Temps de lecture 5 minutesEuro 2016 : XI de légende – Dragan Dzajic, la légende de Zvezda

Si cet Euro 2016 ne verra aucune équipe Footballski aller au bout, il va sans dire que le football de l’Est et ses joueurs ont souvent marqué les éditions précédentes de cette grande compétition. De quoi vous proposer notre XI de légende à travers une série de onze portraits. Onze joueurs qui ont su marquer l’histoire de la compétition.


De Dragan Džajić, le brillant ailier gauche international, on a déjà dit beaucoup de choses. Figure emblématique de Crvena Zvezda, ce portrait est l’occasion de revenir sur des passages spéciaux de la vie de « Dragan Magic » comme surnommé par la presse anglo-saxonne.

XI de légende : Attaquant– Dragan Džajić

Pour résumer en quelques lignes la carrière de Dragan, celui-ci est lé 30 mai 1946 à Ub, aujourd’hui en Serbie. Sa carrière internationale, c’est 85 sélections et 23 buts. Surnommé « Capitaine Dragan » pour avoir été nommé capitaine de la sélection yougoslave à l’age de 21 ans, celui-ci détient le record du nombre de sélections en équipe yougoslave. Dzaja a joué 290 matchs avec l’Etoile Rouge de Belgrade et a fait trembler les filets à 110 reprises. Notre légende a également joué en France au Sporting Club de Bastia pendant deux ans de 1975 à 1977. Sur l’Ile de Beauté, notre ailier s’est fait remarquer avec 31 buts en 66 matchs de championnat. Sur son aile gauche, le joueur savait tout faire, dribbler, délivrer un centre brossé millimétré, les coups francs et même les corners directs. Côté palmarès, on retrouve cinq championnats nationaux (1964, 1968, 1969, 1970 et 1973) et quatre coupes de Yougoslavie (1964, 1968, 1970 et 1971) ainsi que de nombreuses finales comme l’Euro 1968 où la Yougoslavie perd en finale face à l’Italie. Pelé dira de lui qu’il est « le miracle des Balkans« …

La Mission Džajić

L’histoire est contée par Vasilijie Nikolić lors d’une interview donnée à Politika en 2011. Džajić est repéré sur les conseils de Miljan Miljanić (alors entraîneur des jeunes de Zvezda) à Valjeno lors d’un match organisé où deux joueurs tapent dans l’œil des recruteurs. Passeur décisif, Dragan Džajić y tape aussi les montants. Peu après, alors que Vasilijie Nikolić devait jouer au poker avec ses amis dont deux étaient vice-présidents du Partizan, la partie est annulée à 23h. Les deux compères du Partizan doivent partir le lendemain matin à Ub, à une soixantaine de kilomètres de Belgrade, chercher un jeune joueur répondant au nom de Džajić, jeune joueur du FK Jedinstvo. Ni une ni deux, Nikolić appelle Slobodan Ćosić une fois rentré chez lui pour lui raconter le plan du Partizan. Une demi-heure plus tard, le vice-président le rappelle pour lui annoncer qu’une délégation de Zvezda passerait le prendre au petit matin, direction Ub. C’est le début de la Mission Džajić. Le lendemain, aux aurores, la petite équipe prend la route d’Ub. Ils y arrivent si tôt qu’ils trouvent le jeune Dragan encore dans son sommeil, et le font signer avant 11h du matin. Vers midi, la voiture des représentants du Partizan arrive.

Tout gêné, le père de Dragan leur explique autour d’un Rakija que son fils est parti quelques minutes plus tôt et a signé pour « l’autre » club de Belgrade. Histoire de ne pas repartir les mains vides, les Noir et Blanc ramènent dans leurs bagages l’autre joueur qui avait illuminé le match de repérage. La suite on la connait, seul un des deux s’est illustré et a marqué l’Histoire. L’Etoile Rouge tient sa revanche sur le Partizan et la signature de Milos Milotinović.

© STAFF/AFP/Getty Images
© STAFF/AFP/Getty Images

Une carrière dédiée à l’Etoile Rouge de Belgrade

Dragan arrive ainsi très jeune dans le grand club de Belgrade. Titulaire à 17 ans, il y connaît une progression fulgurante, au point d’en devenir le capitaine à 20 ans. Il y évolue quasiment toute sa carrière, excepté deux années passées à l’étranger, en France, un pays avec lequel il explique avoir des liens privilégiés.. Avec toujours la même réussite, que ce soit sur son aile gauche comme en attaquant. A son retour au pays, celui qui a d’abord passé ses diplômes en économie et gestion devient directeur de l’Etoile Rouge de 1979 à 1988 puis président entre 1998 et 2004 et encore une fois entre 2012 et 2014 avant d’en devenir président honorifique en 2014. Il a ainsi passé 48 ans au club en 2011, et remporté 39 trophées. Une sacrée longévité.

