Nous avons décidé sur Footballski de vous parler un peu plus du Monténégro, et ce avec l’aide d’Ivica Madzarovic, spécialiste et passionné de football monténégrin qui tient le site CG futbol en langue monténégrine. Il a décidé de commencer cette présentation du football de son pays par le club qui était le premier champion ayant suivi l’indépendance du Monténégro.

De la gloire à la chute

Le FK Zeta fut le premier champion du Monténégro, mais cette destinée était loin d’être écrite à l’avance. En effet, le club avait passé le plus clair de son existence dans les profondeurs des championnats régionaux. Il a été fondé en 1927 sous un autre nom « Danica » avant de devenir le « Napredak » et de prendre son nom actuel seulement en 1955. Ce nom de « Zeta » est le nom qui était donné au Monténégro pendant plusieurs siècles. Du douzième au quinzième pour être précis, et encore aujourd’hui cela désigne un des points administratifs de la capitale Podgorica. Le club lui-même est situé non loin de cette même capitale, sur les bords du lac Skadar dans la petite ville de Golubovci.

Face aux rivaux locaux du FK Decic en 1971
Face aux rivaux locaux du FK Decic en 1971

Comme nous l’évoquions, le Zeta a participé pendant la plus grande partie du vingtième siècle aux compétitions régionales monténégrines (voire même, celles de la région de Podgorica) du temps de la Yougoslavie. C’est à partir des années 1990 que le club a commencé à grandir, rejoignant la deuxième division en 1996. Il ne leur faudra que quatre saisons pour rejoindre l’élite yougoslave. C’est au cours de la saison 2004-2005 que la surprise sera la plus grande lorsque le club de Golubovci se permet de terminer en troisième position juste derrière les ogres belgradois: Zvezda et Partizan. C’était la première fois qu’un club monténégrin parvenait à réaliser une telle chose, une telle performance. Ce qui leur permettra de participer à la Coupe d’Europe mais sans grand succès.

On notera également que durant ces dernières années yougoslaves, le club vendra Milos Maric à l’Olympiakos (en 2004 exactement), ce qui représente le plus gros transfert d’un club monténégrin. Fort de ces succès, le Zeta va devenir tout naturellement le premier champion du nouveau Monténégro indépendant, ce qui va leur ouvrir les portes (pour la dernière fois d’ailleurs) de la Ligue des Champions où ils vont éliminer le champion lituanien, le FBK Kaunas, avant de tomber après deux matchs mémorables et disputés contre les Rangers, champions d’Écosse.

Igumanovic face à Ferguson des Rangers en C1
Igumanovic face à Ferguson des Rangers en C1

Mais les années roses ne vont pas durer pour le Zeta qui va terminer deuxième l’année suivante avant de sombrer vers le milieu du classement après que certains de leurs joueurs s’en furent allés. Cette génération entraînée par Dejan Vukicevic est d’ailleurs considérée comme la meilleure de l’histoire du championnat monténégrin, avec notamment Maric (Olympiakos, Gent, Bochum…) mais aussi les frères Vladimir (Cracovia, AEK Larnaca) et Aleksandar Boljevic (PSV). Après cela, le Zeta, malgré ses résultats beaucoup moins convaincants, est resté un club formateur où viennent notamment souvent se servir les voisins, surtout Belgradois.

 Radojica Božović vs. Dejan Savićević

Comme on l’évoquait, le Zeta est aujourd’hui anonyme dans son championnat, restant sur une huitième puis une neuvième place (sur douze); il se rapproche même dangereusement des places de relégables au fil des années. C’est une chose assez troublante pour un club qui était pionnier dans la réussite monténégrine et que tout le monde imaginait dominant sur la scène nationale et vitrine du pays en Europe.

Pour y trouver les causes, il faut se pencher sur la relation houleuse entre son propriétaire Radojica Božović et la légende du Milan AC, Dejan Savićević, devenu président de la fédération monténégrine. Le propriétaire de Zeta a plusieurs fois accusé Savićević de vouloir ouvertement aider le Buducnost Podgorica, son ancien club, à devenir le grand club incontournable du pays. Des accusassions pour entretenir aussi la rivalité, le Buducnost étant l’ennemi juré du Zeta… Bien entendu, Savićević a toujours nié être impliqué d’une manière ou d’une autre dans une quelconque ingérence dans les résultats sportifs mais Božović avait déjà commencé à se désintéresser du club.

Radojica Bozovic, le sulfureux propriétaire du Zeta
Radojica Bozovic, le sulfureux propriétaire du Zeta

En effet, Božović a d’autres business à gérer, sans doute plus fructueux, comme celui d’agent de joueurs – il représentait d’ailleurs souvent lui-même les joueurs qu’il vendait aux grands clubs belgradois. Il s’agit là d’un homme sur lequel il pourrait être intéressant de se pencher dans un futur article, ce dernier fut notamment cité par le TPI pour son implication lors de la guerre de Bosnie (bérets rouges).

Revenons-en au football, et au Zeta. Le club a donc vendu pendant toute cette période un grand nombre de joueurs prometteurs, mais personne ne sait pour combien ces derniers ont été vendus ni où est passé l’argent de ces ventes. Le désintérêt du propriétaire, ainsi que la non-traçabilité des revenus des ventes, sont donc les deux raisons principales pour lesquelles le Zeta est redevenu un club anonyme du ventre mous monténégrin. Mais le problème de la non-évaluation ainsi que de la non-traçabilité des sommes perçues n’est pas seulement un problème inhérent au FK Zeta mais plus généralement au football monténégrin, ce qui a tendance à éloigner les gens et même les fans du football.

L'antre du Zeta.
L’antre du Zeta.

Mais en attendant des jours meilleurs et le retour des Coupes d’Europe, les « Vukovi » (loups), principal groupe de supporter du Zeta continue de venir encourager les siens dans le vieux stade Tresnjica.

Ivica Madzarovic (avec la participation d’Adrien Laëthier).

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