté à Ajaccio (il hésite). Je suis arrivé là-bas, et dès la première semaine j’ai compris que ça n’allait pas marcher, pour des raisons qui n’ont rien à voir avec le football, et que je ne veux même pas évoquer.

Finalement, avec la direction de Marseille, on a pris la décision de retourner à Cannes et d’y terminer la saison. J’ai fait ça, et ça c’est plutôt bien passé. Je suis revenu à Marseille, mais ce n’était plus pareil. J’avais perdu confiance, j’étais un peu déçu de ce qui s’était passé à Ajaccio. Mentalement, c’était trop dur. Après, j’ai encore demandé à être prêté, et je suis parti en Belgique, à Mons, en première division. Tout se passait bien dans les premières semaines, mais après j’ai eu une grave blessure, une pubalgie, que je faisais traîner. Finalement, j’ai été opéré, et je suis resté neuf mois sans jouer. Ça a été une saison perdue encore. Je suis retourné à Marseille, et j’ai voulu rester encore un an là-bas. Ça ne s’est pas très bien passé, puisque je n’ai pas pu jouer. En revenant de blessure comme ça, ce n’est pas évident. J’ai été prêté à Amiens, et c’était très bien avec Francis de Taddéo, on avait terminé cinquième. Et j’ai eu l’opportunité d’aller en Grèce après.

Je n’ai rien à regretter. Au contraire, je suis content et je porte toujours Marseille dans mon coeur. Ce sont l’équipe et la ville qui m’ont adopté depuis que je suis venu. Il n’y a rien à regretter.

Quel regard portes-tu sur ton passage à l’OM ? As-tu des regrets ?

Non, je ne suis pas du genre à regretter. Je crois en Dieu, et pour moi c’est le destin. Juste, ça me fait un peu mal, parce que je me disais qu’il y avait la place pour réussir à Marseille. Je me connais, et je sais de quoi je suis capable. J’ai eu une carrière tuée par les blessures. À chaque fois que j’étais dans mon élan, j’ai été coupé par ça, et c’est des choses contre lesquelles je ne peux rien faire. À Marseille, j’ai fait tout ce que j’ai pu. Je faisais partie des rares joueurs, avec André Ayew, à être issu du centre de formation et qui étaient souvent avec les pros, qui a eu quelques matches avec eux et qui est champion de France. Je n’ai rien à regretter. Au contraire, je suis content et je porte toujours Marseille dans mon coeur. Ce sont l’équipe et la ville qui m’ont adopté depuis que je suis venu. Il n’y a rien à regretter.

© FABRICE COFFRINI/AFP/GettyImages
© FABRICE COFFRINI/AFP/GettyImages

Tu as aussi pu disputer quelques matches en coupe d’Europe. C’est une fierté ?

Disons que j’ai tout connu à Marseille. La coupe d’Europe, même la Ligue des Champions où j’étais parfois sur le banc. Je me rappelle à San Siro où j’y étais. Au Santiago Bernabeu, pareil. J’ai beaucoup appris là-bas. C’était une expérience très riche pour moi qui venait du Sénégal. J’étais là, j’étais content d’apprendre à côté des pros, des grands joueurs. Aujourd’hui, ça me sert pour beaucoup de choses là où je suis.

Tu as gardé contact avec tes anciens coéquipiers ?

Ouais, je parle avec certains. Par exemple, Garry Bocaly, qui lui n’était pas seulement mon coéquipier, c’était même mon frère. Là, ça fait un moment que je ne l’ai pas eu. J’avais beaucoup d’affinités avec lui. Il n’y a pas très longtemps, j’ai eu Souleymane Diawara au téléphone, parce que je joue avec Anthony Le Tallec qui est ami avec lui.

Tu regardes encore les matches de l’OM ?

Tous les week-ends, je regarde les matchs de l’Olympique de Marseille. J’ai les chaînes comme Bein, Canal, donc je ne rate pas leurs matchs, surtout en ce moment où je ne joue pas. Pour moi, c’est une saison difficile, parce que c’est l’OM, et j’aurais bien aimé les voir derrière le PSG, qui est intouchable. Mais je pense que Marseille a de quoi rivaliser avec Monaco et Lyon, pour être deuxième. Il reste encore beaucoup de matches en championnat, et d’ici là, ils vont se ressaisir. Je connais toujours des joueurs avec qui j’ai joué là-bas, comme Steve (Mandanda). Il ne reste que lui avec qui j’ai évolué, je crois. Après, je suis toujours en contact avec la direction médicale, par rapport à ma blessure. Jérôme Palestri, Jean-Georges Cellier, tout ça. J’aime beaucoup le docteur Baudot qui est là-bas aussi. Marseille, c’est dans mon coeur, je le porte tout le temps et je le porterai toujours.