Après sa carrière exceptionnelle, notre ailier gauche est nommé Etoile parmi les Etoiles de l’EtoileЗвездина звезда en serbe. Un titre décerné aux joueurs ayant eu un impact majeur sur l’histoire du club et ayant rendu le nom du club célèbre dans le monde entier. Dragan Džajić est ainsi la troisième étoile du club. Une présence exceptionnelle dans le cercle très restreint des cinq Etoiles (plus l’effectif de 1991). Les quatre autres Zvezdine Zvezde sont Rajko Mitić, Dragoslav Sekularac, Vladimir Petrović (dit Pizon) et Dragan Stojković (dit Piksi).

Ses buts préférés

En club, son but préféré est marqué en finale de la Coupe du Maréchal Tito contre le NK Olimpija en 1970, score final 1-0. Le club serbe avait fait 2-2 au match aller et 0-0 dans le temps réglementaire au match retour. Alors que le temps s’écoule dangereusement lors des prolongations que l’on s’approche doucement mais sûrement de la séance de tirs au but, Captain Dragan réussit l’exploit de délivrer son équipe à la 118ème minute sur une tête rageuse. Que d’émotions !

https://www.youtube.com/watch?v=qrpQZeWq1fE

En équipe nationale, son meilleur souvenir date de 1968 et ce fameux Euro où la Yougoslavie se hisse jusqu’à une finale malheureusement perdue face à l’Italie. Pour en arriver là, les Yougoslaves battent l’Angleterre en demi-finale sur un lob millimétré parfaitement exécuté par Dragan Džajić. Un cas d’école à montrer aux plus jeunes. Cet unique but du match est intervenu à la 87ème minute, permettant à tous les supporters de se libérer !

https://www.youtube.com/watch?v=gZBmp46ApDo

L’après-football, entre prison et politique

En 2008, Džajić connaît ses premiers problèmes avec la justice. Accusé d’avoir détourné 7,2 millions d’euros sur les transferts de Zoran Njegus (Atletico Madrid en 1998), Perica Ognjenovic (Real Madrid en 1999), Ivan Dudic (Benfica en 2000), Goran Drulic (Saragosse en 2001) ou encore Nemanja Vidić (Spartak Moscou en 2004) il est arrêté et envoyé en prison pour six mois. Deux autres ex-membres dirigeants de Crvena Zvezda sont arrêtés avec lui, dont Zvezdan Terzic, l’actuel directeur sportif des Rouge et Blancs. A son procès qui débute le 31 janvier 2011, il plaide non-coupable. Le 16 novembre 2012, le nouveau président, Tomislav Nikolić (SNS), élu depuis quelques mois, signe une dispense de la responsabilité pénale de toutes les charges. Cet acte du président signe la fin des charges et procédures contre Džajić, qui a toujours caché à sa mère son passage en prison. Cette dernière décède six mois après sa libération.

© ANDREJ ISAKOVIC/AFP/Getty Images
© ANDREJ ISAKOVIC/AFP/Getty Images

L’homme se lance alors en politique. Džajić n’a jamais fait mystère de ses idées politiques et de la proximité qu’il peut avoir avec certains. Ainsi, il connait depuis plus de vingt ans l’actuel Premier Ministre, Alexandar Vučić (SNS). Ce dernier, connu pour être un fervent supporter de l’Etoile Rouge mais également ex-Delije (nom des ultras de l’Etoile Rouge), appelait régulièrement Dragan Džajić afin de s’entretenir avec lui à propos des matchs, le féliciter après un bon match ou savoir pourquoi tel ou tel résultat avait été mauvais. Bien qu’il souhaite dissocier le football du sport, Dragan Džajić a appelé à soutenir de ses vœux Alexandar Vučić. On l’a même vu au congrès du SNS après que ce dernier ait pris sa carte en mars dernier.

Dans la foulée, en juin, il devient vice-président du parti. Une ascension record, à l’image de sa carrière sportive. Toujours en 2016, il prend fait et cause pour Vučić lors de la campagne des élections d’avril. Džajić refuse néanmoins toute ambition politique, s’estimant trop âgé pour embrasser une carrière politique. L’occasion d’affirmer haut et fort qu’il est un homme du football et le restera toujours. Comme il restera la légende de Zvezda. L’Etoile de l’Etoile.

Lazar Van Parijs


Image à la une : © ANDREJ ISAKOVIC/AFP/Getty Images

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