Tu as évoqué José Anigo. Quelle est ton opinion sur lui ?

Anigo connaît largement le football. Il sait où se trouvent les bons joueurs. Il sait qui sont les joueurs qui ont de l’avenir. Il aime beaucoup le Sénégal, les Sénégalais. Le Sénégal aussi l’aime bien. Moi j’ai un truc spécial avec lui. Je sais d’où il m’a pris, où il m’a amené, lui comme Christian Larièpe. Je sais tout ce qu’ils ont fait pour moi, et ce sont des choses que je n’oublierais jamais. Je ne cesserais jamais de les remercier. Anigo, c’est quelqu’un que j’apprécie beaucoup. Quand il y a quelque chose, il te le dit en face. À Marseille, j’ai compris plus tard tout ce qu’il me disait. D’ailleurs, je lui ai dit ça quand je l’ai eu au téléphone. Je lui ai fait comprendre qu’il a beaucoup fait pour moi.

Je devais aller au PAOK, mais finalement j’ai atterri ici à l’Atromitos en début d’année. C’était intéressant, parce qu’on jouait les tours préliminaires de l’Europa League.

Comment s’est faite ton arrivée en Grèce, à Panthrakikos ?

Après mon prêt à Amiens, il me restait un an de contrat à Marseille, mais je ne voulais pas retourner là-bas, parce qu’il était temps pour moi de me montrer. J’avais des opportunités pour jouer en Ligue 2, ou pour venir en Grèce où j’avais deux-trois clubs qui me voulaient. Avec mon agent, Étienne Mendy, on a décidé ensemble de venir ici. Je savais que, par contre, ça allait être dur au niveau des salaires, du retard des paiements et tout mais je me suis dit qu’il fallait se serrer la ceinture et se montrer.

J’ai signé un contrat de deux ans à Panthrakikos, dans la ville de Komotoni. Sur les deux ans, j’ai fait presque 70 matches, ça a été une bonne chose pour moi. Je devais aller au PAOK, mais finalement j’ai atterri ici à l’Atromitos en début d’année. C’était intéressant, parce qu’on jouait les tours préliminaires de l’Europa League. J’avais aussi le choix de retourner en France, où pas mal de clubs me voulaient en Ligue 2. Mais j’ai préféré rester ici pour jouer l’Europe, et rester en première division.

Tu as ressenti un écart avec l’OM ?

C’est sûr que ça n’a rien à voir. Panthrakikos, disons que c’est au fond de la Grèce, il n’y a pas beaucoup de choses. C’est le nord du pays, il pleut tout le temps et c’est un peu dur. Mais je savais ce que j’allais trouver ici. Je me suis dit : « Il faut que je me serre la ceinture, et que je me donne à fond « . C’est à moi de me montrer, parce que soit je continue à être déçu et à aller au fond du trou, sois je me dis « OK, il faut se battre et se relever pour montrer à tout le monde que tu es capable de faire quelque chose ». À Panthrakikos, ça a été un peu dur au début pour le temps d’adaptation et pour l’écart qu’il y avait avec la France. Au final, ça s’est bien passé, très bien passé même.

© Ander Gillenea/Getty Images
© Ander Gillenea/Getty Images

Comment juges-tu ce championnat ? Il correspond à ton style de jeu ?

J’ai eu la possibilité de pouvoir jouer tous les week-ends. En plus, c’est la première division grecque où tu joues contre de grandes équipes comme le Panathinaïkos, l’Olympiakos, le PAOK, tout ça. Si tu veux comparer les niveaux, c’est vrai que la Ligue 1 est plus élevée. Mais quand tu joues les gros clubs grecs, c’est la Ligue 1 aussi. Moi, je me voulais me mesurer à ces équipes-là, je voulais savoir où j’en étais par rapport à mon niveau. Au final, j’ai eu des sollicitations du PAOK, qui a eu des rendez-vous avec mon agent. Le Pana, j’ai appris auprès de mon agent qu’ils étaient sur moi aussi. Moi, ce qui m’intéressait, c’était de continuer à jouer, à me montrer. Comme j’étais libre après la saison passée, j’ai appris que l’Atromitos me voulait également, qu’ils jouaient l’Europe, donc je me suis dit qu’il n’y avait pas de temps à perdre. Je ne regrette pas. Pour l’instant ça va, à part ma blessure.

L’Atromitos, c’est un club ambitieux ? C’est ça qui t’a séduit dans ce projet ?

Franchement, c’est un club très ambitieux. Moi, j’ai été surpris. J’entendais que c’était un club qui était régulier au niveau des paiements, mais je ne savais pas que c’était à ce point. On a été éliminés par Fenerbahçe en Europa League. Je suis venu, et j’ai eu un peu de douleurs à mon genou lors de la préparation. J’avais un peu mal, mais ça n’a rien à voir avec les croisés et c’est sur le premier match de championnat que je me suis fait ça.

Je traverse des moments très difficiles. […] Je suis tout seul ici.

Comment on gère une telle blessure ?

C’est trop dur. Je traverse des moments très difficiles. Déjà, je ne vis pas avec ma famille ici, parce que ma femme et mon fils sont en France, il est scolarisé là-bas. Je suis tout seul ici. C’est un peu dur. Je me suis blessé, et deux jours après j’ai perdu mon père. Ce sont des moments vraiment sombres dans ma vie. Heureusement, j’ai le soutien de mon frère, de toute ma famille. Je le vis plutôt bien, je me dis que c’est le destin et que je devais passer par là. C’est à moi de serrer les dents, de me battre. De toute façon, je me suis toujours battu, et je me dis que ce n’est pas le moment de lâcher. Ma famille est là. Ils me parlent tout le temps, ils m’aident. Pour l’instant, je vois le bout du tunnel, et je suis sûr et certain que le meilleur est à venir.

L’équipe vit une saison plutôt difficile cette année …

C’est un peu dur, parce que c’est une équipe où il y a beaucoup de recrues, donc il nous fallait du temps. On avait bien démarré, tout se passait super bien au début. Finalement, on a eu un creux où on perdait beaucoup de matchs et où on encaissait beaucoup de buts. C’est une saison difficile, c’est la vérité, malgré qu’il y ait des joueurs de qualité. Moi, c’est une saison plus dure encore de mon côté. J’allais rarement au club, vu que j’allais au centre de rééducation pour me soigner, essayer de rester un peu aux côtés de ma famille. Je vivais des moments difficiles, parce que j’avais perdu la personne la plus importante de ma vie, mon père, qui est tout pour moi. J’ai essayé d’être plus proche d’eux, et d’oublier un peu le football.

Au niveau de ta blessure, tu en es où ?

J’ai repris l’entraînement collectif avec le groupe, mais il ne reste pas beaucoup de matches. Six ou sept, je pense, plus la coupe. J’espère qu’on pourra se qualifier pour les playoffs, mais pour l’instant c’est un peu difficile. Moi, je prends le temps. C’est une saison où, de toute façon, je ne peux plus rien montrer parce que tout est presque fini. Il me reste encore un an de contrat, même si le club me propose encore de prolonger, je suis en train d’étudier ça avec mon agent. Moi, je n’ai qu’une seule chose dans la tête :  être prêt pour la saison prochaine. Je suis sur le bon chemin.

Aujourd’hui, je suis un peu revanchard. Tout ce que j’ai vécu m’a appris beaucoup de choses dans la vie. Je sais quoi faire à mon retour, et je suis impatient. J’ai faim, je travaille pour.

Ton avenir, tu le vois en Grèce ou ailleurs ?

Je vis au jour le jour. Il me reste déjà un an de contrat avec Atromitos, où ça se passe bien pour moi. Dans le football, on ne sait jamais. La balle est dans mon camp aujourd’hui, je vais déjà essayer de bien me remettre de ma blessure et tout exploser la saison prochaine, on verra après les opportunités qui se présenteront. Il ne faut pas brûler les étapes, il ne faut pas aller plus vite que la musique comme on dit. C’est à moi de montrer ce dont je suis capable, déjà, et de continuer sur ce que je faisais avant de me blesser. En faisant ça, je sais que tout se passera bien pour moi. Aujourd’hui, je suis un peu revanchard. Tout ce que j’ai vécu m’a appris beaucoup de choses dans la vie. Je sais quoi faire à mon retour, et je suis impatient. J’ai faim, je travaille pour.

Tu évolues, comme tu l’as dit, avec Anthony Le Tallec. Comment se passe sa saison ?

Il a mis un peu du temps à s’adapter, parce qu’au moment où il arrivé, l’équipe ne tournait pas. Lui, il est arrivé un peu comme la star, du coup les gens mettent tout sur lui. C’est toute l’équipe, même moi j’y suis. Nous tous. Vous savez, la Grèce ce n’est pas un championnat facile. Les gens, quand ils en entendent parler, ils pensent que c’est facile. Ce n’est pas le cas. C’est un championnat très physique, où ça joue au ballon. Là, il se remet petit à petit. Il y a des matches qu’on a gagnés grâce à lui. Il se bat beaucoup, en ce moment il est en forme. Après, comme je dis, c’est toute l’équipe qui n’a pas bien joué. Le meilleur est à venir.

Le fait que l’Olympiakos soit champion dès février, c’est une bonne ou une mauvaise chose ?

J’ai toujours dit que c’était un mauvais signe, même si ce ne sont pas les mêmes effectifs. L’Olympiakos a un groupe où il n’y a que des grands joueurs, internationaux. Il n’y a pas photo, surtout cette année. Des équipes avaient les moyens de se battre contre eux, comme le PAOK, l’AEK ou le Panathinaïkos. Ils sont champions, c’est comme ça. Nous aussi, on avait notre mot à dire, malheureusement on a raté notre saison. C’est à nous de nous relever, et de nous préparer pour l’année prochaine pour rendre les choses plus difficiles que cette année. On va essayer d’avoir notre mot à dire.

La sélection sénégalaise, tu y penses encore ?

C’est trop loin pour moi en ce moment. Déjà, avec ma blessure… Disons que lorsque j’ai enchaîné les deux saisons où j’ai joué beaucoup de matches, je me suis dit que ce n’était pas trop loin, et que c’était à moi de montrer des choses pour pouvoir y aller. Malheureusement, comme d’habitude, j’ai été freiné par cette blessure qui est arrivée au mauvais moment. En ce moment, ce n’est pas du tout un objectif. Je ne l’ai pas du tout dans un coin de ma tête. Je pense juste à ma blessure, et à me remettre. En sélection, il y a déjà beaucoup de très bons joueurs, et même de futurs très grands joueurs à qui je souhaite le meilleur. À l’heure actuelle, c’est un peu loin pour moi. Après, je suis conscient que ceux qui jouent en sélection ne sont pas du tout meilleurs que moi, mais c’est à moi de le prouver sur le terrain. J’espère juste me remettre en forme pour pouvoir montrer tout ça.

Le regard que je porte sur ma carrière ? Je ne vais pas dire que je suis déçu, mais ce n’est pas ce que j’espérais, ça c’est sûr.

Tu as 27 ans désormais. Quel regard portes-tu, avec du recul, sur ta carrière ?

(Il hésite). Le regard que je porte sur ma carrière ? Je ne vais pas dire que je suis déçu, mais ce n’est pas ce que j’espérais, ça c’est sûr. Aujourd’hui, c’est à moi de me battre. Toute ma famille est derrière moi, à moi de montrer que ce n’est pas trop tard. Le football, ça va vite dans les deux sens. Déjà, rien que les deux bonnes saisons que j’ai faites ici m’ont montré beaucoup de choses. Je dois continuer comme ça et montrer ce dont je suis capable. Ça ira, c’est sûr.

Propos recueillis par Martial Debeaux


Image à la une : © Anders Henrikson / Flickr

2 Comments

  1. Pingback: #12 Les trophées Footballski - Footballski - Le football de l'est

  2. akim 7 octobre 2016 at 0 h 35 min

    Superbe interview pleine de sincérité, de la part d’un joueur que les olympiens fidèles n’ont pas oublié. Bon courage à toi et nous te souhaitons beaucoup de succès !

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